jeudi 28 mars 2024

Lancement pour Élliot Maginot




Texte original
Photos: Esther Hardy et l'artiste


AVERTISSEMENT : Si vous cherchez la neutralité, passez ce message, on est déjà conquis!!! 


L’artiste coup de cœur, Elliot Maginot, nous a présenté son nouvel album «I Need To Stay Here » dans le mythique lieu du Latulipe, mardi le 27 mars dernier. 

Dans l’assistance...un public de tous âges avec une tendance pour la trentaine, même une forte représentation de la quarantaine et encore plus de la cinquantaine avancée avec de nombreuses têtes blanches! Une foule très différente des jeunes artistes de la vingtaine!!  Bon!  C'est certain qu'on n'est pas dans un show de hip-hop ou de hard rock!! Quoique Led Zeplin et ses octogénaires pourraient argumenter aisément.

Après avoir déniché de bons sièges, à l’écart de cette cohue attentive et intéressée, nous nous assoyons avec fébrilité dans l’attente de ce lancement tant attendu.  La scène est décorée de multiples feuilles de toutes les couleurs, les trépieds revêtus de couleurs automnales feuillues.  Doit-on s'attendre à des hymnes inspirés de la forêt, un genre de sylve enchantée ?!!  Cette nature qui nous manque tant en cette fin d'hiver bipolaire!!!

 


Les musiciens entrent sous l’enthousiasme de la foule et un tonnerre d’applaudissements déferle dès l’apparition de l’artiste tant attendu!  Quelques chants d’oiseaux ouvrent la soirée et avec sa voix douce et sensuelle, Élliot entonne les premières notes en s’accompagnant à la guitare! Déjà, nous sommes transportés au cœur de son univers empreint de cette douce mélancolie introspective et de beauté! Nous vibrons déjà jusqu’aux frissons...de plaisir! 




Sa voix unique résonne avec des vibrations d’écho que l’on reconnaît!  Sa signature!  Et il nous fait découvrir toutes les pièces de son nouvel album.  Généreux, il nous confie que la soirée de ce lancement lui provoque beaucoup de stress!  Remerciant l’assistance, il souligne que sa famille et ses amis sont venus bien plus par obligations! La réaction d'enthousiasme généralisé nous fait fortement douter de ce clin d‘œil trop humble de sa part!




Éclairage tamisé rouge et blanc comme le feu puissant qui crépite et l’inspire! Élliot souligne que pour cet album il a favorisé le mélange harmonieux de tous les instruments. Et nous sommes choyés par cet accompagnement de ces six musiciens : une violoncelliste, un bassiste, un trompettiste, un claviériste, un drummer, un violoniste et une choriste.  


Ce groupe de musiciens porte sa voix à merveille.  La richesse de leur talent nous surprend puisqu’ils sont  tous multidisciplinaires.  Son bassiste passe de la basse électrique au ukulélé, son trompettiste alterne avec la clarinette et la flûte traversière, puis l’harmonica...  


On vous mentirait si on ne soulignait pas à quel point c’est juste magnifique!!!  
 




Élliot a chanté tous les titres de son nouvel album «I need to stay here» et nous avons eu droit à deux pièces supplémentaires en rappel dont un accompagné uniquement de cinq voix de ses musiciens, choriste et de sa guitare!!



 

Et il continue sa tournée...

 

6 avril 2024 à Otterburn Park

11 avril 2024  à  Salaberry-de-Valleyfield

13 avril 2024 à  Châteauguay

19 avril 2024  à  St-Jean-sur-Richelieu

10 mai 2024  à   St-Jérôme

17 mai 2024 à Jonquière

24 mai 2024 à  Sainte-Agathe

8 juil. 2024 à Québec

26 juil. 2024 à Petite-Vallée

 

 Consultez son site internet pour connaître les autres dates...



jeudi 18 janvier 2024

Pourquoi...Le ciel est-il une belle ordure...?


Textes original d'Esther Hardy
Crédit photos: Marie-Andrée Lemire

Le Théâtre de l’Opsis, en codiffusion avec le Théâtre de Quat’Sous, nous présente Le ciel est une belle ordure de Pierre-Yves Lemieux, d’après les romans de Catherine Mavrikakis, dans une mise en scène de Luce Pelletier avec les comédiennes: Sophie Faucher, Isabelle Vincent, Catherine Proulx-Lemay, Lou Vincent Desrosiers et Sylvie De Morais Nogueira jusqu'au 10 février!



