vendredi 31 mai 2019

FTA - CUCKOO - la cuisson des Sud-Coréens




Texte original d'Esther Hardy
Crédits photos: Radovan Dranga 


Exilé de sa patrie sud-coréenne, Jaha Koo prend le recul nécessaire pour mieux comprendre les enjeux qui ont provoqué une dégradation extrême de la qualité de vie de ses compatriotes telle qu’elle est devenue aujourd’hui. Présentée du 30 mai au 2 juin à la Cinquième salle de la Place des Arts dans le cadre du FTA, Cuckoo exprime sa vision en un résumé créatif, intime et à la fois doux et amère de ce qui est advenu de sa patrie.


« Mon père me demande souvent si j'ai bien mangé. C'est sa façon de dire bonjour en coréen. Souvenirs d'un temps où on ne mangeait pas à notre faim. » 






Créateur original, Jaha Koo utilise sa relation avec son appareil favori, un cuiseur à riz de la populaire marque Cuckoo, pour illustrer ses blessures, ses attachements et nous raconter la vie et les mœurs sud-coréennes. Par le biais du théâtre documentaire, nous découvrons à nouveau le regard qu’un citoyen pose sur sa patrie qui jusque-là nous était étrangère! Cuckoo est en ce sens un excellent médium pour mettre la loupe sur les problèmes sociaux découlant des décisions politiques, de l’entente avec le FMI (Fonds monétaire international) et de l’ingérence des États-Unis dans la politique interne de la Corée du Sud.


« Comment peux-tu être heureux dans le monde actuel? » 


Pimentant avec humour son propos à l’aide des trois cuiseurs à riz qu’il nomme : Cuckoo, Séri et Hana, et qui symbolisent la réussite industrielle de la Corée, Jaha les utilise comme réplique de jeu au point qu’ils deviennent des complices aussi présents et réconfortants dans sa vie quotidienne que le serait la présence d’une intelligence artificielle. Terriblement amusants, ces appareils pratiques et ludiques se permettent d’exprimer leur opinion et ne ratent jamais une occasion de se chamailler, de s’engueuler et même de chanter : 




« Moi, je peux parler aussi! Et j’ai même des lumières Dell en couleur. » Séri 

« Qu'est-ce qui dit qu'un cuiseur à riz est destiné à cuire du riz toute sa vie?! » Séri 
« Fuck you! » Cuckoo


Jaha Koo fait un parallèle entre les étapes de cuissons du riz (l’eau bouille de plus en plus, le riz commence à cuire, puis devient moelleux) et la pression que subissent les Coréens poussés par le changement capitaliste à atteindre des niveaux de performances inhumains. Les conséquences désastreuses sont nombreuses : un stress constant, le deuxième taux de suicide le plus élevé au monde, au point que beaucoup de Sud-Coréens finissent par décider de quitter leur patrie pour s’établir ailleurs afin d’avoir une meilleure qualité de vie, et ce, malgré le sentiment d’isolement. Néanmoins, comme le mode de vie et les traditions sont extrêmement différents de leur pays, ils vivent de grandes difficultés d’adaptation et se sentent rapidement perdus entre les codes de vie coréenne et européenne. 

 



« Mon cœur se meurt! » 


À dix-neuf ans, Jaha Koo quitte la Corée du Sud pour vivre aux Pays-Bas et poursuivre ses études en théâtre jusqu’à la maîtrise. Il a vécu toutes ces difficultés et au final, il se sent seul et isolé!


Parlant de son ami qui s’est suicidé : 
« Pendant des années j'ai essayé de trouver une signification å la mort de Jerry. » 





Vivant à Amsterdam et Bruxelles, Jaha se considère plutôt un créateur qu’un acteur ou un metteur en scène. Il imagine des spectacles illustrant son histoire intime, celle de la jeunesse sud-coréenne, des enjeux sociaux et politiques de son pays. Cuckoo s’inscrit à l’intérieur d’une trilogie dont il est le 2e volet. Le premier, Lolling and Rolling présenté en 2015 ouvrait son admonestation contre l’américanisation de son pays, il traitait entre autres des défis que vivent les coréens pour apprendre l’anglais. La dernière partie de cette trilogie sera présentée en 2020.


« Quand on est heureux, on a le temps de penser aux autres. » 





Nous sortons enrichis de ce spectacle, touchés de connaître la réalité des Sud-Coréens et de ce qu’ils ont à combattre pour maintenir un minimum de qualité de vie acceptable. Dorénavant conscients de leur défis quotidiens et de leur combats pour produire leurs denrées, nous portons un regard plus humains, ne serait-ce que sur les voitures sud-coréennes qui n’auront plus la même valeur à nos yeux.
 

