samedi 30 juillet 2016

Tragédie amoureuse au JPR


Publié par Esther Hardy le Sam. 30 juillet 2016 à 13h45 - Contenu original


Crédit photos: Yves Renaud

Dans le cadre du Festival Juste pour Rire, la mythique œuvre théâtrale : « Roméo et Juliette » mise en scène par Serge Denoncourt est présentée jusqu’au 20 août au Théâtre du Nouveau Monde. La pièce maîtresse et légendaire pour ses amours impossibles, du célèbre répertoire de William Shakespeare se joue dans un cadre très particulier et selon la mise en scène du juge le plus controversé des « Dieux de la danse ». Celui-ci nous a de surcroît fait découvrir une distribution de nombreux nouveaux talents.




Tous les interprètes: Mikhaïl Ahooja, Marion Barot, Alex Bergeron, Nathalie Breuer, Jean-François Casabone, Lévi Doré, Antoine Durand, Marianne Fortier, Guillaume Gauthier, Sarah Cloutier Labbé, Gabriel Lemire, Debbie-Lynch-White, Jean-Moïse Martin, Benoît McGinnis, Jean-François Pichette, Simon Pigeon, Catherine Proulx-Lemay, Mathieu Richard, Guillaume Rodrigue et Philippe Thibault-Denis.


Dès l’ouverture du rideau, le personnage du Prince de Vérone (Jean-Moïse Martin) qui se présente habillé en fasciste de l’Italie de Mussolini, nous indique l’époque et l’autorité sous laquelle ce drame amoureux se jouera, soit l’Italie de la 2eguerre mondiale. Puis, la beauté du chœur qui est en fait l’union des voix de tous les interprètes en une seule, propulse cette mise en bouche en une œuvre digne du 400e anniversaire du décès de son auteur William Shakespeare.




Catherine Proulx-Lemay et Debbie Lynch-White


Les premières scènes nous plongent ensuite dans une ambiance semi-burlesque qui sied aux Productions Juste Pour Rire. On rit de bon cœur aux pitreries du personnage de Samson, dignement interprété par Guillaume Gauthier. La nourrice de Juliette et ses montagnes russes émotives ajoutent l’ingrédient judicieusement agencé aux amoureux de Vérone, si bien qu’on ne peut détacher notre regard de cette joviale Debbie Lynch-White qui nous séduit avec sa généreuse spontanéité et avec l'adresse de son puissant son jeu. Elle rayonne de tous ses feux!


Et voilà, la table est mise pour de dramatiques renversements attendus et espérés du public, dans la vie de ces jeunes pubères qui se noieront dans leurs idéaux amoureux surdimensionnés et impossibles à assumer. La candeur, la sensibilité et la spontanéité de Marianne Fortier en Juliette et de Philippe Thibault-Denis en Roméo arrivent à nous toucher, malgré leur amour qui manque outrageusement de l’essentiel magnétisme implicite à cette légendaire tragédie des plus passionnée.





Benoît McGinnis







Jean-François Casabonne et Levi Doré


Soulignons l’apport inestimable des vétérans à cette production, soit entre autres : la solide interprétation de Benoît McGinnis dans un Mercutio provoquant, libre, fougueux, néanmoins toujours séduisant; celle essentielle de Jean-François Casabonne en un Frère Laurent généreux, charismatique et bienveillant; Catherine Proulx-Lemay en une Lady Capulet à la fois féminine, gracieuse et autoritaire, ce qui en fait une maman de Juliette irrésistiblement charmante; sans oublier son époux, Antoine Durand dans une belle interprétation très convaincante du père Capulet autoritaire, aimant et dignement déchiré.





Debbie Lynch-White, Catherine Proulx-Lemay, Marianne Fortier et Antoine Durand


La scénographie, et particulièrement celle du balcon, est astucieuse et confirme le talent du scénographe Guillaume Lord. Soulignons aussi les très belles scènes de combat plus que convaincantes qui mettent en exergues l’enthousiasme de la jeunesse, élégamment coordonnées par Jean-Pierre Fournier.



