mardi 18 septembre 2018

Candide au TNM – un délice!

 Larissa Corriveau, Benoît Drouin-Germain,Valérie Blais, Patrice Coquereau
et
 Emmanuel Schwartz.



Texte original: Esther Hardy
Crédits photos: Yves Renaud


Inspirée du roman de Voltaire et peaufinée par la talentueuse plume de Pierre-Yves Lemieux, dans une création pour la scène, la pièce Candide ou l’optimisme est présentée au Théâtre du Nouveau Monde dans une mise en scène  d’Alice Ronfard jusqu’au 6 octobre.




 Benoît Drouin-Germain, Larissa Corriveau,  Valérie Blais, Patrice Coquereau 
et Emmanuel Schwartz.



La pièce raconte l’histoire de l’auteur Voltaire et de sa troupe de comédiens durant la création pour la scène de son roman « Candide » que l’auteur élabore et ajuste au fur et à mesure des répétitions.  Dans une ambiance de complicité bon enfant et de candeur d’un atelier de théâtre, les comédiens incarnent avec versatilité toutes les inspirations aussi rocambolesques semblent-elles de l’auteur… les chaises se transforment en coiffes, le plancher en mer, le fauteuil en bateau…  L’ambiance est conviviale, même si le travail reste rigoureux avec une ardeur ponctuée de notes de commedia dell’arte. On s’amuse, on rit, on est étonné et éblouit par le jeu, la mise en scène et le texte!  Une soirée magnifique!



Larissa Corriveau et Valérie Blais


D’abord, Valérie Blais nous a fabuleusement surprise!  Son retour tant attendu sur les planches ne perdait rien dans l’attente! Avec une bonne présence sur scène, son travail nous a plus que réjouis!  Armée d’une diction impeccable, de sa voix forte et juste, elle nous offre une prestation extrêmement solide de Mme Denis!  Pour une comédienne qui n’a pas touché la scène et le style classique depuis quoi? Une vingtaine d’années…on pouvait s’attendre à tout, sauf cette impeccabilité!

Dans cet univers éclaté, la mise en scène d’Alice Ronfard est solidement ficelée!   Plongeant dans cette ambiance de jeu semi-organisé avec des dizaines de scènes qui vont de tous les côtés, puis l’incarnation de multiples personnages pour les comédiens, sans oublier des mises en situation dans toutes sortes de lieux, elle réussit à fignoler le tout pour arriver à une homogénéité, une clarté tout en préservant la spontanéité de jeu qui nous a beaucoup plus!


« Le mouton n’a rien à faire de sa laine lorsqu’on le nourrit ! »



Emmanuel Schwartz 

Emmanuel Schwartz avec sa dégaine légendaire, nous offre un Voltaire affirmé, naturel tout en étant vociférant et puissant dans son rôle. On a eu un aperçu de cette talentueuse dégaine sur cette même scène avec son personnage de Lucky en 2016 dans En attendant Godo (Brière et Martin comme Godot et Becket https://estherauxpremieresloges.blogspot.com/2016/08/chronique-du-12-mars-2016_12.html). Et encore plus affirmé avec celui de Tartuffe dans Tartuffe en 2017 (Qui aurait cru Tartuffe à gogo  https://estherauxpremieresloges.blogspot.com/2016/10/chronique-du-5-octobre-2016-la-piece_4.html ), toujours sur cette même scène et maintenant celui-ci!  Vraiment, il n’a rien à son épreuve! Son travail nous réjouit, nous amuse et nous satisfait constamment…




Benoît Drouin-Germain et  Patrice Coquereau


Naturellement, Patrice Coquereau nage comme un poisson dans l’eau dans cet univers instable de commedia dell’arte où il incarne de multiples personnages avec talent.  Comme toujours, il nous amuse beaucoup! 





Benoît Drouin-Germain et Larissa Corriveau



Le versatile, Benoît Drouin-Germain qu’on voit plus fréquemment dans des drames et Larissa Corriveau, drôle, provocante et assumée, nous offrent des performances dignes de cette troupe de talentueux saltimbanques.