Lou Vincent Desrosiers,  Isabelle Vincent, et Sophie Faucher


L'histoire raconte les drames que 4 femmes relatent, nous partageant les expériences clefs de leur vie et ce, en regard de leur éducation, leur héritage et surtout l'influence de leur mère. D’abord en colère, elles s’ouvrent tranquillement....et on reçoit...



Isabelle Vincent, Lou Vincent Desrosiers et Sophie Faucher

Inspiré des romans de Catherine Mavrikakis, Pierre Yves Lemieux a peaufiné un texte coup de poing bouleversant! Suivant la lecture de cette autrice primée, il dit lui-même : «Nos univers se rejoignent. Ma pièce est donc une vision, une fantaisie, un mariage fou, de nos univers!»



Catherine Mavrikakis
(crédit: Julia Marois)
 

Après la première, Catherine Mavrikakis nous confiait que de voir sa vie jouer sur scène l'a beaucoup chamboulée, bouleversée même, car ses romans sont inspirés de faits qu'elle a elle-même vécus!



Pierre Yves Lemieux
(crédit: Mario St-Jean)


Naturellement la plume de Pierre Yves nous touche! Humoristique et incisive à la fois où se côtoient autant le drame que la dérision avec ses pointes d'humour hilarantes qui nous surprennent au détour et ne nous laissent jamais dériver dans la mélancolie. Chaque réplique de ces cinq interprètes nous fait découvrir un nouvel univers où l’humeur change à la vitesse de l’éclair! Son talent empreint de cet esprit mi-coquin, mi- rusé, sait fignoler un texte avec poésie pour nous rejoindre dans les recoins de nos souvenirs d’enfance avec humanité et nous bouleverser avec aplomb.

 
Sylvie De Morais Nogueira  et Catherine Proulx-Lemay


Et les interprètes lui font honneur!

Je n'avais jamais entendu une comédienne arriver à moduler et contrôler son jeu, au point d’être capable de briser la voix sous l'émotion, au milieu d'un mot! Tout en harmonie et avec un naturel! Et ce, plus d'une fois! Bravo Catherine Proulx-Lemay! Dans la petite fille devenue femme ou la femme vulnérable qui a de l’aplomb, on discerne sa fragilité et on se reconnaît. C'était très émouvant, tellement bien joué et incarné!! De la haute voltige!



Sophie Faucher

La dérision de Sophie Faucher qui interprète la Mère au milieu de ces femmes blessées nous a surpris par sa justesse et son assurance! Elle assume totalement cette femme colorée qui a des opinions étonnantes bien à elle et nous fait rire plus d'une fois. Vous savez ces femmes différentes, tellement convaincues que leur vision est pleine de bon sens, et qui finalement sont les seules à le croire! Magnifique personnage habilement interprété!



Isabelle Vincent


Le dynamisme et l’enthousiasme d’Isabelle Vincent dans la femme de tête, l’autrice qui a des convictions, nous réconfortent comme toujours, même lorsqu’elle est en colère avec Isabelle le charme opère.



Lou Vincent Desrosiers et Sophie Faucher


Et Lou Vincent Desrosiers! Déjà, charmant de voir la fille et la mère se côtoyer sur scène de si près en jouant côte à côte! La pomme n’est pas tombée loin de l’arbre! Elle incarne la révolte adolescente qui vit un drame personnel et en fait une lecture qui bouleverse jusqu’à la révélation finale. Bien assumé!



Luce Pelletier 



La mise en scène de Luce Pelletier ne nous laisse aucun répit, le rythme est excellent et brise parfois l’émotion du monologue précédent. Elle sait diriger ces comédiennes pour créer un tableau puissant où s’exprime les couleurs de ses personnages.


Isabelle Vincent, Lou Vincent Desrosiers,  Sophie Faucher,  Catherine Proulx-Lemay 
et Sylvie De Morais Nogueira


La scénographie épurée laisse la place au puissant jeu des comédiennes. Une colline jonchée d’une bibliothèque sur un terrain gazonné leur donne un terrain de jeu où tout peut regermer et fleurir.



Sophie Faucher, Sylvie De Morais Nogueira et Catherine Proulx-Lemay


«Que le beau temps refleurisse!»

Et c’est bien la conclusion étonnante à laquelle nous avons assisté.