Présenté à la 5e Salle de la Place des  Arts jusqu'au 2 juin.


Un spectacle de Kunstenwerkplaats Pianofabriek
Production déléguée CAMPO
Conception, mise en scène, texte, musique et vidéo Jaha Koo
Interprétation Hana + Duri + Seri + Jaha Koo
Programmation des Cuckoos Idella Craddock
Scénographie et régie Eunkyung Jeong
Conseil dramaturgique Dries Douibi

Production déléguée CAMPO (Gand)
Coproduction Bâtard Festival (Bruxelles)
Avec le soutien de CAMPO (Gand) + STUK (Louvain) + BUDA (Courtrai) + DAS (Amsterdam) + Seoul Foundation for Arts and Culture + Noorderzon – Grand Theatre Groningen + Vlaamse Gemeenschapscommissie (Bruxelles)

Présentation en collaboration avec Place des Arts + Centre Phi



mercredi 29 mai 2019

FTA - Granma. Trombones de La Havane



Milagro Alvarez Leliebre, Daniel Cruces-Pérez, Christian Paneque Moreda et Diana Sainz Mena



Texte original d’Esther Hardy
Crédits photos: courtoisie FTA


Les petits-enfants des compagnons de Fidel Castro prennent la parole pour traduire leur héritage en spectacle, c’est par ce désir de passation que Granma. Trombones de La Havane a vu le jour. Ce manifeste transposé en théâtre documentaire est présenté au Monument national du 28 au 30 mai dans le cadre du FTA (Festival Trans Amérique). Une rencontre avec les artisans suivra la représentation de la première le mardi 28 mai.


De l’eau est passée sous les ponts depuis la révolution cubaine, d’abord la mort de Fidel Castro, la venue d’Obama et toute la trame de la vie sociale et politique ont changé pour les Cubains. Jusqu’à tout récemment, les Rolling Stone étaient interdits sur le sol cubain, alors leur venue en mars 2016 devant 500 000 personnes réunies à La Havane témoigne de cet incroyable changement!





Les artisans de la révolution maintenant devenus octogénaires, leurs petits-enfants rêvent à leur tour de créer une utopie aussi passionnante que celle que leurs aînés ont tenté de réaliser. C’est sur scène qu’ils ont choisi de vivre leur fantasme en incarnant leurs propres grands-parents pour revivre ces moments enflammant chargés d’une grande espérance!




Stefan Kaegi 


Stefan Kaegi du collectif Berlinois Rimini Protokoll sentant que Cuba est à un moment charnière de son évolution a voulu le magnifier en créant ce spectacle avec les héritiers des protagonistes de la révolution cubaine. Lola Arias l’a invité à donner un atelier dans le Centre de recherche cubain «Residencia documenta sur – Laboratorio Escénico de Experimentacion social» de La Havane et lui a demandé de trouver un sujet de recherche. Habitué à venir à Cuba, il songeait depuis longtemps aux impacts de la révolution, alors le sujet s’est imposé. Ensuite, le travail de recherche sur l’histoire s’est amorcé pour trouver les protagonistes de la Révolution, étudier leur histoire, faire les liens avec les petits enfants, etc. Cinquante entrevues plus tard et avec le travail de jeunes artistes cubains, le choix des quatre jeunes comédiens qui racontent l’histoire s’est fait et les répétitions ont débuté.



« La parole n’est pas faite pour couvrir la vérité, mais pour la dire! »




Milagro Alvarez Leliebre


Sur une scène dénudée où seul, une vieille machine à coudre manuelle et un gros lutrin trônent en guise de scénographie, Milagro Alvarez Leliebre vient nous raconter la vie de sa grand-mère qui a agi dans l’ombre et a entre autres gagnée son pain en cousant des vêtements pour les soldats. Ce sera ensuite Daniel Cruces-Pérez qui nous fera le récit des aventures de son grand-père et ses interventions au sein du nouveau gouvernement pour aplanir les différences sociales entre classes riches et pauvres suivant la révolution.



« Deux millions de Cubains vivent à l’étranger. »




Christian Paneque Moreda



Puis Christian Paneque Moreda, petit fils d’un homme aussi très engagé dans la révolution, nous raconte son admiration pour son aîné qui a entre autres distribué un journal anti-Batista (Chef du régime antidémocratique cubain).



Avec eux, nous apprenons comment se sont fomentés les préparatifs qui ont mené à la révolution cubaine avec Fidel Castro et Che Guevara, le récit du débarquement de la Baie des Cochons, la formation des soldats en Russie, etc..


