samedi 18 mars 2023

Portes ouvertes à l’école MANIKANETISH chez Duceppe


Marc Olivier Gingras, Lashuanna Aster Volant, Emma Rankin et Scott Riverin
 

Texte inédit d'Esther Hardy
Photos: gracieuseté Duceppe 


Présentée chez Duceppe jusqu’au 8 avril, la pièce Manikanetish nous raconte l’histoire d’une enseignante fraîchement formée à l’université qui revient dans son village pour enseigner le français et ainsi redonner aux siens tout en tentant de les élever au-dessus de leur condition. La tête pleine d’idéaux, elle réalise rapidement qu’elle doit d’abord gagner leur confiance et devenir leur complice afin de les pousser à avancer.



 Naomie Fontaine et son fils, Marcorel Fontaine


Manikanetish est tiré du roman autobiographique de Naomi Fontaine, l’autrice et narratrice de la pièce. L'adaptation théâtrale, la transposition du littéraire à la scène assumé par Julie-Anne Ranger-Beauregard est vraiment impeccable, c'est un excellent travail!  Et selon l’autrice elle-même, la pièce est très fidèle à son roman.


Sharon Fontaine Ishpatao (Naomie Fontaine)
et Naomie Fontaine

Encore une fois les nouveaux directeurs artistiques chez Duceppe innovent en accueillant pour la première fois sur une grande scène montréalaise, un texte issu des Premières Nations. Nous saluons leur ouverture et leurs soucis d’inclusion de bon aloi qui nous réjouit grandement!


Dès notre arrivée, nous sommes plongés dans la pièce. Car le décor est visible sur la scène éclairée. Les interprètes déjà sur scène vivent le quotidien de leur personnage.



Sharon Fontaine Ishpatao, Étienne Thibeault, Jean-Luc Shapatu Volant, Naomie Fontaine, Marc Olivier Gingras, Lashuanna Aster Volant, Marc-Olivier Gingras, Alexia Vinciet  Emma Rankin  


L’équipe de scénographie a confectionné une salle de gymnase très conforme à la réalité, avec un panier de basketball au centre en fond de décor, sous lequel trois musiciens guitaristes jouent pour accompagner notre arrivée. On se croit réellement dans une école secondaire. L’ambiance est parfaitement reconstruite.

Avant même que nous soyons assis sur nos sièges, Marc-Olivier Gingras, un des trois guitaristes s’adresse au public avec sa magnifique voix! Il nous parle de la musique, des interprètes et de la pièce en nous relatant les points saillants du programme de la soirée.



Naomie Fontaine


Nous avons droit à un accueil exceptionnel de la part de ces gens chaleureux! Nous nous sentons faire partie des copains de l’école secondaire et déjà à l’aise dans cette ambiance conviviale. Impossible de ne pas remarquer cette simplicité accueillante qui caractérise les peuples autochtones, heureux de lever un peu le voile pour nous présenter leur culture.

D’abord, tous les interprètes sont autochtones et neuf d'entre eux sont innus comme l’autrice. Tel que le soulignait Étienne Thibeau, un autre de nos hôtes sympathiques et accueillants, les interprètes sont à peu près tous parents : cousins-cousines en majorité. Étienne est le guitariste principal qui nous offrira une trame de fond musical durant toute la pièce. Il nous présente les comédiens, les invitant à tour de rôle à venir nous dire quelques mots sur eux-mêmes.




Sharon Fontaine Ishpatao, Étienne Thibeault, Naomie Fontaine, Marc Olivier Gingras, Jean-Luc Shapatu Volant,  Aster Volant, Marc-Olivier Gingras, Alexia Vinciet  Emma Rankin  

 

Manikanetish est une école secondaire de la ville d’Uashat et son nom signifie « Petite Marguerite » en langue innue. Elle est située juste à côté de Sept-Îles. Ce récit autobiographique de l’autrice Naomie Fontaine est issu de son 2e roman qui raconte sa vie comme enseignante à cette école. De retour dans sa communauté avec un BAC en main, elle se rend vite compte qu’elle a changé, sa communauté aussi, ce qui la déstabilise beaucoup au départ.