Isabelle Vincent, Lou Vincent Desrosiers, Sophie Faucher, Sylvie De Morais Nogueira
et
  Catherine Proulx-Lemay 


«Toutes nos peines nous mèneront vers la joie! »


À voir au Quat’Sous jusqu'au 10 février!

D'après les romans de Catherine Mavrikakis
Création pour la scène: Pierre Yves Lemieux
Mise en scène: Luce Pelletier
Avec: Sylvie De Morais-Nogueira, Sophie Faucher, Catherine Proulx-Lemay, Isabelle Vincent et Lou Vincent Desrosiers
 
Assistance à la mise en scène: Claire L’Heureux
Décor: Olivier Landreville
Costumes: Caroline Poirier
Éclairages: Chantal Labonté
Son: Laure Anderson
Assistance à la conception de costumes: Danaëlle Lareau
Assistance à la conception d’éclairages: Camille Pilon-Laurin
Maquillages: Natacha Filiatrault
 
Direction technique et de production: Maryline Gagnon
Régie: Martine Richard 
Chefs éclairages: Emmanuel Bossé et Tristan-Olivier Breiding
Chef·fe·s son: Renaud Dionne et Chlo Rivest 
Construction: décor 
Productions: Yves Nicol 
Équipe technique du Quat’Sous: Samuel Beauregard, Victor Cuellar, Benoit Isabelle, Maren Lisac, Juan Mateo Barrera 
Crabes: Laurence-Anaïs Belleville et Liliane Anger

jeudi 15 juin 2023

La soif des corbeaux noirs!


Crédits photos Thierry Du Bois
Texte inédit d'Esther Hardy


Mercredi dernier, la scène de la Salle Ludger-Duvernay du Monument National a été témoin d'un rare spectacle musical original québécois: La Corriveau - la soif des corbeaux!! Imaginé, conçu, écrit et composé dans les fibres mêmes de notre patrimoine québécois, ce drame musical prend naissance dans l'imaginaire des grandes légendes de chasse aux sorcières!!!



Audrey Thériault en assume la composition, Geneviève Beaudet et Félix Léveillé, le texte, et Jade Bruneau, la mise en scène des scènes de la belle province. Cette pièce parsemée d'un bel humour, nous raconte l'histoire dramatique de La Corriveau à travers le regard non pas des magistrats, mais de celui des villageois qui normalement restent silencieux! Fomentée par quelques manipulations, la rumeur court sur le vent de dénonciation et culpabilise les gens simples avec peu de moyens. Les élus, homme de loi et magistrats chuchotent aux oreilles des villageois qui font courir cette rumeur jusqu’à ce qu’elle devienne une vérité irréfutable!



"Qui a connu quelqu'un qui a connu quelqu'un qui l'a vu danser?"
Le choeur (le peuple)


Ses créateurs ont transformé cette tragédie québécoise de notre patrimoine en une histoire dynamique, car La Corriveau - la soif des corbeaux nous touche, nous fait rire et nous émeut à la fois!


 


"Je suis coupable...leur tentation est ma faute!! Je suis coupable d'être enragée!!"
Marie-Josephte Corriveau


Jade Bruneau, femme-orchestre metteur en scène et comédienne; incarne une Corriveau à la fois forte et démunie par l’abandon de ses pairs. Sa mise en scène est tout simplement jouissive, enthousiasmante et indéniablement impeccable.

 


On aime les apartés, les monologues, les chœurs, les mouvements, l’éclairage qui guide notre regard et teinte toute l’ambiance des scènes. Elle met réellement tout en œuvre pour faire de ce spectacle un évènement culturel de notre histoire et elle y réussit!  

 



"Rincez-vous les oreilles dans l'eau bénite!"


La prestation d'Hélène Major en magistrat nous a laissés pantois. Bien assumée dans son rôle de « méchante» quasi-sadique, son plaisir jouissif la rend hilarante! Elle s’éclate avec un enthousiasme évident et nous à sa suite avec elle! Jeu impeccable ! Et la mise en scène construit des mouvements qui la transforment en puissante sorcière, miroir de ce qu'elle dénonce pour mieux accuser.




"On s'est battu pour des terres qui ne nous appartiennent même pas!"


Renaud Paradis émeut en Papa Corriveau, autant la justesse de son jeu que celle de son chant nous transportent comme toujours dans son univers de grande sensibilité.




