lundi 26 juin 2017

Rencontre avec Simon Rivard - Chef de l'Orchestre de la Francophonie!





Publié par Esther Hardy le Lun. 26 juin 2017 à 17h05 - Contenu original

La seizième saison du dynamique et innovateur Orchestre de la Francophonie (OF) marquera le début d’une nouvelle aventure pour Simon Rivard, puisque ce nouveau diplômé en direction musicale dirigera l’orchestre durant toute la saison estivale. Le chef Jean-Philippe Tremblay devant s’absenter, il allait de soi que son chef par intérim allait assumer cette responsabilité importante. Le délai pour entreprendre sa nouvelle tâche est court, néanmoins Simon a l’expertise, le talent et les connaissances pour le faire. Comme la saison est déjà planifiée, il ne reste plus qu’à se préparer à l’arrivée des jeunes musiciens de partout dans le monde (Australie, France, Belgique, Mexique, Jamaïque, États-Unis et Canada), et le nouveau chef fera son entrée.



L’OF offre aux musiciens récemment diplômés d’institutions reconnues, une formation complémentaire afin de leur donner le privilège d’expérimenter le travail au sein d’un orchestre professionnel avec toute la pression que cela implique : peu de temps de répétitions, un large répertoire musical et le plaisir d’offrir des prestations dans des salles prestigieuses. En conjuguant ses trois valeurs : apprendre, innover et partager, l’OF prépare ces jeunes musiciens à jouer un rôle de choix dans de grands orchestres de renommées nationale ou internationale.



Créée en 2001, cette académie orchestrale regroupe des musiciens ayant en commun la musique comme langage, afin de créer un orchestre inédit. Chaque année, les musiciens doivent auditionner pour y être admis. Les musiciens sélectionnés sont ensuite conviés à venir jouer six semaines au sein de l’OF, le temps de faire une belle tournée de concerts estivaux professionnels sur le sol québécois.




Jean-Philippe Tremblay



Le chef réputé, Jean-Philippe Tremblay, dirige près d’une trentaine de concerts en tant que chef invité dans des orchestres de renom de la scène internationale, en plus de diriger des concerts nationaux et ceux à la direction de l’OF, et ce depuis ses tout débuts en 2011. Le travail est intense et l’Orchestre de la Francophonie s’adjoint toujours un chef associé qui, comme l’an passé, est Simon Rivard, ce qui lui permet de parfaire son expertise en direction d’orchestre.



Le chef associé assume certaines répétitions de l’orchestre et autres relations avec les musiciens, en plus d'être parfois appelé à remplacer le chef au pied levé. Néanmoins, ce remplacement est inédit, car rares sont les chefs par intérim qui ont la chance d’assumer la responsabilité de diriger l’orchestre durant une saison entière. Il va de soi que Simon n’est pas nouveau au sein de l’OF, ses premiers pas en tant que violoniste en 2012 ayant été concluants, tout comme son retour l’an dernier pour assumer la responsabilité de chef associé. Cette année, il cumule à la fois la responsabilité de chef associé et de chef par intérim. Sa troisième année lui offre donc une expérience exceptionnelle pour compléter sa récente maîtrise de chef d’orchestre.



L’OF désire émanciper et décloisonner la pratique d’un grand orchestre. Conjuguant la convivialité dans les relations entre le chef et ses musiciens, il se fait un devoir de faire découvrir les compositeurs contemporains et tente de s’adjoindre à différentes institutions et artistes afin de réinventer la présentation de ses concerts. Il sort littéralement l’orchestre de la rigidité de sa forme communément et exclusivement classique. De plus, il peut s’associer comme partenaire pour de grandes causes, puis former des Ambassadeurs de l’OF afin de leur permettre de développer une vision à la fois pédagogique, sociale, communautaire et de participation internationale. Le projet Haïti a permis de former de jeunes musiciens haïtiens en leur offrant leur première expérience orchestrale à laquelle Simon a eu la chance de participer avec bonheur.




Dans ce désir de rendre la musique classique la plus accessible possible, l’OF offre deux concerts gratuitement et trois autres à moins de 25 dollars. Je vous recommande chaudement sa prestation qui sera offerte mercredi 19 juillet, intitulée : « L’Orchestre de la francophonie à la Maison symphonique » avec le prodigieux violoniste canadien de renommée mondiale Kerson Leong. Cet artiste d’exception démontrait déjà à 17 ans une maîtrise exceptionnelle de son instrument.




Kerson Leong


Natif d’Ottawa, il a remporté le prix du Concours de musique du Canada cinq années de suite de 2005 à 2009, et a reçu diverses mentions dans une grande variété de concerts internationaux. Mais c’est en 2010 qu’il obtient une reconnaissance internationale en remportant le prestigieux premier prix Junior de la Compétition internationale Menuhin. Le mécène Roger Dubois et Caminex Inc. lui ont prêté un violon de Crémon, œuvre de Giuseppe Guarneri datant des années 1700 pour sa virtuosité et la maturité de son interprétation. Son plaisir de jouer est indéniable et se transpose dans l’éblouissement qu’il provoque chez ses spectateurs.