Sharon Fontaine Ishpatao, Étienne Thibeault, Naomie Fontaine, Marc Olivier Gingras, Jean-Luc Shapatu Volant,  Aster Volant, Marc-Olivier Gingras, Alexia Vinciet  Emma Rankin  


Naturellement c’est une bande d’adolescents déjà hypothéqués pour certains, mais qui gardent néanmoins sa jovialité et sa spontanéité. On assistera à toutes les mésaventures caractéristiques des jeunes autochtones: des décès subits, de l’alcool, des drogues, grossesse en bas âge…et tout ça vécus et assumés durant les classes.


Ce n’est pas un groupe classique de jeunes ados qui se flirtent, mais qui doivent assumer des défis et des expériences graves dans leur jeunesse….Ce qui crée un certain chaos pour une professeure qui cherche à discipliner sa classe et la faire avancer. Elle aura tôt fait, de comprendre qu’elle doit d’abord leur montrer qu’elle peut les appuyer dans tous les aspects de leur vie, dans une vision complice, si elle veut réussir à évoluer avec eux!






L’ambiance rappelle celle de la pièce « La déesse des mouches à feu » qui a eu un grand succès, présentée en 2018 au Quat’sou avec de jeunes comédiennes adolescentes, un texte de Geneviève Pettersen, mis en scène par Patrice Dubois et Alix Dufresne.

On a ici la même spontanéité, mais dans un registre très différent. Marqué par la convivialité et la résilience, dans Manikanetish, on se sent entre copains qui vont s’amuser, avec une saine familiarité!



 
Sharon Fontaine Ishpatao (Naomie Fontaine)


La mise en scène serrée est bien ficelée par Jean-Simon Traversy, un des 2 codirecteurs artistiques chez Duceppe. Aucun temps mort! Les interprètes ont été bien dirigés. Le spectacle suit son cours dans un bon rythme, les changements de costumes sont en majorité faits sur scène. On mise sur la simplicité épurée.

La narratrice et autrice Naomi Fontaine est aussi présente sur scène avec les comédiens et lors de quelques moments particulièrement intenses, elle interprète son propre rôle.

Et soulignons-le, Jean-Simon Traversy et son acolyte David Laurin innovent! Habitué aux programmations plus classiques de Duceppe, même si les textes sont toujours contemporains, c’est à ma connaissance le premier texte écrit et interprété par des Innus  Un grand pas dans l’inclusion dont on peut en être fier! On adore l’idée!!



 



Pour ma part, Manikanetish est la 4e ou 5e pièce à laquelle j’assiste avec un texte et des interprètes autochtones, néanmoins les pièces étaient présentées dans de bien plus petites salles avec seulement quelques interprètes. Soulignons-le, le voile s’ouvre de plus en plus et les cultures se rencontrent, on adore ça!

Et le public aussi, toujours généreux, leur a offert une ovation debout!

Naturellement, si vous vous attendez à une production classique avec de grandes envolées, différente, simplement parce qu’elle est jouée par des interprètes autochtones, vous risquez d’être déçu, on n’est pas dans la même forme de tradition ! Néanmoins, si vous cherchez à aborder l’art dans une vision de simplicité, près des valeurs du cœur, vous apprécierez à sa juste valeur!

Au Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts jusqu’au 8 avril, puis en tournée au Québec en 2024.


Sharon Fontaine Ishpatao (Naomie Fontaine)



L'équipe:

Producteur / Diffuseur : Duceppe
Salle : Théâtre Jean-Duceppe

Durée : 1h20 sans entracte
Mise en scène : Jean-Simon Traversy 
Adaptation théâtrale : Naomi Fontaine et Julie-Anne Ranger-Beauregard 
D’après le roman de Naomi Fontaine
Interprétation : Lashuanna Aster Vollant, Charles Buckell-Robertson, Marcorel Fontaine, Naomi Fontaine, Sharon Fontaine-Ishpatao, Marc-Olivier Gingras, Emma Rankin, Scott Riverin, Jean-Luc Shapatu Vollant, Étienne Thibeault, Alexia Vinci

Assistance à la mise en scène : Marie-Hélène Dufort  
Scénographie : Xavier Mary 
Costumes: Jocelyne Jean-Pierre Bellefleur 
Lumière : Gonzalo Soldi (mirari) 
Musique : Étienne Thibeault


lundi 14 février 2022

Ce magnifique "Edmond"!