"C'est moi la légende, c'est moi la sorcière!!" Marie-Josephte Corriveau




Toute la distribution tire bien son épingle du jeu suivant : Jade Bruneau, Renaud Paradis et Hélène Major, on parle du talent de Karine Lagueux, Simon Labelle-Ouimet, Frédérique Mousseau, Simon Fréchette-Daoust et de José Dufour!



Sans oublier les musiciens sur scène! Ceux-ci nous offrent un accompagnement qui transporte au gré des émotions, enveloppent toute la pièce et modulent l’ambiance au rythme des scènes allant du drame aux sonorités surprenantes plus pop et même folkloriques par moment!




"À travers sa mort, nous allons torturer la douleur collective!"



Monter une pièce musicale est un énorme défi que Jade et son équipe du Théâtre de l’œil Ouvert relèvent avec brio!!! On comprend pourquoi la pièce a été jouée l’été dernier en région comme première tentative, l’est cet été à Québec, puis à Montréal et sera de retour à Joliette et Victoriaville, pour ensuite poursuivre les représentations en tournée partout au Québec à l'hiver et au printemps 2024.


Le public s’en réjouit et sort enrichi de la certitude que notre histoire transposée sur scène est réellement riche à souhait !!

 

La Corriveau - la soif des corbeaux, cette création unique offre donc un divertissement très appréciable pour tous les publics!

  

Pour la suite...



3 REPRÉSENTATIONS À MONTRÉAL: 14, 16 et 17 juin 2023

10 REPRÉSENTATIONS À JOLIETTE:  6, 7, 13, 14, 15, 20, 21, 22, 27 et le 29 juillet 2023

8 REPRÉSENTATIONS À VICTORIAVILLE: 10, 11, 12, 17, 18, 19, 25 et 26 août 2023

 

samedi 18 mars 2023

Portes ouvertes à l’école MANIKANETISH chez Duceppe


Marc Olivier Gingras, Lashuanna Aster Volant, Emma Rankin et Scott Riverin
 

Texte inédit d'Esther Hardy
Photos: gracieuseté Duceppe 


Présentée chez Duceppe jusqu’au 8 avril, la pièce Manikanetish nous raconte l’histoire d’une enseignante fraîchement formée à l’université qui revient dans son village pour enseigner le français et ainsi redonner aux siens tout en tentant de les élever au-dessus de leur condition. La tête pleine d’idéaux, elle réalise rapidement qu’elle doit d’abord gagner leur confiance et devenir leur complice afin de les pousser à avancer.



 Naomie Fontaine et son fils, Marcorel Fontaine


Manikanetish est tiré du roman autobiographique de Naomi Fontaine, l’autrice et narratrice de la pièce. L'adaptation théâtrale, la transposition du littéraire à la scène assumé par Julie-Anne Ranger-Beauregard est vraiment impeccable, c'est un excellent travail!  Et selon l’autrice elle-même, la pièce est très fidèle à son roman.


Sharon Fontaine Ishpatao (Naomie Fontaine)
et Naomie Fontaine

Encore une fois les nouveaux directeurs artistiques chez Duceppe innovent en accueillant pour la première fois sur une grande scène montréalaise, un texte issu des Premières Nations. Nous saluons leur ouverture et leurs soucis d’inclusion de bon aloi qui nous réjouit grandement!


Dès notre arrivée, nous sommes plongés dans la pièce. Car le décor est visible sur la scène éclairée. Les interprètes déjà sur scène vivent le quotidien de leur personnage.



Sharon Fontaine Ishpatao, Étienne Thibeault, Jean-Luc Shapatu Volant, Naomie Fontaine, Marc Olivier Gingras, Lashuanna Aster Volant, Marc-Olivier Gingras, Alexia Vinciet  Emma Rankin  


L’équipe de scénographie a confectionné une salle de gymnase très conforme à la réalité, avec un panier de basketball au centre en fond de décor, sous lequel trois musiciens guitaristes jouent pour accompagner notre arrivée. On se croit réellement dans une école secondaire. L’ambiance est parfaitement reconstruite.

Avant même que nous soyons assis sur nos sièges, Marc-Olivier Gingras, un des trois guitaristes s’adresse au public avec sa magnifique voix! Il nous parle de la musique, des interprètes et de la pièce en nous relatant les points saillants du programme de la soirée.