« Construit aux États-Unis, le Granma était le nom d’un yacht qui a transporté les révolutionnaires afin qu'ils puissent accoster à un endroit stratégique de Cuba. »



Diana Sainz Mena



Puis Diana Sainz Mena, nous raconte comment son grand-père musicien a accompagné les soldats partout dans le monde durant plusieurs décennies pour rehausser leur moral. Et avec ses trois compères, ils nous jouent des airs de trombones, instrument important pour eux!



Naturellement, le spectacle est en espagnol avec surtitre français et anglais. Par contre, Daniel qui travaille pour une firme d’informatique canadienne dans son pays, nous parle de temps à autre en anglais. Des projections vidéo avec des extraits récents et du passé de leurs grands-parents, des films et des photos agrémentent leurs récits et nous présentent une vision vivante de ces protagonistes de la révolution cubaine.



Milagro Alvarez Leliebre



Dès les premières minutes, nous sommes touchés par l’ouverture, la convivialité des Cubains et le désir de visiter leur pays pour en savoir encore plus sur la transformation majeure qu’ils ont vécu et leurs aspirations toujours vives d’avancer dans une société de plus en plus égalitaire attise notre intérêt qui ne fera que croître jusqu’à la fin. Nos jeunes comédiens cubains sont d'excellents ambassadeurs de leur pays!

En résumé, un Berlinois est allé à la rencontre de Cubains pour créer un manifeste culturel patriotique et produit le spectacle en collaboration avec des compagnies suisse, italienne, grecque, allemande, québécoise et cubaine! On doit admettre que le mélange des cultures est ici fort constructif et extrêmement fécond!

Merci au FTA!!!


Un spectacle de Rimini Protokoll + Théâtre Maxim Gorki
Conception et mise en scène Stefan Kaegi
Interprétation Milagro Alvarez Leliebre + Daniel Cruces-Pérez + Diana Osumy Sainz + Christian Paneque Moreda
Dramaturgie Aljoscha Begrich + Yohayna Hernández
Scénographie Aljoscha BegrichVidéo Mikko Gaestel
Musique Ari Benjamin-Meyers
Recherche Residencia Documenta Sur – Laboratorio Escénico de Experimentación Social (La Havane)
Recherche et entrevues (Cuba) Taimi Diéguez Mallo + Karina Pino Gallardo + Maité Hernández-Lorenzo + José Ramón Hernández Suárez + Ricardo Sarmiento Ramírez
Assistance à la scénographie Julia CasabonaCollaboration Vidéo Marta María Borras
Coordination de production Maitén Arns


Coproduction Festival TransAmériques + Emilia Romagna Teatro Fondazione (Modène) + Kaserne Basel (Bâle) + Onassis Cultural Centre (Athènes) + Staatsschauspiel Dresden (Dresde) + Théâtre Vidy-Lausanne + LuganoInscena-LAC (Lugano) + Zürcher Theaterspektakel (Zurich) Avec le soutien de German Federal Cultural Foundation + Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture + Swiss Arts Council + Senate Department for Culture and Europe + Goethe-Institut Havana


Présentation en collaboration avec Monument-National + Carrefour international de théâtre (Québec) 
Avec le soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture + Goethe-Institut Montréal + Ministère fédéral des Affaires étrangères d’Allemagne

Les FRANCOS s'en viennent!!



Texte d'Esther Hardy
Crédits photos Courtoisie des Francos


Même si la chaleur se fait rare en cette fin de printemps, les activités estivales et le bonheur qu’elles suscitent seront au rendez-vous très bientôt! Avec ses réjouissants plaisirs musicaux et ses nombreux artistes, la 31e édition des Francos promettent de nous séduire à nouveau du vendredi 14 au samedi 22 juin.   L’organisation a dévoilé les nombreux artistes qui nous feront danser sur la place des festivals et en salle. 

D'abord, voici une liste non exhaustive des spectacles en salle…



 Pierre Lapointe



Habitué des Francos, Pierre Lapointe récidive dans une nouvelle prestation à la Maison symphonique où il sera accompagné de l’orchestre Métropolitain, pour présenter son nouveau spectacle La science du cœur version symphonique inspiré de l’album du même nom paru en 2017.






Et avec bonheur, le spectacle La Renarde, sur les traces de Pauline Julien revient en force à la Maison Symphonique avec sur scène : Erika Angell, Émilie Bibeau, Isabelle Blais, Fanny Bloom, Sophie Cadieux, France Castel, Frannie Holder, Queen Ka, Louise Latraverse, Amélie Mandeville et Ines Talbi qui en a eu l’idée et assure aussi la mise en scène.