Thomas Solivères (Edmond Rostand) 


Texte inédit d'Esther Hardy
Crédits photos: A-Z Films


Je renoue avec vous chers lecteurs, la culture nous manque tous et il est temps de se revêtir de cette poésie artistique qui rend le quotidien tellement plus joli et les épreuves beaucoup plus faciles à assumer...

Edmond, le film, en résumé, c'est...
Dans un décor parisien de fin du XIX siècle, sous un ciel nuageux d'insuccès, de problèmes financiers, de jalousie, de manque d'inspiration et de responsabilités familiales contraignantes, Edmond Rostand, auteur dramatique inconnu, cherche à créer un pièce pour offrir aux plus grands acteurs de la scène parisienne, le privilège de les voir jouer ses textes.


Même s'il n'a rien couché sur le papier depuis deux ans et n'a que le titre Cyrano de Bergerac, son désir plus grand que son inspiration du moment, le guidera à surmonter toutes les barrières pour y arriver...en s'inspirant d'une muse.   Les imbroglios et l'adversité se bousculent alors dans un jeu de chasser-croiser dont les Français ont un talent indéniable, et ce, jusqu'à l'aboutissement final.  Car même après la première représentation, des menaces de poursuites judiciaires planent toujours sur des éléments de la troupe.  Je ne vous en dis pas plus afin de ne pas briser votre plaisir de la découverte avec en main, votre maïs éclaté.




Faute de trouver un producteur pour en faire un long métrage, l'auteur,  Alexis Michalik a d'abord présenté Edmond en pièce de théâtre, jusqu'à ce qu'en février 2019 son rêve devienne réalité avec le film Edmond!  À sa sortie, les critiques étant malheureusement bien mitigées au Québec, le film est resté peu de temps à l'affiche, ne nous laissant pas le loisir de le voir en salle.  En ces temps de pandémie, nous avons enfin eu la chance de le visionner dans notre salon improvisé en salle de cinéma. 


Sous un canevas similaire à celui de Beaumarchais l'insolent ou de Shakespeare in loveEdmond s'amuse à imaginer la création initiale du plus grand succès théâtral du répertoire dramaturgique français, la pièce de théâtre Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand!   Créée initialement en 1897, la pièce a été jouée plus de 20 000 fois depuis.  Si vous n'avez jamais vu la pièce au théâtre, vous avez sûrement eu la chance de voir Gérard Depardieu incarner son impressionnant Cyrano dans le film Cyrano de Bergerac sorti en 1990, son meilleur rôle à notre humble avis ! 



Néanmoins, la facture du film Edmond est extrêmement délicieuse! Dans un ton bon enfant de naïveté, de spontanéité, de fougue, de bonne volonté et d'idéalisme où se mêle: intrigues amoureuses, chasteté, fidélité, jalousie et aventures, grands moments d'inspiration autant que de pages blanches, les personnages se heurtent dans leur désir individuel jusqu'à unir leur volonté pour enfin produire la pièce.  

On découvre alors des aléas très réels et aussi variés qu'inusités de la production théâtrale.  (Ce qui a d’ailleurs fait naître l'expression anglaise "Break a leg" - casses-toi une jambe - qui est coutume de se souhaiter avant une représentation théâtrale.)  Les obligeant à être complices devant ces défis de taille, bellement imaginés et qui devront être dépassés par tous les protagonistes.

Comme avant-goût, régalez-vous de ce petit apéritif:


mercredi 22 janvier 2020

Quand les mots s'en prennent au maux - de Queen Ka

      




Texte original d'Esther Hardy
Crédit photos: Emmanuel Crombez


La scène du Théâtre La chapelle est témoin des paroles engagées de Queen Ka (Elhahna Talbi) dans Si je reste, son spectacle de « spoken word » présenté jusqu’au 6 février. Accompagnée de deux musiciens, ses fidèles compagnons de la première heure : Blaise Borböen Léonard et Stéphane Leclerc, avec douceur, ponctuation et fermeté, elle nous emmène dans le dédale de ses réflexions qui se transforment en un poétique parcours initiatique, témoignage de préoccupations très actuelles.