François Barbeau


Un hommage de bon aloi a été offert au maître costumier, François Barbeau, lors de la scène du bal. Afin de garder bien en mémoire son talent incontesté, chaque comédien portait le costume d’un personnage d’une somptueuse production québécoise (Amadéus en 2009, Cyrano de Bergerac en 2014, La Dame au Chaméléa en 2006…) où François Barbeau a assumé le rôle de costumier. Toujours actif dans le milieu à 80 ans, il est décédé en janvier dernier. Cet homme illustre a enseigné son art, en plus de participer à la conception des costumes de 660 productions tant à l’écran qu’au théâtre.




Antoine Durand et Mikhaïl Ahooja



Comme le dit si bien le metteur en scène Serge Denoncourt au sujet de cette pièce : « L’amour qui frappe comme l’éclair et qui ne peut survivre à sa propre violence. L’amour comme réponse naïve, utopique et vaine aux violences de la guerre… Cette envie de paix ne peut exister que dans le cœur et l’esprit adolescent. C’est à 15 ans qu’on croit pouvoir changer le monde. »





Philippe Thibault-Denis et Marianne Fortier


Roméo et Juliette vivent cette puissance de sentiment qui ne tolère aucun obstacle. À ce jeune âge adolescent prend racine les idéaux les plus puissants et l’on croit avec fermeté en ceux-ci, on croit que l’utopie est inaccessible que dans le regard des autres et que de se battre pour ce qu’on croit fait partie de sa nature!


Et sur l’interprétation, il ajoute : “C’est une génération d’acteurs qui a peut-être la naïveté de la jeunesse. La foi du début... et si Roméo et Juliette avaient raison…”


Nous aurions aimé que la relation amoureuse de nos tourtereaux atteigne la beauté des réflexions de l’esprit… Ces nouveaux talents y arriveront sûrement, puisqu'il leur reste trois semaines pour y parvenir…

vendredi 22 juillet 2016

La craquante Francine Lareau au Juste Pour Rire


Publié par Esther Hardy le Ven. 22 juillet 2016 à 9h55 - Contenu original

Crédit photos: Michel Hannequart

Craquante et coquine aussi! Charmante! Drôle et touchante!

Voici Francine Lareau, la nouvelle humoriste dont je vous ai déjà parlé et que vous pouvez découvrir dans son 2espectacle: « Merci Manda, La Poune, Dodo, Denise, Clémence et tant d’autres!!! », une célébration de 100 ans d’humour au féminin présenté jusqu’au 23 juillet à la salle Claude-Léveillée de la Place des Arts dans le cadre du Festival Juste Pour Rire.

Il fallait s'y attendre, après tant de succès, ça y est! La comédienne de formation qui a débuté il y a quatre ans son premier show, Chus pas connue (encore!), a fait son chemin. Son 2e spectacle solo lui taille une place dans la cour des humoristes du Festival Juste pour rire. Elle a gagné son pari : « C’est possible de faire de l’humour en parlant de ce qui nous touche et de ce qui nous inspirent de beau dans ce monde! ».






« Merci Manda, La Poune, Dodo, Denise, Clémence et tant d’autres!!! » est un très bon spectacle, bien structuré, drôle et touchant. Francine nous présente avec ferveur son superbe hommage aux pionnières de l’humour. Apr`s un travail colossal de recherche dans les archives de Radio-Canada et après avoir consulté une imposante documentation sur nos géantes depuis le début du siècle, elle nous raconte avec espièglerie ses coups de cœur. Elle nous parle avec émotion de son admiration pour ces battantes, ces pionnières et monstres sacrés qui ont façonné l’humour féminin et tout notre paysage artistique québécois!


De plus, Francine le souligne: Manda, La Poune et toute leur bande ont longtemps été boudées par les diffuseurs. Ce n’est qu’à la fin de sa longue et impressionnante carrière que Rose Ouellette (La Poune) a enfin été invitée à une émission télévisée.






Merci Francine! Un magnifique hommage qui disons-le, était nécessaire. Un devoir de mémoire, un plongeon dans les fondations de notre culture que seule une artiste avec des qualités de conteuse, de comédienne, d’humoriste et d'authenticité pouvait rendre aussi agréable.