Tire le coyote


De son unique voix vibrante, Tire le coyote viendra présenter son quatrième album Désherbage au Théâtre Maisonneuve de la Place des arts avec Alexandra Stréliski son invitée spéciale. Sa voix qui nous fait vibrer avec la sensibilité de ses puissants textes risque de nous réjouir d’autant plus avec cet album qui fait l’unanimité.




Diane Tell


Intronisée au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens en 2017 avec sa chanson Moi si j’étais un homme, ce monument de la chanson québécoise, l’inspirante Diane Tell sera à la Cinquième Salle de la Place des Arts pour nous gratifier de ses chansons intimes. Femme artiste indépendante, elle gère sa maison d’édition, produit et autofinance ses albums et détient les droits de tout son catalogue.



Paul Daraîche


L’icône du country québécois Paul Daraîche sera au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts. Avec ses 50 ans de carrière et deux millions d’albums vendus, il nous bercera avec ses airs tantôt mélancoliques, tantôt dynamiques de son nouvel opus Ma maison favorite qu’il a concocté avec ses amis.



Émile Proulx-Cloutier


À son tour, Émile Proulx-Cloutier visitera la Cinquième Salle de la Place des Arts pour nous présenter son dernier album Marée haute qui a fait l’objet d’une entrevue lors de son lancement. Avec ses rythmes puissants, ses textes sensibles, engagés et conscients, il nous entraînera dans sa superbe poésie!





Le controversé Hubert Lenoir fera trois soirs aux Foufounes électriques dans son ultime spectacle de l’album Darlène qu’il présente pour la dernière fois à Montréal. Il a même pris la peine d’écrire au public pour l’avertir qu’il désire en terminer avec ce spectacle qui selon lui, le bouleverse trop pour continuer à le présenter. (Sa lettre : https://www.francosmontreal.com/fr-CA/Spectacles/Details/13415)


Et naturellement, les scènes extérieures sont loin d’être en reste, elles nous feront vibrer plus que jamais avec des dizaines d’artistes! Voici une liste abrégée des spectacles des scènes extérieures :


 Ariane Moffatt


Nous aurons droit à de multiples retours d’artistes qu’on adore entendre comme : Ariane Moffatt qui inaugurera la première soirée avec le show le plus néo-soul-disco-pop-électro-funky des Francos!



Marc Déry


La touchante Safia Nolin viendra nous bercer avec ses invités, tout comme le talentueux Émile Bilodeau aura les siens. Nous aurons aussi le plaisir d’entendre les charmants 2Frères, l’inspirant Koriass qui nous rappelle nos racines, le romantique Luc De Larochelière avec ses sublimes textes ainsi que le mélodieux Marc Déry présentera son répertoire avec nul autre qu'Ariane Moffatt, Marie-Pierre Arthur et Daniel Bélanger! Des surprises comme Salebarbes, un groupe formé de George Belliveau, Jean-François Breau, Kevin McIntyre, Éloi et Jonathan Painchaud qui revisitent la tradition acadienne. Dumas sera là également pour nous faire virevolter sur ses notes!




Andréanne A. Malette



Caracol


D’autres surprises et des redécouvertes sauront nous séduire de leur talent en pleine effervescence comme l’auteure-compositrice-interprète Andréanne A. Malette, la rafraîchissante Caracol qui propose une musique indie pop entraînante, le vétéran Daniel Boucher avec ses belles mélodies





Fouki


Stefie Shock


Sans oublier le rappeur très apprécié Fouki, le groupe hip hop Sans Pression et ses invités, l’électrique Stefie Shock avec sa pop entraînante, le groupe québécois Kaïn qui arrive d’une tournée intimiste et risque de nous impressionné, Vulgaires Machins groupe punk-rock québécois et un véritable Ovni musical qu’est Les Négresses Vertes. Et beaucoup d’autres viendront pour nous faire vibrer sur les pavés du Quartier des spectacles…






Le samedi 22 juin est la soirée spéciale de Vincent Vallière où il présente ses invités : Patrice Michaud, Les Sœurs Boulay, Ingrid St-Pierre et Émile Bilodeau avec la participation exceptionnelle des étudiants de Secondaire et Cégeps en Spectacle : Vicky Paquet, William Beauchamp, Vivianne Ouellet, Éléonore Crépin, Samantha Hamel et Loriane Costantino.



Et il y en a beaucoup d’autres que vous connaissez ou que vous aimerez découvrir, car ceci n’est qu’un avant-goût du riche programme des Francos 2019!