« Ça demande du courage le silence! »





« Si je reste, c’est que je crois qu’il y a de l’espoir! »


Ma première rencontre avec Elhahna date d'une quinzaine d'années au moment où elle commençait à vociférer son art poétique engagé sous la forme de "slam". D'abord plus personnel, son travail d'écriture est rapidement devenu universel. Elle représente bien une génération d’artistes engagés, conscients des enjeux sociaux politiques et environnementaux.


« Les mains meurtries par la pierre, incapable d’allumer un feu! »


J'ai tout de suite été fascinée par son aplomb, son ton simple et direct qui toujours cherche à charmer l'oreille, nourrir la pensée et faire quelques clins d'œil au cœur. Créant des rimes de sa voix ferme et claire, elle nous partage ses réflexions sur des enjeux actuels! Tentant d’éveiller les consciences aux enjeux qui tapissent son inconscient créatif, elle ne se lasse pas de reprendre le crayon pour porter ses mots avec plus de nuances et cette fois dans Si je reste, elle devient le personnage principal de son récit.


« L’éveil est brutal, il fait fausse commune! »






« Fragile au bord du chaos! »


Voyageant dans sa tête, d’aventures en prises de conscience, elle traverse de multiples phases d’éveil, de déconstructions pour ensuite trouver la brèche d'où elle émerge et se reconstruit! Puis, elle nous transmet ses espoirs, fruits de ses réflexions au détour de son parcours initiatique!


« Il était une fois nos ego qui ont voulu remplacer les étoiles (…) faire le jour en pleine nuit! »


Touchée par son talent, je me rappelle lui avoir souligné à quel point je suis impressionnée par sa facilité à donner de la voix avec fermeté et elle de me répondre : « C'est facile! ». Inconsciente de sa grande détermination, elle ne voit pas son talent comme le fait son public. La talentueuse Queen Ka a définitivement le courage et l’aplomb de ses ancêtres nord-africains!


« Ravaler ma conscience dans une gorgée de vin nature! »






« Je n’ai personne à blâmer, chaque action me définit. J’ai choisi le chaos! »


Venus au Québec pour s’établir, ses parents font parties des gens qui ont toujours gardé l’engagement social au cœur de leur priorité. Digne héritière de leur feu, la jeune Québécoise Queen Ka est tout aussi, sinon plus déterminée qu’eux!


« Si je réapprends à lire la carte du ciel,
je découvrirai peut-être où nous allons au lieu de chercher qui je suis. »


Ayant été invité à deux reprises à assumer la première partie de Grand Corps Malade en spectacle à Place des Arts, Queen Ka a roulé sa bosse dans tous les cafés, événements et même aux Francofolies où sa parole vibre ses intimes pensées qui secouent souvent ses interlocuteurs en les charmant tout à la fois.


« Composter la critique pour faire grandir la bienveillance! »







Si je reste…

Théâtre La Chapelle jusqu’au 6 février 2020
Texte : Queen Ka
Composition musicale : Blaise Borböen Léonard, Stéphane Leclerc
Interprètes : Queen Ka, Blaise Borböen Léonard, Stéphane Leclerc



lundi 2 décembre 2019

La profondeur du Fleuve de Sylvie Drapeau





Texte original d'Esther Hardy
Crédits photos Yves Renaud


La pièce Fleuve de Sylvie Drapeau est présentée au TNM jusqu'au 7 décembre 2019.  Ce premier texte de l’autrice mis en scène au théâtre, nous présente son enfance et la genèse qui a formé cette artiste de talent.


 

Même si ce n’est pas un long fleuve tranquille pour Sylvie Drapeau, celui-ci a l'impressionnante profondeur de l’océan jusqu'à en donner des vertiges.  Elle nous y expose les moments charnières qui ont changé sa vie de son enfance à son adolescence.  