L’auteur, Pierre-Yves Lemieux s’est fait une spécialité d’écrire en s’inspirant de pièce de théâtre et de texte classique ou célèbre et de les recréer sous sa plume.   Il nomme son travail des « transcréation», car son ouvrage est beaucoup plus élaboré qu’une simple adaptation.   Il créé à partir de l’œuvre déjà connue, néanmoins on peut reconnaître sa puissante plume qu’on affection particulièrement.  On se rappelle son texte « Clara » mis en scène à l’Espace go qui a fait l’objet d’une précédente chronique.
De plus, pour goûter au talent de cet auteur réfléchi et chevronné, voici quelques lignes de son cru à la fin de la pièce…et je paraphrase :


« Nous parlons parce que l’homme muet est partout!! 
Même les morts parleront avec nous…car nous sommes immortels! »

« La parole est un privilège, pour quoi rester inoffensif?!»


 Emmanuel Schwartz et Valérie Blais.

Nous tenons aussi à souligner l’astucieuse scénographie qui s’adapte à tous les univers où Candide guide cette troupe. Un immense lustre de verre qu’on monte ou descend au gré des scènes et sur lequel est projeté des éclairages colorés, crée une astucieuse ambiance et un esthétisme exceptionnel!!



À voir au Théâtre du Nouveau-Monde jusqu’au 6 octobre…

Une création pour la scène de PIERRE YVES LEMIEUX
d’après le roman de VOLTAIRE
Mise en scène par ALICE RONFARD

Du 11 septembre au 6 octobre 2018


Distribution:
Valérie Blais, Patrice Coquereau, Larissa Corriveau, Benoît Drouin-Germain, Emmanuel Schwartz.


Durée du spectacle
1 h 45, sans entracte






lundi 17 septembre 2018

Le reste vous le connaissez par le cinéma… L’Espace Go s’éclate!




Texte original: Esther Hardy
Crédits photos: 




En coproduction avec le Théâtre français du Centre national des Arts et Carte Blanche, L'Espace Go présente la pièce Le reste vous le connaissez par le cinéma..., un texte de Martin Crimp, adapté et mis en scène par l’insaisissable Christian Lapointe. Le reste vous le connaissez par le cinéma... est une réécriture de la pièce Les Phéniciennes d’Eurépide, inspirée des récits mythologiques de la vie d’Œdipe. Cette adaptation est présentée jusqu'au 6 octobre dans une généreuse distribution de comédiens comparable à celle des classiques.


Christian Lapointe, comédien et metteur en scène de talent se plait à relever les abymes de la vie moderne qui se révèlent parfois vide de sens. Son travail dans cette pièce l’illustre bien, utilisant tout ce qui l’inspire sans préjugés pour présenter le pouvoir de son propos et malgré l'aspect très éclaté de sa mise en scène, on suit l'histoire aisément.






"Peut-être d'où vous venez,
 personne ne meurt pour ce qu'ils croient 
parce que personne ne croient en quelque chose!"


Méconnaissable dans son costume, comme d’ailleurs la majorité des interprètes… on se demande qui est ce comédien d’âge mûr avec une énergie débordante! Sa fougue qui ne trompe pas, nous a mis la puce à l’oreille….naturellement, c'était Marc Béland! La scénographie exige beaucoup de déplacement pour les comédiens et lui, plus que tous les autres, doit échafauder une longue échelle de la hauteur d’un deuxième étage pour accéder à son aire de jeu et ce, à plusieurs reprises. Marc Béland est probablement le seul comédien de sa génération à pouvoir déployer cette vivacité athlétique afin de déambuler dans ces échelles à toute vitesse… Étonnant!









Le jeu et l’interprétation des personnages de Lise Castonguay et celui de Nathalie Mallette, nous ont particulièrement plus. Très centrées, elles sont les phares autour duquel l'action se passe... Une grande partie de la pièce est jouée par la classe de jeunes filles qui interprètent en chorale la vision plus éditoriale de l'auteure.


Les niveaux de langages des personnages varient énormément, certains utilisent un niveau plus littéraire, d'autres frisent la vulgarité ouverte et déchaînée!  Ça va de tous les côtés pour exprimer la pensée et le style de l’adaptation...