Coeur de Pirate


Consulter les détails de la programmation pour connaître les horaires et réserver vos billets :



Alex Nevsky

Bonnes Francos!!

vendredi 24 mai 2019

FTA - Quasi Niente - regard bienveillant sur la mélancolie!




Texte original d'Esther Hardy
Crédits images:  FTA



Comme premier spectacle au FTA (Festival Trans Amériques) cette année, nous assistons à Quasi Niente (Presque rien), interprétée par des comédiens italiens avec une délicatesse surprenante pour parler de l’incapacité à être à la hauteur de la vie. Présentée les 23-24 et 25 mai sur la scène de l’Usine C, librement inspirée du film Le désert rouge de Michelangelo Antonioni, un spectacle de Daria Deflorian et de Antonio Tagliarini habitués du FTA, en coproduction européenne, interprétée par les créateurs et les comédiens Francesca Cuttica, Monica Piseddu et Benno Steinegger.


Sur la large scène de l’Usine C, avec pour seul élément scénique deux commodes, un fauteuil et deux chaises désorganisés et placés de façon aléatoire, un comédien se tient en fond de scène derrière un rideau de projections, bien accoté au mur et regarde stoïquement le public prendre place sur leur siège. En avant-scène, une petite boîte de son diffuse une musique « d’ascenseur » pour accompagner ce rituel pour le moins inusité.




"C'est déjà une épreuve de force de dire: je n'y arrive pas."


Étonnamment à 20 h sans que les lumières se tamisent et donnent le départ du spectacle, le public baisse le ton. Cinq autres comédiens se placent tout autour du premier. Une comédienne s’avance et s’adresse au public en italien avec surtitre français et anglais projetés sur le rideau. Ainsi s’amorce une série de monologues de tous les comédiens qui se relayeront à tour de rôle, partageant avec nous leur discours intérieur, leurs pensées intimes, leur découragement et leur amusement.


"Je passe mon temps à m'auto interrompre!  Un vrai flipper!"


Nous aurons droit à de bienveillantes confidences sur leurs pensées intimes, sur un ton simple, accessible avec humour et finesse. Utilisant des comparaisons cocasses, leur ton me rappelle celui des humoristes lorsqu’ils nous parlent des choses simples du quotidien, mais ici c’est avec un niveau de raffinement et de qualité tout autre qui nous rappelle le bel art italien!




"Donner aux autres ce qu'on n'a pas, marcher en regardant autour de soi!"


Avec une grande humanité, faisant un parallèle entre les « spleens » respectifs de cinq personnes d’âges différents qui ont justement cet état d’âme mi découragé mi-exaspéré en commun. Incapables de sortir de leur propre barrière, ils tenteront sans trop de réussite à communiquer et à exprimer leur mal d’être. S’en suivront des difficultés qu’ils finiront par dépasser avec un humour qui leur permettra de s’ouvrir partiellement les uns aux autres… 


"Puisqu'il n'y a pas de futur, nous n'avons rien à perdre.  Je me moque des grands espaces.  Je cherche des espaces existentiels.  Pour de nouveau imaginer comment être normal."






À dire vrai, je ne me suis jamais autant amusé à écouter des personnes se confier sur leurs états d’âme en bataille, y trouver du charme et un brin d’amusement. Le ton sur lequel ils construisent leur propos est si charmant que nous sommes quasi subjugués, accrochés à leurs lèvres.




"J'ai l'impression de ne pouvoir vibrer que dans l'obscurité. 
Le soleil a trop de lumière pour des ombres comme nous!" 
"Qu'est-ce que je me raconte!"







Le plaisir du FTA est justement de pouvoir découvrir des productions théâtrales jouées dans des techniques issues d’écoles avec leurs codes différents des nôtres.

Une école en soi!

Ce festival nous ouvre des fenêtres sur le monde artistique international qui sont toujours très riches et inspirantes!   On se sent en voyage…


Une belle aventure artistique…



CRÉDITS

Un spectacle de Daria Deflorian + Antonio Tagliarini
Librement inspiré du film Le désert rouge de Michelangelo Antonioni
interprétation Francesca Cuttica + Daria Deflorian + Monica Piseddu + Benno Steinegger + Antonio Tagliarini
Collaboration à la dramaturgie et assistance à la mise en scène Francesco Alberici
Collaboration au projet Francesca Cuttica + Monica Piseddu + Benno Steinegger
Conseil artistique Attilio Scarpellini
Lumières et espace Gianni Staropoli
Son Leonardo Cabiddu
Musique live WoW (Leonardo Cabiddu + Francesca Cuttica)
Costumes Metella Raboni
Traduction et surtitrage en français Federica Martucci
Direction technique Giulia Pastore
Organisation Anna Damiani
Accompagnement et diffusion internationale Francesca Corona + Giulia Galzigni – L’Officina