 


« On ne peut faire ce travail sans retourner dans ses propres ténèbres! »

 


Née sur la côte nord, le St-Laurent et ses berges sont ses premiers terrains de jeux où avec ses frères et sœurs, elle s’invente mille aventures. Les lieux n’étant pas sans danger, ils seront à quelques grains de sable du pire évènement survenu dans sa vie, un moment clef qui chambardera le quotidien jusque-là si paisible sur les rives du Fleuve à Baie-Comeau qui bousculera l’avenir de toute sa famille.



  

 


« On a oublié comment on fait pour jouer! »


En dévorant la suite de ses récits autobiographiques: Fleuve, Ciel, Enfer, et Terre, de courts textes en petits feuillets d'une centaine de pages, on découvre ce que la pièce Fleuve représente...un collage de moments clefs, nous plongeant dans l'intimité la plus profonde de l'artiste exceptionnel qu'est Sylvie Drapeau!





« J’aurais voulu te sauver! »  

Elle s’offre à nous comme un grand livre ouvert avec l’énergie et le grand sourire candide qui la caractérisent!  Avec elle, on assiste au dénouement des drames qui ont jalonné la vie de sa petite enfance jusqu’à l'âge adulte où la résilience et la bienveillance ont tôt fait d’apporter un regard mature sur ses nombreux écueils.


 

« Là d’où tu venais, c’était mal vu de s’apprécier soi-même! »



Narratrice de sa propre vie, elle nous présente cette dramatique histoire avec le  détachement d’un cœur d’enfant qui nous la rend d’autant plus dynamique et touchante.  Sur un fond de miroir, elle accompagne les personnages qui vivent son récit tandis qu’ils incarnent les moments charnières de celle-ci!

 

« Quelle joie, quelle liberté, d’appartenir au vent! »




« Maman, papa, on est trop petit pour être des héros! »

 

 

Sur fond de mer bleutée, la metteure en scène, Angela Konrad a choisi de traiter cette autobiographie avec la légèreté des balades d’enfants. Nous avons beaucoup apprécié cette délicatesse qui évite de tomber dans le drame déchirant.  Car, en rencontrant la Meute comme Mme Drapeau se plaît à nommer ses nombreux frères et sœurs, on réalise à quel point ils ont été importants dans son cheminement et à quel point elle a pu puiser très jeune dans un bassin de fortes expériences qui ont nourri la riche intériorité de l’artiste accomplie quelle est devenue aujourd’hui. 


 

« Je t’ai brisé le cœur quand je t’ai dit que je n’irais plus à la messe! »




 


Pour incarner le personnage de La Petite, son surnom d'enfance, on a fait appel à deux jeunes comédiennes : Alice Bouchard et Marion Vigneault qui l’incarnent en alternance.  Étonnantes, elles se démarquent par leur grande capacité à assimiler et incarner une quantité de texte effarante pour ces jeunes comédiennes de 3 pommes de haut.


 

« La dernière fois que nous avons désobéi, une personne est morte! »




 


C’est Karelle Tremblay qui assume la période de révolte qu’est l’adolescence et l’affirmation de sa personnalité où son fort désir de se différencier et de s’émanciper est particulièrement exacerbé. Sa diction plutôt paresseuse sied au caractère adolescent!  Puis, la comédienne incarne les débuts de l’âge adulte où malgré son front de bœuf, elle apprendra la résilience et à maturer toutes à la fois. 

 

« Tu es mort de peur! »

 

Artiste accomplie, on découvre et comprends pourquoi cette comédienne chevronnée avait d'abord songé à devenir autrice...
Et voilà que c’est fait!