Une scénographie éclatée, des costumes plus qu’hétéroclites et une abondante distribution, on cherche à stimuler le public de toutes les façons possibles et on y arrive en allant dans tous les sens… Qu’est-ce que des gants géants d’admirateur de football, des pompons de meneuses de claques, un casque rétro de pilote des années ’50, un tigre en toutou géant et une classe d’écolière…etc. font ensembles pour illustrer ce récit? Ce sont autant de différents univers que Christian Lapointe s'amuse à réunir pour illustrer son propos…









Ici on ne doit pas chercher le raffinement dans l’esthétisme, mais bien la nuance dans l'expression du symbolisme afin d'en extirper tout le sens. Malgré son aspect carrément hétéroclite au point de ressembler à une grosse soupe indigeste, ce spectacle est innovateur et recèle des trésors à découvrir! Chose certaine, Le reste vous le connaissez par le cinéma... ne laisse personne indifférent…








Des mises en scène éclatées, Christian Lapointe en a signé de nombreuses qui ont été récompensées par différents prix. Des marques de reconnaissances jalonnent déjà sa jeune carrière : le Prix John-Hirsch du Conseil des Arts du Canada en 2010, de même que par plusieurs prix de l’Association québécoise des critiques de théâtre pour TOUT ARTAUD d’Antonin Artaud, OXYGÈNE d’Yvan Viripaev et DANS LA RÉPUBLIQUE DU BONHEUR de Martin Crimp. En 2016, Christian Lapointe a été finaliste pour le Prix Siminovitch, la plus haute distinction en théâtre au Canada.







Au sujet de l’auteur, Martin Crimp : « Né à Dartford en Angleterre en 1956, Martin Crimp est devenu au fil du temps l’un des plus importants dramaturges britanniques actuels. Il a écrit une quinzaine de pièces — jouées à Londres, à New York, à Montréal, ainsi qu’en Allemagne, aux Pays-Bas, en France et en Italie — qui lui ont valu une renommée internationale. Ses pièces, dont LA VILLE (ESPACE GO, 2014), LE TRAITEMENT, LA CAMPAGNE, ATTEINTES À SA VIE et TENDRE ET CRUEL traitent avec humour et cruauté de la futilité de nos vies bien réglées d’Occidentaux et de la turbulence des temps contemporains. » Espace Go.


À voir à l’Espace Go jusqu’au 6 octobre…

Texte : Martin Crimp
Traduction québécoise et mise en scène : Christian Lapointe
Dramaturgie : Andréanne Roy
Avec Marc Béland + Florence Blain Mbaye + Lise Castonguay + Claudia Chillis-Rivard + Gabrielle Côté + Laura Côté-Bilodeau + Mellissa Larivière + Nathalie Mallette + Marie-Ève Perron + Ève Pressault + Éric Robidoux + Jules Ronfard + Paul Savoie + Gabriel Szabo






samedi 15 septembre 2018

Je me cherche une maison... TDP - ... Un pâle hommage à Pauline Julien




Crédits photos:
Texte original : Esther Hardy



Le Théâtre Denise Pelletier présente la pièce Je me cherche une maison de Marie-Christine Lé-Huu jusqu’au 29 septembre, un texte qui parle de La Renarde, Pauline Julien et de son conjoint, Gérald Godin, incarnés par Catherine Allard et Gabriel Robichaud dans une mise en scène de Benoît Vermeulen.


Pleine du feu au retour du spectacle d’Ines Talbi aux Francos en juin dernier et qui a fait l’objet d’une précédente chronique ( Francos - La renarde inoubliable), je me présente au TDP en attente d’en découvrir encore plus sur cette légendaire Pauline Julien, cette Renarde, cette femme plus grande que nature…  L'ayant peu connue de son vivant, l’anniversaire de son décès a ravivé l’intérêt et confirmé les affinités avec cette femme de feu!!!


D’abord sur scène, Catherine Allard est une magnifique interprète, une comédienne talentueuse qui transmet avec brio les chansons, incarne avec une aisance surprenante et redonne vie à l’artiste extérieur qu’était Pauline Julien.  Quant à lui, Gabriel Robichaud est un bel acteur, un comédien de talent qui sait nous faire vibrer sur la poésie de Godin… Ces deux francophones issus des communautés hors Québec ont fait un bon travail.


On sent le fort magnétisme des deux personnages et c’est vibrant…. 
Néanmoins, tandis qu’on se laisse porter par les chansons et la poésie, les comédiens font un énorme aparté pour nous parler de politique.  Brisant le rythme, on se demande pourquoi l’autrice a choisi de freiner cette montée pour se distancer de l'âme et du feu de Pauline Julien et d'y insérer des opinions politiques personnelles.  Était-ce nécessaire…


Dramatiquement parlant, on brise ici une belle envolée pour nous entretenir de l’opinion politique des comédiens interprètes…en quoi leur vision enrichi ce fort rayonnant couple sacré et cette extraordinaire femme?  D’abord, l’autrice émascule sa propre montée dramaturgique…un coït interrompu! 