Production A.D. (Rome) + Teatro di Roma – Teatro Nazionale (Rome) + Teatro Metastasio di Prato + Emilia Romagna Teatro Fondazione (Modène)

Coproduction Théâtre Garonne – Scène européenne (Toulouse) + Romaeuropa Festival (Rome) + Festival d’Automne à Paris + Théâtre de la Bastille (Paris) + LuganoInScena – LAC (Lugano) + Théâtre de Grütli (Genève) + La Filature, Scène nationale (Mulhouse)
Avec le soutien de Institut Culturel Italien de Paris + Arboreto – Teatro Dimora de Mondaino (Modène) + Fit Festival (Lugano)

Présentation Hôtel Monville en collaboration avec Usine C + Festival du nouveau cinéma

Rédaction Diane Jean
Traduction Neil Kroetsch

Création au Lugano Arte e Cultura, le 2 octobre 2018

dimanche 19 mai 2019

Denoncourt & Bouchard - tandem gagnant!!

Julie Le Breton

Texte original d'Esther Hardy
Crédits photos: Yves Renaud



Le metteur en scène Serge Denoncourt s’acoquine à nouveau à l’auteur Michel-Marc Bouchard pour présenter la nouvelle pièce de ce dernier : La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, sur la scène du Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 16 juin. Et c’est Julie Le Breton, Éric Bruneau, Kim Despaties, Patrick Hivon, Magalie Lépine-Blondeau et Mathieu Richard qui prêtent leur talent aux antagonistes de cette comédie dramatique pour sa production initiale.



« J’ai ben de la misère à me centrer. Ils me donnent des pilules pour ça,
mais je ne les prends pas! » Éliot Larouche



La pièce raconte l’histoire de la famille Larouche qui s’est vue ostracisée dans son village du Lac St-Jean suivant le viol malheureux de sa seule fille âgée de 12 ans! Vingt ans plus tard, tous les enfants de la famille Larouche se retrouvent pour les préparatifs funéraires de leur mère. La jeune fille, Mireille Larouche (Julie Le Breton) est devenue une thanatopractrice de renom qui embaume de grandes célébrités partout dans le monde. Quelques jours après le décès de sa mère et ayant promis de prendre soin de son embaumement, elle débarque dans son patelin natal du Saguenay. Toute la bande de frères et belle-sœur vient la rejoindre dans le laboratoire qu’elle s’empare pour travailler sur le corps de sa mère avec un grand soin. Les souvenirs des évènements passés refont surfaces dans leurs conversations et avec eux, leurs lots de regrets, d’accusations et les conséquences. Puis les secrets sont dévoilés et ils tentent de régler ces issus ensembles.


 « Tu sais l’art, ce n’est pas des barbots dans un cadre. 
L’art, c’est une façon d’aborder le monde. » 



Magalie Lépine-Blondeau, Julie Le Breton, Mathieu Richard et Éric Bruneau,  



Cette histoire pourrait sembler très dramatique, mais avec le langage coloré des gens du Saguenay, leur franc parlé, leur simplicité et leurs nombreuses métaphores, ce récit prend une tout autre allure. On rit, on est étonné, on se surprend à être bouleversé par des révélations et aussitôt, le drame est modulé par une phrase déroutante qui nous fait éclater de rire. Et ça se tient très bien, une vraie comédie dramatique! De plus, la mise en scène de Serge Denoncourt accentue ces variations et les met en valeur!

« Tu vois la machine qui pompe le sang?  C’est moi! Je lui ai pompé le sang toute sa vie! » Éliot Larouche


Dans un contexte funéraire, les soins respectueux apportés à un défunt au point de devenir un rituel sacré qui prennent place dans un silence religieux revêtent un caractère très édifiant dans ce contexte. Devenant une forme de dévotion pour le défunt, nous nous sommes réjouis de sentir cet aspect important entourant le deuil ait été inclus dans la mise en scène. 



Julie Le Breton,  Magalie Lépine-Blondeau, Patrick Hivon, et Éric Bruneau, 



La spontanéité des personnages de Magalie Lépine-Blondeau (Chantale) et de Mathieu Richard (Éliot Larouche) ajoute de la couleur inédite et est extrêmement rafraîchissante dans ce genre de situation.