Francine a une belle répartie et avec son coquin talent d’improvisatrice, elle joue avec le public. Elle réinvente les taquineries hommes/femmes, nous fait craquer avec son interprétation du décalage des générations et des différences de perceptions. Elle est excellente pour attraper des situations au vol et les utiliser pour inclure tout son auditoire, même avec les personnes mal à l’aise qui arrivent en retard ou qui ont une urgence au petit coin. Très à l’aise sur scène, elle anime le public, le taquine à travers ses numéros et le fait participer. Les gens se laissent charmer et sont conquis.



Tout comme La Poune le disait : « Francine aime son public! » Naïve, accessible, humble, simple et authentique, Francine m’a fait rire, m’a touché et m’a ému aux larmes.





Ne manquez pas son délicieux spectacle jusqu’au 23 juillet à la Salle Claude-Léveillée de la PDA!


En référence à ce spectacle, au parcours et à la carrière de Francine, vous pouvez consulter ma chronique du 18 mars dernier sur « Esther aux premières loges »!

jeudi 7 juillet 2016

L'enchantement de Mary Poppins



Publié par Esther Hardy le Jeu. 7 juillet 2016 à 17h00 - Contenu original


Dans le cadre de la 34e édition du Festival Juste pour rire, les productions du même nom et leurs partenaires présentent la célèbre comédie musicale Mary Poppins au Théâtre St-Denis. La légendaire et délicieuse nounou qui réjouit les cœurs des petits comme des grands depuis maintenant plus de quatre-vingts ans, chante à nouveau « Supercalifragilisticexpidélicieux» jusqu’au 28 juillet au Théâtre St-Denis.

Imprégnée du tourbillon magique de cette magnifique version québécoise, je suis toujours sous le charme en écrivant ces lignes !!! Une grandiose production, impeccablement mise en scène par Serge Postigo. Le pari du Festival Juste pour rire est grandement accompli et plus que dépassé. La légendaire comédie musicale Marie Poppins, incarnée par la talentueuse Joëlle Lanctot, fait un tabac bien mérité au St-Denis.



Serge Postigo


Serge Postigo en assume non seulement la mise en scène, mais aussi la traduction et l’adaptation, il a accompli un travail colossal et franchement magnifique! Chapeau M. Postigo! Si quelqu’un avait le moindre questionnement sur la qualité de son travail, tout doute est aboli, car la haute qualité de son oeuvre est sans équivoque. Serge Postigo obtient des lettres de noblesse assurées avec ce spectacle. Une production majestueuse où les cœurs d’enfants de tous les âges s’éveillent et se laissent porter par le tourbillon de ce spectacle enchanteur.


Dès l’ouverture un feu roulant s’amorce et il ne ralentira seulement que quelques minutes durant l’entracte. Soudainement, j’ai huit ans et tout comme le reste du public, j’applaudis à chaque scène, débordant d’enthousiasme, le cœur d’enfant éveillé, en pâmoison, tel une fan finie.




Alexandra Sicard, Isabeau Proulx-Lemire, Élysabeth Rivest,
René Simard, Claire Jacques et Alessandro Gabrielli


Le public est subjugué par la mise en scène tout en arabesque, des décors grandioses, des costumes élégants et sobres à la fois, parfaitement agencés aux délicieux personnages, des chorégraphies dynamiques, enthousiastes et bien construites, et un jeu d’acteurs talentueux coquins et créatifs. Sans oublier, les harmonieux changements de décor littéralement féerique!! Les chansons, la musique, les trucages, la jonglerie des accessoires, tout est pensé, fignolé, peaufiné à l’extrême!! Arriver à un tel niveau de qualité sur scène est surprenant. On se croirait au cinéma tellement tout est réglé au quart de tour.


"Les problèmes nous paraissent moins gros quand on les regarde d'un peu plus haut!"



Je suis impressionnée par la qualité, par l’incroyable quantité de travail, par le raffinement et la perfection accomplies par cette étonnante équipe de production québécoise. Rien n’a été laissé au hasard!