Naomie Fontaine


Nous avons droit à un accueil exceptionnel de la part de ces gens chaleureux! Nous nous sentons faire partie des copains de l’école secondaire et déjà à l’aise dans cette ambiance conviviale. Impossible de ne pas remarquer cette simplicité accueillante qui caractérise les peuples autochtones, heureux de lever un peu le voile pour nous présenter leur culture.

D’abord, tous les interprètes sont autochtones et neuf d'entre eux sont innus comme l’autrice. Tel que le soulignait Étienne Thibeau, un autre de nos hôtes sympathiques et accueillants, les interprètes sont à peu près tous parents : cousins-cousines en majorité. Étienne est le guitariste principal qui nous offrira une trame de fond musical durant toute la pièce. Il nous présente les comédiens, les invitant à tour de rôle à venir nous dire quelques mots sur eux-mêmes.




Sharon Fontaine Ishpatao, Étienne Thibeault, Naomie Fontaine, Marc Olivier Gingras, Jean-Luc Shapatu Volant,  Aster Volant, Marc-Olivier Gingras, Alexia Vinciet  Emma Rankin  

 

Manikanetish est une école secondaire de la ville d’Uashat et son nom signifie « Petite Marguerite » en langue innue. Elle est située juste à côté de Sept-Îles. Ce récit autobiographique de l’autrice Naomie Fontaine est issu de son 2e roman qui raconte sa vie comme enseignante à cette école. De retour dans sa communauté avec un BAC en main, elle se rend vite compte qu’elle a changé, sa communauté aussi, ce qui la déstabilise beaucoup au départ.




Sharon Fontaine Ishpatao, Étienne Thibeault, Naomie Fontaine, Marc Olivier Gingras, Jean-Luc Shapatu Volant,  Aster Volant, Marc-Olivier Gingras, Alexia Vinciet  Emma Rankin  


Naturellement c’est une bande d’adolescents déjà hypothéqués pour certains, mais qui gardent néanmoins sa jovialité et sa spontanéité. On assistera à toutes les mésaventures caractéristiques des jeunes autochtones: des décès subits, de l’alcool, des drogues, grossesse en bas âge…et tout ça vécus et assumés durant les classes.


Ce n’est pas un groupe classique de jeunes ados qui se flirtent, mais qui doivent assumer des défis et des expériences graves dans leur jeunesse….Ce qui crée un certain chaos pour une professeure qui cherche à discipliner sa classe et la faire avancer. Elle aura tôt fait, de comprendre qu’elle doit d’abord leur montrer qu’elle peut les appuyer dans tous les aspects de leur vie, dans une vision complice, si elle veut réussir à évoluer avec eux!






L’ambiance rappelle celle de la pièce « La déesse des mouches à feu » qui a eu un grand succès, présentée en 2018 au Quat’sou avec de jeunes comédiennes adolescentes, un texte de Geneviève Pettersen, mis en scène par Patrice Dubois et Alix Dufresne.

On a ici la même spontanéité, mais dans un registre très différent. Marqué par la convivialité et la résilience, dans Manikanetish, on se sent entre copains qui vont s’amuser, avec une saine familiarité!



 
Sharon Fontaine Ishpatao (Naomie Fontaine)


La mise en scène serrée est bien ficelée par Jean-Simon Traversy, un des 2 codirecteurs artistiques chez Duceppe. Aucun temps mort! Les interprètes ont été bien dirigés. Le spectacle suit son cours dans un bon rythme, les changements de costumes sont en majorité faits sur scène. On mise sur la simplicité épurée.

La narratrice et autrice Naomi Fontaine est aussi présente sur scène avec les comédiens et lors de quelques moments particulièrement intenses, elle interprète son propre rôle.

Et soulignons-le, Jean-Simon Traversy et son acolyte David Laurin innovent! Habitué aux programmations plus classiques de Duceppe, même si les textes sont toujours contemporains, c’est à ma connaissance le premier texte écrit et interprété par des Innus  Un grand pas dans l’inclusion dont on peut en être fier! On adore l’idée!!



 



Pour ma part, Manikanetish est la 4e ou 5e pièce à laquelle j’assiste avec un texte et des interprètes autochtones, néanmoins les pièces étaient présentées dans de bien plus petites salles avec seulement quelques interprètes. Soulignons-le, le voile s’ouvre de plus en plus et les cultures se rencontrent, on adore ça!

Et le public aussi, toujours généreux, leur a offert une ovation debout!