De plus, le spectateur qui jusque-là vibrait de la même ferveur que la Renarde et son poète, le coeur enflammé pour sa patrie, est ici pris de court et blessé!!!!  

À cette question, l'autrice Mme Hé-Luu a répondu qu’elle désirait s’adapter à l’opinion politique de la jeunesse actuelle!  Que son fils ne connaît rien de l'histoire du Québec! Et qu’elle connaît même une jeune femme de 20 ans qui est fédéraliste !  De ce fait, elle considère prioritaire de se mettre au goût du jour…  Donc, elle a choisi d'écrire un spectacle sur des icônes du Québec devenus de vraies légendes dans la quête de l'indépendance, et ce, afin de défendre la vision des fédéralistes...?






Détaché du mouvement que le couple sacré Godin-Julien ont enclenché et mis en place à la sueur de leur front avec une ferveur incendiaire au plus profond de leur intime conviction, elle les transforme en marionnette pour ses opinions personnelles.  C'est ici une erreur dramaturgique et historique majeure!  

Faire un hommage au couple mythique est indissociable du feu qui les habitait pour leur patrie!!  Que les jeunes d'aujourd’hui n’aient pas la chance de connaître l’histoire du Québec, soit, mais justement n'est-ce pas l'opportunité rêvée de leur transmettre cette connaissance !?  Belle occasion de transmission, d'éducation culturelle et de politique manquées!

Cette pièce qui se veut un « hommage » est sans doute réussie pour qui ne voit pas à quel point le feu de cette grande dame est édulcoré, délavée et effacé volontairement!!  







Encore une fois, on tente ici de changer l'histoire, de marquer les consciences d'un faux feu suivant le sentier trop souvent fréquenté et médiocre du "politically correct"! 

Et pourtant le rôle du théâtre est bien de conscientiser!  Déranger!

C’est la connaissance oubliée qui doit être notre héritage! Nous avons un devoir de transmission de cette précieuse mémoire, de nos écueils, nos souffrances!!!







Pauline Julien et Gérald Godin n’étaient pas "politically correct", ils en étaient même l’opposé parfait!! Ils étaient révoltés de voir des profiteurs abuser de la bonne volonté des francophones.  Cette histoire doit être racontée...  Elle fait partie du "Je me souviens" que nous avons le devoir de raconter aux générations à venir, puisqu’elle est maintenant oubliée dans les écoles.    C’est leur exemple de révolte qui en a fait des êtres si inspirants dont on parle encore aujourd’hui!  Exactement ce qui fait d'eux des monstres sacrés d’inspiration pour toute une génération et sa suite… dont certaines personnes ne veulent regarder...s'avouer...  C’est ce courage qui nous a allumés!  C’est ce feu dont on parle encore aujourd’hui…alors pourquoi tenter de l'éteindre en le dénigrant au goût du jour!


Que la jeunesse ne le comprenne pas devrait justement être la justification, la motivation qui pousse à le présenter!!!  Enseigne-t-on pour faire plaisir ou pour éduquer?!  À partir du moment où on interprète l’histoire, on engendre de fausses visions, on incite à oublier notre passée, les racines qui ont fait ce que nous sommes! 

La recherche de cette pièce était partielle, complaisante et sans réelle rigueur intellectuelle.






Pauline Julien voulait faire l’amour au peuple québécois, elle voulait l’embrasser et s’unir à lui pour qu’il s’engendre en tant que nation!  Comme elle aimait son Gérald, elle aimait son peuple d’un amour passionnel et désirait ardemment lui donner le courage et le souffle de se dépasser…   Le désir d’un pays n’est pas un engouement passager, c’est une route de notre histoire québécoise…et vous l’avez manqué royalement avec votre "politically correct"  Mme Lé-Huu!!

Y a-t-il un lien avec le fait qu'aucun des protagonistes : metteur en scène, autrice et interprètes ne sont natifs du Québec....  Pourtant, ce fait n'a eu aucune importance lorsque Ines Talbi a eu l'inspirations de rendre hommage à La Renarde...
  
Je sais, ce texte et ce spectacle ont été salués et même couronnés, c'est dire à quel point la mémoire fait défaut à bien des gens!! Car l'héritage du couple sacré de la Renarde et son poète est justement le Feu Sacré pour le Québec, c'est l'espoir d'en faire un pays!!! 

mardi 11 septembre 2018

Oslo - une oeuvre impressionnante!