Claire Jacques, René Simard, Élysabeth Rivest 
et Isabeau Proulx-Lemire


De plus, je salue l’extraordinaire travail des machinistes en coulisses qui arrivent à faire bouger des objets avec tant de dextérité et de rapidité, et ce, en restant harmonieux pour préserver la magie!! Telle une danse, chaque déplacement scénique se fait avec beauté et en parfaite synchronicité. Il n’y a aucun temps mort!!! Les comédiens sont entourés par une équipe très solide!!! Ils peuvent s’appuyer sur eux pour déployer leur art sans crainte de mésaventures dans la scénographie, ce qui ralentirait la course folle de cette grande roue magique qui tourne avec dextérité!!!

Je ne taris pas d’éloge… c’est une production digne de Broadway!!!



René Simard

Soulignons l’audace du choix de cette imposante distribution de trente et un personnages, une majestueuse troupe de nouveaux comédiens qui disons-le, étaient peu connus jusqu’à aujourd’hui. Naturellement, notre René Simard national trône fièrement en père austère (Mr Banks) au centre de tout ce beau monde. Notons particulièrement la superbe Joëlle Lanctot qui incarne splendidement Mary Poppins et le jovial Jean-François Poulin qui joue un charismatique Bert coquin à souhait.



Jean-François Poulin et Joëlle Lanctôt

"Un vent qui laisse les cheveux intacts, mais qui décoiffe le coeur!"



Ils sont entourés d'Élisabeth Rives, naïve et originale en Misses Banks et des incroyablement talentueux enfants, Alexandra Sicard et Alessandro Gabrielli. Une troupe de danseurs ramoneurs exceptionnelles les accompagne et Claire Jacques dont nous sommes fières de voir incarner une savoureuse Mrs Brill, la craquante bonne qui séduit le public en quelques répliques!! Normand Carrière en Gardien du Parc, Katee Julien en Mrs Corry, Isabeau Proulx-Lemire en Robertson Ay et Marie-Pier Jean dans le rôle de Miss Smithe nous ont charmés!!!


Comme mentionnée précédemment, la qualité des chorégraphies nous a séduites! Deux d’entre elles ont particulièrement retenu notre attention : l’époustouflante chorégraphie des ramoneurs, comparable à la qualité des chorégraphies de Michael Flattely (Lord of the danse) avec la même impeccabilité de rythme, et celle de la confiserie, une fête enthousiaste, éclatée et drôle!!!!




Alexandra Sicard, Joëlle Lanctôt, Marie-Pier Jean 

et l'ensemble des danseurs comédiens


C'est un grand spectacle de qualité digne des belles productions de Broadway que nous a préparé le Festival Juste pour rire… À un tel point, que je m'attendais à marcher sur Time Square en sortant du Théâtre St-Denis.


À mon humble avis, cette unique traduction française dans le monde va sûrement se jouer en France éventuellement… Contrairement à l'habitude des comédies musicales qui sont d’abord jouées en France et sont ensuite importées ou adaptées au Québec, le niveau de qualité de Mary Poppins signé Serge Postigo justifierait l’exportation de cette production québécoise en tournée européenne. Je fais ici une prédiction de ma boule de cristal personnelle et non pas une annonce officielle.




Joëlle Lanctôt et toute la troupe de comédiens

Mary Poppins, son histoire…


C’est d’abord un roman de l’auteure australienne Pamela L. Travers publié en 1934. Le succès du livre a naturellement chatouillé Walt Disney qui en a fait un film réalisé en 1964 par Robert Stevenson avec Julie Andrews dans le rôle-titre. Le succès du film a fait boule de neige et voilà que la pièce a été acclamée sur Broadway avec 2500 représentations et récompensée par 9 Laurence Olivier Awards (Londre) et 7 Tony Awards (New York) avec celui de la Meilleure comédie musicale.


Mary Poppins nous a fait rire, nous a émus, nous a fait rêver…c'était magique!!!

À un tel point que nous songeons à la revoir avant la fin de la saison… Ne la manquez pas!