 

Fleuve est une rencontre entre la résilience et la mer…



 

 


Texte original et adaptation de Sylvie Drapeau
Mise en scène Angela Konrad
Présenté du 12 novembre au 7 décembre 2019

 

DISTRIBUTION :

ALICE BOUCHARD, SYLVIE DRAPEAU, KARELLE TREMBLAY, MARION VIGNEAULT ET SAMUËL CÔTÉ, PATRICIA HOULE, JEANNE MADORE, ALEX-AIMÉE MARTEL, ROSALIE PAYOTTE, EMMA PLAMONDON, MATTIEU PLAMONDON

 

ÉQUIPE DE CRÉATION

 

Conseillère à la dramaturgie ANGELA KONRAD

Décor ANICK LA BISSONNIÈRE

Costumes ANGELA KONRAD et PIERRE-GUY LAPOINTE

Éclairages SONOYO NISHIKAWA

Conception vidéo HUB STUDIO/THOMAS PAYETTE et GONZALO SOLDI

Musique originale et bande sonore SIMON GAUTHIER

Maquillages ANGELO BARSETTI

Assistance à la mise en scène STÉPHANIE CAPISTRAN-LALONDE

 






















lundi 25 novembre 2019

Et que la grandiose magie de la musique orchestrale et du cinéma soit!!!


Texte original d'Esther Hardy
Crédits photos: courtoisie  Attila Glatz Concert Productions


La place des Arts s'est à nouveau emplie d'une foule portant les foulards des Griffondors et les lunettes de Harry Potter pour cette soirée festive à la Salle Wilfrid Pelletier où petits et grands ont pris place pour la 1re partie du film: Le Prince de sang mêlé, de la célèbre série des aventures d'Harry Potter.

La chef d'orchestre très dynamique fait son entrée et la magie du Ciné concert débute sur les notes bien connues de la rentrée à Poudlard!





Même si l'histoire nous est déjà familière, le plaisir est non seulement de la revisiter dans cette ambiance grandiose, mais de se sentir inclus dans une puissance musicale où le moindre tintement de sort magique est aussi interprété par l'orchestre.  Nous sommes littéralement au coeur de cette trame sonore d'une force et d'une beauté qui nous charment en nous amusent tout à la fois!!






Le film est diffusé en version HD sur grand écran, accompagné par l'orchestre symphonique. La présentation se fait en version originale anglaise, sous-titrée en français et naturellement, cela ne nous cause aucun désagrément, la lecture est facile et il est fort agréable d'entendre le charme des accents "british" de nos protagonistes!


Plus l'histoire avance, plus nous sommes séduits! Les cinéphiles réagissent avec enthousiasme, et ce, au plaisir du Chef d'orchestre qui par ailleurs, a pris la peine de l'encourager en début de concert en soulignant toutefois de se garder de crier afin de ne pas lui faire peur!!







Le récit débute juste après le tragique décès de Cyrius Black, le parrain d'Harry Potter.  Cette victoire de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom créée une ambiance de crainte, de méfiance du danger sur le chemin de Traverse.  Les anciens étudiants craignent de retourner à l'école. Les Moldus tous comme les sorciers sont menacés par le pouvoir qui a vaincu nos amis sorciers!





En filigrane, nos protagonistes ont grandi et vieilli! Harry vient de célébrer son 16e anniversaire et les amours adolescents  bouleversent de plus en plus toute sa bande, comme tous leurs amis et ennemis de Poudlard...






On parle d'élixir d'amour, une nouvelle stratégie du combat entre Harry, ses amis et leur ennemi incarné par du Professeur Rogue et de Malefoy.



"Ces filles, elles vont me tuer" 
Ron


Heureusement, avec l'aide de du Professeur Dumbledore, ils découvriront l'Horcrux, ce précieux objet magique qui renferme l'âme de leur ennemi, bien utile pour causer sa perte!  Néanmoins, le grand secret du Prince de sang mêlé se révélera au coeur de la bataille finale!

Dans cet univers qui nous a conquis depuis longtemps, le Prince de sang mêlé en est le 6e volet.  On se donne donc rendez-vous pour les 7e et 8e volets qui termineront cette passionnante saga  magique!!!







lundi 7 octobre 2019

L'homme de la Mancha - bouleversant !!!



Texte original :Esther Hardy
Crédits photos: David Ospina


Avec son parfum à la Don Quichotte, Cervantès revient nous charmer dans ce retour très attendu au Rideau Vert!! Avec sa troupe qui alterne entre les menaces et la complicité, le créateur de Don Quichotte reprend vie dans L’Homme de la Mancha présentée dans une mise en scène de René Richard Cyr jusqu’au 9 novembre.