Ariel Ifergan et Emmanuel Bilodeau 


Texte original d'Esther Hardy
Crédits photos:  Caroline Laberge


Les nouveaux directeurs artistiques chez Duceppe, David Laurin et Jean-Simon Traversy commencent leur première saison en force avec Oslo, une pièce de J.T. Rogers sur les accords secrets d’Oslo en Norvège entre les Palestiniens et les Israéliens en 1993.


La pièce raconte le dénouement de ces improbables et combien risquées négociations entre les deux partis, d’abord assumés par des professeurs israéliens près du pouvoir et des ministres palestiniens en exil, suivi des chefs politiques. Profondément humaine, la pièce Oslo nous apprend combien la naïveté et la bonne volonté ont été déterminant dans cette affaire, tout autant qu’une bonne intention norvégienne qui avec hardiesse frisait l’incident diplomatique à tout moment!




Isabelle Blais, Jean-François Casabonne, Manuel Tadros et Emmanuel Bilodeau



Dès l’ouverture, deux musiciens prennent place dans des estrades de chaque côté de la scène, se faisant ainsi face. Très achalandée, la scène se présente emplie de classeurs comme autant de dossiers en litige entre les deux pays. Au fur et à mesure que les rencontres se succèdent dans ce chaos organisé, la scène se libère tranquillement. Les acteurs, aussi dans les estrades, de chaque côté de leur parti antagoniste seront toujours présents sur scène, incarnant à tour de rôle, les divers personnages qui prendront part à cette joute de pouvoir.



Emmanuel Bilodeau et Isabelle Blais


Les négociateurs norvégiens, incarnés par Emmanuel Bilodeau et Isabelle Blais assurent aussi en alternance la narration et tiennent littéralement la pièce dans leur main. Leur personnages seront touchés par l’histoire des deux peuples et deviendront le point tournant par laquelle toute l’histoire a commencé.



Isabelle Blais et Manuel Tadros


Steeve Gagnon nous séduit dans son personnage un peu loufoque du professeur israélien plein de bonnes intentions. Manuel Tadros qu’on voit que trop peu sur les planches, nous a étonné par une interprétation impeccable : sa justesse, sa mesure et sa plus que crédibilité… comme toujours lorsqu’il assume un rôle, il y va à fond!


Bonne traduction du nouveau directeur artistique, David Laurin qui a préservé une spontanéité dans le texte avec une mise en bouche à la québécoise, ce qui nous situe immédiatement au coeur de la psychologie et des émotions des personnages. J’apprécie qu’ils aient tronqué la précision historique pour la dramaturgique... La mise en scène d’Édith Patenaude y contribue aussi.


Jean-Moïse Martin, Steve Gagnon, Reda Guerinik et Manuel Tadros



La distribution est parfaite! Chacun des comédiens campe son rôle avec expertise, énergie et précision de jeu, participant au meilleur de son talent pour faire de ce spectacle un moment inoubliable. Notons ici un effort d’offrir des personnages qui collent à la réalité ethnique des trois pays.


Édith Patenaude arrive à préserver la clarté dans cette pluralité de scènes, tout en assurant une précision dynamique et vivante de sa mise en scène, nous tenant en haleine du début jusqu’à la fin. Chapeau à cette nouvelle venue chez Duceppe qui a fait un travail colossal. Son jeune âge nous présage beaucoup de surprises que nous espérons déjà voir dans un avenir rapproché.



Steve Gagnon, Félix Beaulieu-Duchesneau, Jean-François Casabonne, Jean-Moïse Martin,
Manuel Tadros, Emmanuel Bilodeau,et Justin Laramée,



Le conflit entre ces deux peuples prend racine dans le bassin même qui a fait naître notre civilisation. Dans mes jeunes années, j’ai eu le privilège d’approfondir l’étude des subtilités de cette guerre éternelle du conflit israélo-arabe. Compte tenu des enjeux territoriaux et de l’historique de pertes humaines, de déchirures traumatisantes imprégnées dans les gênes de chacune des dizaines de générations des camps adverses, voir en direct la reconstitution des efforts sincères pour arriver à sa résolution est assez impressionnant. Les protagonistes ont tous une mère, un oncle, un fils, des ancêtres, un voisin qui ont été tués dans ce conflit!! Et la vengeance peut être sincèrement légitime, elle devient une source éternelle de carburant qui perpétue le conflit…




Emmanuel Bilodeau, Félix Beaulieu-Duchesneau, Steve Gagnon, Jean-Moïse Martin,
Manuel Tadros, Jean-François Casabonne, Reda Guerinik et Justin Laramée,



Tout comme eux, on craque à l’apogée de cette pièce quand tout est résolu et l’accord signé, lorsqu’un des personnages dit : « Qu’est-ce qu’ils font? Qu'est-ce qui se passe? » Et son compasse de lui répondre : « Ils pleurent, car ils ne pensaient pas voir ça de leur vivant! ».