« Eliot Larouche avec les deux mains dans la quête de l’église! C’est comme un diabète avec les deux mains dans le chocolat Laura Secord! » Denis Larouche


Loin de nous attristé ou nous rebuter, cette pièce où l’action se passe dans un laboratoire d’embaumement et où on voit le corps d’une femme nue, morte au centre de la scène, revêt néanmoins un caractère terriblement jovial et accessible!



Julie Le Breton et Magalie Lépine-Blondeau  



Soulignons le jeu exceptionnel de Magalie Lépine Blondeau dans le rôle de Chantale la conjointe de Julien Larouche (Patrick Hivon) que nous avons vu un peu plus tôt au printemps à l’Espace go dans une pièce tragique avec un rôle totalement opposé!  Elle déploie ici une couleur très différente de son spectre de jeu en incarnant une jeune dame très naïve, ultra spontanée au franc parlé avec des lignes qui déboulonnent tout drame!


Denis Larouche le frère témoin du drame, mâle alpha de la famille, incarné par Éric Bruno dégage une grande autorité dans les dédales de ce drame familial. Le comédien d’expérience capable de vulnérabilité autant que de force ou d’agressivité nous a étonnés dans ce personnage à la fois fort et humble de ses moyens.


« On le savait, qu’elle n’était pas morte!
Mais, elle était plus proche de son extrême onction que d’aller danser en ligne! » Chantale



Magalie Lépine-Blondeau, Patrick Hivon, Julie Le Breton et Éric Bruneau 



Et nous avons craqué devant le travail de Mathieu Richard, avec la fougue du jeune frère Éliot Larouche qui disons-le a les lignes les plus déroutantes de ce texte, provoquant beaucoup de réactions du public. Naïf, fougueux et drôle, il admire sa sœur aînée Mireille Larouche (Julie Le Breton) et lui offre son soutien.


Original, culturel, créatif, drôle, à voir!!!



Une oeuvre originale de MICHEL MARC BOUCHARD
Mise en scène SERGE DENONCOURT

ÉRIC BRUNEAU, KIM DESPATIS, PATRICK HIVON, JULIE LE BRETON, MAGALIE LÉPINE-BLONDEAU, MATHIEU RICHARD

Durée du spectacle : 1 h 55, sans entracte


Conception :

SUZANNE CROCKER, Assistance à la mise en scène et régie

GUILLAUME LORD, Scénographie

MARTIN LABRECQUE, Éclairages

MÉRÉDITH CARON, Costumes

COLIN GAGNÉ, Conception des effets sonores

CHANTAL BACHAND, Assistance aux costumes

mardi 14 mai 2019

LE SCHPOUNTZ – Parfum de provence à la québécoise!

Rémi-Pierre Paquin (Le Schpountz)


Texte original d'Esther Hardy
Crédits photos: François Laplante Delagrave



C’est soir de première au théâtre du Rideau vert! Dès notre entrée dans la salle, nous croisons sa directrice artistique qui est aussi la metteuse en scène de la pièce de ce soir. On peut sentir sa fébrilité dans l’attente… Malgré sa grande expérience, elle sait que la chimie doit s’opérer entre le public et les acteurs. Cette magie est garante du succès du spectacle, car c’est le public qui à la fin, aura le dernier. … Le Rideau vert nous présente une adaptation signée Emmanuel Reichenbach, d’après le scénario du film Le Schpountz de Marcel Pagnol, et ce, jusqu’au 6 juin dans une mise en scène de Denise Filliatrault avec les talents de Rémi-Pierre Paquin, Linda Sorgini, Marilyse Bourque, Normand Carrière, Raymond Bouchard, Stéphan Allard, Alexandra Cyr, Philippe Robert et Mathieu Lorain Dignard.





Stéphan Allard et Marilyse Bourke (Sam et Romy)



Le Schpountz est un texte bon enfant adapté à la québécoise et vraiment craquant! Du vrai Pagnol avec tout le charme qu’on lui connaît! À la base, le film est inspiré d’un fait réel vécu par Pagnol dont le rôle-titre est assumé par Fernandel. Émmanuel Reichenbach l’adapte pour la scène et en plus de le transposer à notre époque, transforme les références du sud de la France en celle de la Côte-Nord. On reconnaît les couleurs et la bonhomie de ces personnages typiques et charmants, comme ceux du film La grande séduction, de Jean-François Pouliot!


« La dernière fois que tu as fait un effort, c’était à ta naissance quand tu as ouvert les yeux! »
 Antoine Désilet




Rémi-Pierre Paquin (Le Schpountz) et Philippe Robert (Justin)




Appellation du parfait illusionné, Le Schpountz est l’expression consacrée pour qui se croit talentueux et rêve de devenir acteur. Il est aveuglé par ses désirs et ses détracteurs se payent un beau moment de moquerie à ses dépens! Néanmoins, le retour sur terre risque d’être fatal pour ses rêves et ses espoirs.