Créée originellement sur Broadway, cette pièce musicale relate l’histoire de l’incarcération de Cervantes qui rêve d'une évasion exceptionnelle dans son imaginaire! L’œuvre a été traduite et popularisée chez les Français par Jacques Brel qui en a aussi assumé le rôle-titre.


Comme je le dis souvent, il est urgent d’attendre!”
Sancho


Dans son cachot, Cervantès croisera tous les malfrats de la ville et il aura à se défendre auprès de ses compagnons de prison avant d’être condamné. Sa défense étant son art et son imaginaire, ses compagnons de cachots acceptent de jouer le jeu et d’entendre une défense très colorée. On entre alors dans l’univers poétique de Don Quichotte avec sa Dulcinée, son compagnon Sancho et toutes ses aventures.


Est-ce qu’on parle de corde dans la maison d'un pendu!”


Cette pièce coup de cœur que nous savons eu la chance de voir en 2002 à l’amphithéâtre de Joliette, avec sensiblement la même distribution, nous transporte avec poésie. Imaginative et enlevante, elle est ponctuée d’une dizaine de chansons interprétées tour à tour par les comédiens avec des voix surprenantes : Joëlle Bourdon, Stéphane Brulotte, Stéphan Côté, Éveline Gélinas, Michelle Labonté, Roger La Rue, Jean Maheux, Sylvain Massé et Sylvain Scott.


La quête est la mission de tout vrai chevalier, non c’est son privilège!” 
Cervantès (Don Quichotte) 



Suivant cette dernière réplique, il nous interprète la chanson “La Quête” et réussit à émouvoir les plus sceptiques tel que Brel le faisait à l'époque... Jean Maheux interprète un Cervantès inspirant et digne! Exquis, il s’éclate comme un poisson dans l’eau. On perçoit l’expertise de l’artiste qui connaît le rôle et se l’est approprié totalement. 




Comment un homme irait mieux dans les derniers instants de sa vie, ce serait un grand gaspillage de santé.” Cervantès


Chef des malfrats, Sylvain Massé bombe le torse, tel le mâle alpha qui gère les lieux avec panache. Ce rôle lui va comme un gant! Il arrive à faire ressortir la force, le désir de profit du malfaiteur et sa noblesse tout à la fois!


Messire, vous devez t’être t’affamé!
Sancho

Toujours un pas derrière Don Quichotte, Sancho interprété par Sylvain Scott, nous présente ce personnage d’irrésistible cabotin avec un naturel qui le rend tout simplement craquant! Avec sa diction parfaitement exagérée et en prime son inaltérable désir de briller auprès de son maître, il est hilarant. Particulièrement, lorsqu’il avoue sa motivation de suivre Don Quichotte partout! Sa naïveté n’a d’égal que son admiration infinie à son mentor! Son enthousiasme est tel qu'il réussit à nous transmettre son admiration!


Un chevalier sans dame est un corps sans âme!” 
Cervantès


La mise en scène de René Richard Cyr est impeccable! La scène du confessionnal avec les deux fidèles de chaque côté est particulièrement inventive et nous donne un très beau tableau complice des personnages. Chaque tableau nous captive, mais on doit souligner la vibrante scène finale qui est à voir absolument!!!


Les trois musiciens bien installés de chaque côté de la scène suffisent à créer toute l’ambiance musicale et ponctuent les moments forts du spectacle avec des arrangements et une coordination impeccable. Leur travail devient un personnage complice qui complète le spectacle!


Cette pièce contemporaine créée initialement sur Broadway en 1965 pourrait être un classique, écrite par un des grands auteurs tels que Molière…

La folie vaut 100, mais l’amour vaut 1000.”

Que nous ayons déjà assisté à la première mouture de cette pièce ou non, la magie opère tout autant.... Le rêve de Cervantès imprègne chacun des personnages pour se propager et bâtir sa vision idéaliste jusqu’à son apogée! Le public subjugué entre dans son monde et toujours sous le charme, ressort du théâtre enthousiaste en se disant que l'interprétation poétique de la réalité, le rêve de Cervantès, sa vision sont beaucoup plus riches et nourrissants que le monde terre-à-terre.