Le concert aura naturellement lieu à la Maison symphonique à 19h30. Pour l’occasion et afin de faire connaître la musique au public, le coût est minime, soit 20 $ pour les adultes, 10 $ pour les moins de 16 ans et gratuit pour les 6 ans et moins. Pour vous procurez un billet, suivez ce lien: l’Orchestre de la francophonie à la Maison symphonique.




Simon Rivard
Crédits:Tam Lan Truong



Récipiendaire de la Bourse du millénaire et de nombreuses autres distinctions, Simon Rivard dirigera neuf des onze concerts présentés cet été à l’OF, dont celui du 19 juillet. Il faut dire que, durant deux saisons, il a eu l’occasion de participer au travail de l’Orchestre de la Francophonie et connaît bien son répertoire, son fonctionnement, ainsi que les pièces choisies et les compositeurs sélectionnés avec soin par Jean-Philippe Tremblay. Ouvert et très généreux, Simon, nouvellement diplômé de l’Université McGill en maîtrise de direction musicale, espère que son travail puisse d’abord inspirer, puis toucher et idéalement, contribuer à élargir les goûts musicaux de son public. À la suite d’un concert, son rêve est d’entendre des gens du public lui confier qu’ils désirent se procurer les pièces musicales de compositeurs contemporains nouvellement découverts dans ce concert.



Tout chef d’orchestre est d’abord un musicien chevronné. Ainsi, Simon a d’abord été conquis par son instrument de prédilection pour ensuite accéder à la direction musicale. Fasciné par le violon, il a commencé à jouer en très bas âge et n’a, depuis, jamais quitté cet instrument. Ses inspirations musicales sont très variées, allant de Dédé Fortin à Claude Léveillée, en passant par Jacques Brel, Fred Pellerin, Georges Dor et Paul Piché. Ses goûts dénotent une vision et un désir de démocratiser la musique, tout comme l’OF se l'est donné comme mission. Ses goûts musicaux confirment donc sa vocation au sein de l’OF, tout aussi ouvert à créer de nouvelles expériences musicales non conventionnelles.



De plus, Simon sait reconnaître avec humilité le talent de ses pairs et admirer le travail de ses collègues. Que ce soit un ancien copain avec qui il s’est assis sur les bancs du Conservatoire de musique, ou l'un des plus grands de renommée mondiale, Simon aime à s’enrichir de l’expertise de ses collègues et discerner les qualités qui font de chacun d’eux des artistes exceptionnels.





Simon Rivard



Pour lui, la principale qualité d’un chef d’orchestre talentueux est avant tout, sa capacité à interagir avec délicatesse et courtoisie avec les musiciens de l’orchestre et savoir leur expliquer sa vision avec respect. En fait, en étant doué pour les relations interpersonnelles, le chef arrivera naturellement à rassembler les musiciens autour de sa direction et les inspirer à aimer travailler de concert.



D’entrée de jeu, il m’entretient sur les qualités exceptionnelles d'être humain de Yannick Nézet-Séguin. Convaincu qu’au Québec, on ne peut mesurer l’ampleur de sa renommée mondiale, Yannick est un être à part qui sait tirer le meilleur de chaque personne avec laquelle il travaille. Tous les musiciens qui bénéficient de ses interventions en sortent plus riches, au point qu’elles accentuent leur enthousiasme pour leur art, jusqu’à devenir passionnés pour leur partition, pour l’œuvre dans laquelle ils jouent, pour leur instrument et la musique!



L’enthousiasme de Simon Rivard envers l’Orchestre de la Francophonie se transmettra au public dès le début de la saison, le 4 juillet avec un premier concert gratuit au Camp musical du Saguenay Lac St-Jean; et se poursuivra jusqu’au 3 août avec onze autres concerts de Métabetchouan à Ottawa, en passant par Gatineau, Mont-Laurier, Mont-Tremblant, St-Eustache, puis naturellement au Festival de Lanaudière pour faire entendre ses talentueux jeunes musiciens. L’orchestre terminera avec cinq concerts dans la région de Montréal, précédés par deux passages à la Maison Symphonique durant la saison, et le dernier concert le 3 août sera présenté au Centre Pierre Charbonneau avec Marc Hervieux, Jean-François Bleau et Marie-Ève Janvier.