Naturellement, si vous vous attendez à une production classique avec de grandes envolées, différente, simplement parce qu’elle est jouée par des interprètes autochtones, vous risquez d’être déçu, on n’est pas dans la même forme de tradition ! Néanmoins, si vous cherchez à aborder l’art dans une vision de simplicité, près des valeurs du cœur, vous apprécierez à sa juste valeur!

Au Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts jusqu’au 8 avril, puis en tournée au Québec en 2024.


Sharon Fontaine Ishpatao (Naomie Fontaine)



L'équipe:

Producteur / Diffuseur : Duceppe
Salle : Théâtre Jean-Duceppe

Durée : 1h20 sans entracte
Mise en scène : Jean-Simon Traversy 
Adaptation théâtrale : Naomi Fontaine et Julie-Anne Ranger-Beauregard 
D’après le roman de Naomi Fontaine
Interprétation : Lashuanna Aster Vollant, Charles Buckell-Robertson, Marcorel Fontaine, Naomi Fontaine, Sharon Fontaine-Ishpatao, Marc-Olivier Gingras, Emma Rankin, Scott Riverin, Jean-Luc Shapatu Vollant, Étienne Thibeault, Alexia Vinci

Assistance à la mise en scène : Marie-Hélène Dufort  
Scénographie : Xavier Mary 
Costumes: Jocelyne Jean-Pierre Bellefleur 
Lumière : Gonzalo Soldi (mirari) 
Musique : Étienne Thibeault


lundi 14 février 2022

Ce magnifique "Edmond"!


Thomas Solivères (Edmond Rostand) 


Texte inédit d'Esther Hardy
Crédits photos: A-Z Films


Je renoue avec vous chers lecteurs, la culture nous manque tous et il est temps de se revêtir de cette poésie artistique qui rend le quotidien tellement plus joli et les épreuves beaucoup plus faciles à assumer...

Edmond, le film, en résumé, c'est...
Dans un décor parisien de fin du XIX siècle, sous un ciel nuageux d'insuccès, de problèmes financiers, de jalousie, de manque d'inspiration et de responsabilités familiales contraignantes, Edmond Rostand, auteur dramatique inconnu, cherche à créer un pièce pour offrir aux plus grands acteurs de la scène parisienne, le privilège de les voir jouer ses textes.


Même s'il n'a rien couché sur le papier depuis deux ans et n'a que le titre Cyrano de Bergerac, son désir plus grand que son inspiration du moment, le guidera à surmonter toutes les barrières pour y arriver...en s'inspirant d'une muse.   Les imbroglios et l'adversité se bousculent alors dans un jeu de chasser-croiser dont les Français ont un talent indéniable, et ce, jusqu'à l'aboutissement final.  Car même après la première représentation, des menaces de poursuites judiciaires planent toujours sur des éléments de la troupe.  Je ne vous en dis pas plus afin de ne pas briser votre plaisir de la découverte avec en main, votre maïs éclaté.




Faute de trouver un producteur pour en faire un long métrage, l'auteur,  Alexis Michalik a d'abord présenté Edmond en pièce de théâtre, jusqu'à ce qu'en février 2019 son rêve devienne réalité avec le film Edmond!  À sa sortie, les critiques étant malheureusement bien mitigées au Québec, le film est resté peu de temps à l'affiche, ne nous laissant pas le loisir de le voir en salle.  En ces temps de pandémie, nous avons enfin eu la chance de le visionner dans notre salon improvisé en salle de cinéma. 


Sous un canevas similaire à celui de Beaumarchais l'insolent ou de Shakespeare in loveEdmond s'amuse à imaginer la création initiale du plus grand succès théâtral du répertoire dramaturgique français, la pièce de théâtre Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand!   Créée initialement en 1897, la pièce a été jouée plus de 20 000 fois depuis.  Si vous n'avez jamais vu la pièce au théâtre, vous avez sûrement eu la chance de voir Gérard Depardieu incarner son impressionnant Cyrano dans le film Cyrano de Bergerac sorti en 1990, son meilleur rôle à notre humble avis ! 



Néanmoins, la facture du film Edmond est extrêmement délicieuse! Dans un ton bon enfant de naïveté, de spontanéité, de fougue, de bonne volonté et d'idéalisme où se mêle: intrigues amoureuses, chasteté, fidélité, jalousie et aventures, grands moments d'inspiration autant que de pages blanches, les personnages se heurtent dans leur désir individuel jusqu'à unir leur volonté pour enfin produire la pièce.  