« Les faits sont les ennemis de la vérité. »
Cervantès

« La folie n’est-elle pas de voir la vie telle qu'elle est, et non pas telle qu'elle devrait être!
Cervantès


Adaptation française: Jacques Brel
Mise en scène: René Richard Cyr

Avec Joëlle Bourdon, Stéphane Brulotte, Stéphan Côté, Éveline Gélinas (Dulcinée), Michelle Labonté, Roger La Rue, Jean Maheux (Cervantès), Sylvain Massé, Sylvain Scott (Sancho)

Directeur musical: Chris Barillaro
Musiciens: Chris Barillaro, Peter Colantonio, François Marion

Au Théâtre du Rideau Vert
4664, rue St-Denis, Montréal
Du 24 septembre au 9 novembre 2019

Livret: Dale Wassermann
Musique: Mitch Leigh
Paroles: Joe Darion



Assistance à la mise en scène: Lou Arteau
Arrangements musicaux: Benoît Sarrasin, Chris Barillaro
Décors: Réal Benoît
Costumes: François Saint-Aubin
Accessoires: Normand Blais
Éclairages: Étienne Boucher
Sonorisateur: Martin Lessard
Maquillages et coiffures: Sylvie Rolland Provost






mardi 1 octobre 2019

Allez! Ne manquez pas le jardin des lumières!!!





 Texte original d’Esther Hardy
Crédits  photos : Esther Hardy


Le rendez-vous automnal du jardin des lumières brille à nouveau de ses feux colorés pour nous charmer dans sa féerie nocturne annuelle dans le Jardin Botanique réaménagé pour l’occasion! Trois jardins culturels sont revêtus de cette ambiance féerique. Accueilli par les lanternes chinoises aux mille couleurs, on ne se lasse pas de leur beauté…







Créés selon la tradition millénaire chinoise, les visiteurs amorcent leur promenade dans les cours intérieures du Jardin de Chine où même les bonzaïs savamment illuminés dans la pénombre semblent encore plus impressionnants. La magie renaît dès qu’on aperçoit les nombreuses lampes flottantes qui illuminent le bassin principal devant le grand pavillon de Chine. Les reflets sur l’eau, la cascade qui scintille et les arômes du thé chinois nous embaument tout à la fois. Le dépaysement est total et on oublie qu’on est à quelques pas du quotidien de béton.





Les Montréalais peuvent se vanter d’être choyé de pouvoir déambuler dans le Jardin botanique au cœur de la ville. Ce plongeon en nature, aussi léger soit-il, permets de reprendre son souffle, trop souvent esseulé sur la froideur routinière des pavés cimentés du centre-ville.  On peut dire que ce poumon citadin nous permet de respirer au milieu d’une vie trépidante d’activités culturelles. 





C’est ce qu’on s’est dit dès l’entrée de notre visite et tout particulièrement lorsque nous avons croisé un groupe de jeunes artistes punk directement débarqué de Québec, aller-retour le même jour, pour profiter de cette beauté nocturne qui disons-le, est si facile d’accès pour les Montréalais.





Nous nous sommes à nouveau émerveillés dans le jardin des Premières nations en assistant au spectacle multimédia savamment projeté sur un peuplier géant, symbolisant le sacré de l’arbre maître du lieu qui traverse toutes les saisons avec une cohorte d’animaux de la forêt en de généreuses couleurs…





Le Jardin japonais quant à lui, nous a malheureusement été obstrué par une gardienne trop zélée qui se trompait de directives selon les agents rencontrés plus loin dans le parcours… Ne vous en faites pas, la promenade enchanteresse de cette balade nocturne nous avait déjà conquis bien avant cette mésaventure de fin de parcours!





Et pour goûter le meilleur, on vous conseille d’arriver en fin d’après-midi pour profiter judicieusement de la floraison et des coloris automnaux que revêtent toute la riche nature du jardin, pour ensuite poursuivre à la pénombre jusqu’à la noirceur afin de goûter aux lanternes et à tout l’aménagement qui rends cette visite d’autant plus charmante.




Hâtez-vous, il vous reste encore jusqu’au 31 octobre pour profiter de cette balade nocturne enchanteresse.