Originellement crée en 2016 à New York, la pièce a reçu de nombreux prix dont celui du convoité Tony Award de la meilleure pièce.


Cette pièce est non seulement une source culturelle historique, un précieux retour dans l’écrin de moments clefs de l’histoire, mais elle est aussi un espoir! Sachant qu’au fond, sans l’influence extérieure politique des pays alliés qui ont beaucoup d’intérêts dans ces conflits, les êtres humains sont en réalité pleins de de bonnes intentions et désirs de paix!

À voir chez Duceppe jusqu’au 13 octobre….



Jean-François Casabonne, Emmanuel bilodeau, Ariel Ifergan, Isabelle Blais,
Jean-Moïse Martin et Luc Bourgeois





Texte: J.T. Rogers

Mise en scène: Édith Patenaude

Traduction: David Laurin

Interprétation:
Emmanuel Bilodeau, Isabelle Blais, Félix Beaulieu-Duchesneau, Luc Bourgeois, Jean-François Casabonne, Steve Gagnon, Reda Guerinik, Ariel Ifergan, Marie-France Lambert, Justin Laramée, Jean-Moïse Martin et Manuel Tadros



samedi 8 septembre 2018

Féerie lumineuse au Jardin botanique



Texte original d'Esther Hardy

Crédits photos: Claude Lafond et Jean-François Hamelin

Le Jardin botanique revêt ses plus beaux atours dans sa nouvelle mouture du « Jardin des lumières » automnale. Pour cette 7e édition, nous avons droit à un parcours de trois jardins culturels illuminés, soit comme à l’habitude le Jardin de Chine, puis le Jardin des Premières nations et finalement, le Jardin japonais.


Et pour rendre cette visite encore plus agréable, L’espace pour la vie innove avec des réservations à l’avance, par tranche horaire, pour éviter que les visiteurs marchent à la file indienne dans les sentiers, se cognent sur les talons les uns des autres et ainsi perdent le plaisir ! Une excellente initiative qui permettra de visiter librement ce parcours enchanteur et de se délecter à sa guise de la féerie des lieux.





Autre innovation appréciable qui a retenu notre attention…
Pour la seconde année, le Jardin des premières nations emboîte le pas et pour cette 7e édition, ils nous offrent une féerie sylvestre qui débute par une promenade déambulatoire parmi des projections étoilées dans les sous-bois et qui à son apogée, se termine par une expérience multimédia, une magnifique dramatisation filmée sur l’arbre sacré! Franchement, très agréable!!








Comme toujours, le Jardin de Chine s’est paré de magnifiques lanternes flottantes!  Cette année, elles racontent une histoire de pêche avec des figures mythiques associées à l’eau. La visite se conclue au Jardin japonais, où l’on retrouve le calme proverbial de cette tradition dans une contemplation de la nature sous un éclairage poétique. 






Revenons à la beauté de ces lumières… Les lanternes sur l’eau nous ont encore une fois éblouis, celles dans les sentiers rendent les lieux toujours aussi féeriques, mais c’est celui des Premières nations qui nous a le plus enchanté! Marcher dans la noirceur guidée par ces jolies lumières est comme marcher dans un rêve éveillé… On se sent à la frange de la réalité…





L’ouverture et la disponibilité des bénévoles nous ont étonnés. Au lieu d'encadrer le public avec une rigidité excessive ce qui deviendrait désagréable, ils l’accueillent avec leurs délicieuses pâtisseries aux graines de lotus et leur thé au jasmin, cherchant à contribuer à notre plaisir et à notre belle visite. Jouant leur rôle avec élégance et courtoisie, ils nous offrent des sièges improvisés durant la dégustation, sans limiter l’espace de repos nécessaire de cette agréable randonnée. 





Cette visite annuelle est toujours un rendez-vous enchanteur en ce début d’automne. Nous avons beaucoup aimé notre soirée sous les étoiles et comptons même y retourner avant la fin le 1er novembre…


N’oubliez pas votre caméra… les images souvenirs en valent vraiment le détour!


Bonne visite…


Voici le lien pour réserver:

Sélectionner Le Jardin des Lumières et tout ce que vous désirez voir!