« À l’époque, les acteurs laissaient leurs âmes par terre. Aujourd’hui, on n’a plus ça. 
À part Roy Dupuis bien sûr! » Le Schpountz



Rémi-Pierre Paquin



Ici, Le Schpountz (Rémi-Pierre Paquin) raconte l’histoire d’un commis d’épicerie de la Côte-Nord qui rêve d’ajouter du pétillant à sa vie en devenant un grand artiste comme Roy Dupuis! Puis, survient enfin sa chance!!! Une équipe de tournage débarque dans son village avec à sa direction deux coquins qui aiment se payer la tête des schpountz! Croyant saisir enfin l’occasion rêvée de se faire découvrir et reconnaître pour son grand talent, il se fait piéger dans une farce qui va le mener jusqu’à Montréal. Convaincu y venir pour tourner son premier rôle dans un grand film, il se heurte avec déception à des portes fermées... Mais c’était sans compter sur la tendre Clara (Alexandra Cyr) qui l’aidera à survivre jusqu’à ce que sa déconvenue se change en victoire! 




Rémi-Pierre Paquin (Le Schpountz), Raymond Bouchard (Antoine Désilet) et
Philippe Robert (Justin)



« Ton don ça rapportes-tu ou bien si c’est à but non lucratif!? » Antoine Désilet



Intéressant de voir Rémi Pierre Paquin dans le rôle du Schpountz! Son énergie plus brouillonne le rend très crédible et se marie agréablement dans ce personnage à la fois naïf et illusionné. Son oncle, Antoine Désilet « épicier fin » selon son expression, est campé par un Raymond Bouchard qui déploie sa bonhomie, rendant ce personnage fort sympathique qui provoque beaucoup de réactions du public.



Alexandra Cyr (Clara)



« On est allergique à l’anonymat! J’ai un voisin qui a suivi un cours de chant pour se présenter aux auditions de La Voix, au lieu d’y aller parce qu’il avait du talent! »




Alexandra Cyr (Clara) et Rémi-Pierre Paquin (Le Schpountz)



« À partir de maintenant, je ne te considère plus comme mon frère, mais seulement comme une petite branche morte de mon arbre! » Le Schpountz




Linda Sorgini (Arlette Cournoyer)



Le rôle de la productrice, une femme d’action forte et ratoureuse, va à merveille à Linda Sorgini qui l’incarne avec efficacité et hardiesse. Comédienne aguerrie, Linda est très solide et son jeu est très convaincant! Elle s’est approprié ce texte et ce personnage avec talent au point qu’ils deviennent une seconde peau!!



« Vous trouvez ça correct d’humilier quelqu’un 
qui a juste envie de se sortir de sa petite vie ordinaire!? » Le Schpnoutz




Philippe Robert (Steve) et Linda Sorgini (Arlette Cournoyer)




Philippe Robert, un comédien que nous remarquons pour la première fois, incarne d’abord Justin, le frère du Schpountz avec des intentions claires, une économie de mouvements et de mimiques qui le rendent très intéressant à regarder et d’autant plus facile à décoder. Puis, son personnage de Steve qui se prends pour un grand artiste réalisateur, où le raffinement et le drame s’unissent dans un mélange très coloré, est diamétralement opposé au premier personnage. Son travail nous ayant étonné et beaucoup plus, nous avons déjà hâte de le revoir. 



Et si Montréal est loin de votre domicile, le Schpountz ira en tournée dès le 13 septembre :



LAVAL / 13 septembre

JOLIETTE / 14 septembre

ST-JEAN-SUR-RICHELIEU / 20-21 septembre

L’ASSOMPTION / 24 septembre

DRUMMONDVILLE / 9 octobre

ST-HYACINTHE / 12-13 octobre

BROSSARD / 16-17 octobre

GRANBY / 18 octobre

TERREBONNE / 19 octobre

TROIS-RIVIÈRES / 25 octobre

GATINEAU / 1er-2 novembre

RIVIÈRE-DU-LOUP / 7 novembre

ST-EUSTACHE / 10 novembre

CHICOUTIMI / 16 novembre

QUÉBEC / 17 novembre

LASALLE / 22 novembre

VALLEYFIELD / 23 novembre

VICTORIAVILLE / 5 décembre

SHERBROOKE / 11 décembre

THETFORD MINES / 13 décembre

ST-JÉRÔME / 18 décembre