On découvre alors des aléas très réels et aussi variés qu'inusités de la production théâtrale.  (Ce qui a d’ailleurs fait naître l'expression anglaise "Break a leg" - casses-toi une jambe - qui est coutume de se souhaiter avant une représentation théâtrale.)  Les obligeant à être complices devant ces défis de taille, bellement imaginés et qui devront être dépassés par tous les protagonistes.

Comme avant-goût, régalez-vous de ce petit apéritif:


mercredi 22 janvier 2020

Quand les mots s'en prennent au maux - de Queen Ka

      




Texte original d'Esther Hardy
Crédit photos: Emmanuel Crombez


La scène du Théâtre La chapelle est témoin des paroles engagées de Queen Ka (Elhahna Talbi) dans Si je reste, son spectacle de « spoken word » présenté jusqu’au 6 février. Accompagnée de deux musiciens, ses fidèles compagnons de la première heure : Blaise Borböen Léonard et Stéphane Leclerc, avec douceur, ponctuation et fermeté, elle nous emmène dans le dédale de ses réflexions qui se transforment en un poétique parcours initiatique, témoignage de préoccupations très actuelles.


« Ça demande du courage le silence! »





« Si je reste, c’est que je crois qu’il y a de l’espoir! »


Ma première rencontre avec Elhahna date d'une quinzaine d'années au moment où elle commençait à vociférer son art poétique engagé sous la forme de "slam". D'abord plus personnel, son travail d'écriture est rapidement devenu universel. Elle représente bien une génération d’artistes engagés, conscients des enjeux sociaux politiques et environnementaux.


« Les mains meurtries par la pierre, incapable d’allumer un feu! »


J'ai tout de suite été fascinée par son aplomb, son ton simple et direct qui toujours cherche à charmer l'oreille, nourrir la pensée et faire quelques clins d'œil au cœur. Créant des rimes de sa voix ferme et claire, elle nous partage ses réflexions sur des enjeux actuels! Tentant d’éveiller les consciences aux enjeux qui tapissent son inconscient créatif, elle ne se lasse pas de reprendre le crayon pour porter ses mots avec plus de nuances et cette fois dans Si je reste, elle devient le personnage principal de son récit.


« L’éveil est brutal, il fait fausse commune! »






« Fragile au bord du chaos! »


Voyageant dans sa tête, d’aventures en prises de conscience, elle traverse de multiples phases d’éveil, de déconstructions pour ensuite trouver la brèche d'où elle émerge et se reconstruit! Puis, elle nous transmet ses espoirs, fruits de ses réflexions au détour de son parcours initiatique!


« Il était une fois nos ego qui ont voulu remplacer les étoiles (…) faire le jour en pleine nuit! »


Touchée par son talent, je me rappelle lui avoir souligné à quel point je suis impressionnée par sa facilité à donner de la voix avec fermeté et elle de me répondre : « C'est facile! ». Inconsciente de sa grande détermination, elle ne voit pas son talent comme le fait son public. La talentueuse Queen Ka a définitivement le courage et l’aplomb de ses ancêtres nord-africains!


« Ravaler ma conscience dans une gorgée de vin nature! »






« Je n’ai personne à blâmer, chaque action me définit. J’ai choisi le chaos! »


Venus au Québec pour s’établir, ses parents font parties des gens qui ont toujours gardé l’engagement social au cœur de leur priorité. Digne héritière de leur feu, la jeune Québécoise Queen Ka est tout aussi, sinon plus déterminée qu’eux!


« Si je réapprends à lire la carte du ciel,
je découvrirai peut-être où nous allons au lieu de chercher qui je suis. »


Ayant été invité à deux reprises à assumer la première partie de Grand Corps Malade en spectacle à Place des Arts, Queen Ka a roulé sa bosse dans tous les cafés, événements et même aux Francofolies où sa parole vibre ses intimes pensées qui secouent souvent ses interlocuteurs en les charmant tout à la fois.


« Composter la critique pour faire grandir la bienveillance! »







Si je reste…

Théâtre La Chapelle jusqu’au 6 février 2020
Texte : Queen Ka
Composition musicale : Blaise Borböen Léonard, Stéphane Leclerc
Interprètes : Queen Ka, Blaise Borböen Léonard, Stéphane Leclerc