Bonne découverte musicale!

mardi 20 juin 2017

FrancoFolies 2017 | « Amours, délices, orgues » et les folies de Pierre Lapointe



 Publié par Esther Hardy le Mar. 20 juin 2017 à 15h05 - Contenu original


Les FrancoFolies ont présenté le spectacle Amours, délices et orgues de Pierre Lapointe dans la magnifique Maison symphonique de la Place des arts du 14 au 18 juin. Mis en scène par nulle autre que la comédienne et nouvellement metteuse en scène, Sophie Cadieux, ce spectacle innovateur sort complètement des sentiers battus, autant pour l’assistance que pour Pierre Lapointe et toute son équipe de création.





Pierre Lapointe


Original par conviction, on constate que Pierre Lapointe s’est adjoint de grands artisans spécialisés dans chacun des domaines suivants : danse, chorégraphie, design, comédie, jeu, musique, orgue de l’orchestre symphonique, etc. En fait, il a fait appel à une équipe extrêmement créative, qui a offert toute une prestation. Pierre tenait à mettre en valeur chacun des artisans, il les a présentés plusieurs fois en soulignant leur important apport respectif.





Sophie Cadieux
Crédits Maude Chauvin



Habitué des Francos avec ses créations surprenantes, Pierre Lapointe est fidèle à lui-même avec ce dernier projet. Dès l’entrée du public dans cette immense salle de 2100 places, tous les concepteurs, artistes, musiciens et même Pierre Lapointe nous étonnent en étant déjà sur scène! Comme s’ils étaient en répétitions dans une conversation détendue, ils semblent insouciants de ce qui se passe dans la salle. Néanmoins, ce n’est qu’une impression! Car au moment opportun, l’éclairage s’assombrit et on entend la voix de Sophie Cadieux à la régie nous décrire ce qui suivra. En nous expliquant leur rôle dans le succès de cette création, elle nous présente d’abord chacun des artisans de cette œuvre commune et nous donne une idée générale du concept.



Parfois seul au piano ou accompagné de ses musiciens, avec sa magnifique voix, Pierre Lapointe interprète ses chansons pimentées de monologues, de danse, de conversations surprenantes et d’exceptionnels moments musicaux. Chaque membre de l’équipe restera sur scène du début jusqu’à la fin du spectacle. Jouant les rôles d’accessoiristes, de danseurs, de musiciens, etc., nous aurons droit à un travail d’équipe où chaque artiste travaille dans la détente et apporte sa contribution avec un souci d’abolir ce qu’on appelle communément le quatrième mur entre la scène et le public. Selon leur rôle et comme mentionné précédemment, Sophie Cadieux assume la mise en scène, l’auteur dramatique Étienne Lepage signe les textes, la designer Matali Crassef conçoit les éléments de décors qui servent aussi d’accessoires, le musicien Jean-Willy Kunz joue de l’extraordinaire orgue, le chorégraphe Frédérick Gravel compose les danses (et danse aussi lui-même avec Pierre), et Alexandre Péloquin veille à « énergiser tout ça » en le ponctuant d’éclairages puissants.






Jean-Willy Kunz


Nous avons eu droit à un spectacle innovateur ponctué de moments forts où les ambiances ont beaucoup varié. Lorsque Jean-Willy Kunz, installé sur le mur du fond au cœur de l’orgue gigantesque, se met à jouer « Mad Rush » de Philippe Glasse, c’était un de ces grands moments. Et lorsque Pierre défie les hommes hétérosexuels en leur demandant de fermer les yeux quarante secondes, et de s’imaginer faire l’amour avec un homme, les applaudissements qui ont suivi étaient, disons-le, un peu plus discrets. Puis, une surprise! Éric Bernier entre en scène et questionne Pierre sur sa façon d’agir, sa philosophie de vie… ce qui crée une scène très cocasse.



Présenté pour la première fois le 9 juin à la salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm à Québec, Amours, délices et orgues a été créé sur mesure pour la Maison Symphonique, ce premier spectacle a donc permis à toute l’équipe de s’adapter à cette nouvelle version.




Éric Bernier
Crédits Kelly Jacob


Pierre Lapointe et ses collaborateurs ont fignolé la trame de ce spectacle pendant trois ans, chacun de leur côté, pour ensuite se réunir dans les derniers mois. Pierre a su que Sophie Cadieux songeait à aborder le travail de mise en scène, et l'a immédiatement approchée afin de créer un spectacle non pas pour bercer le public sur ses nouveaux titres, mais pour créer un événement, une forme inédite qui viendrait déstabiliser tout le monde. Le désir de Pierre est de créer un contexte où chacun peut aller au-delà de ce qu’il connaît et recevoir réellement de nouveaux éléments dans sa vie pour ainsi devenir plus créatif.



Malgré les deux rappels, Pierre reste réservé sur l’accueil éventuel du public et de son type de spectacle. Lors d’une discussion qui a suivi la représentation de vendredi, il a même mentionné au public, et je paraphrase : « Vous n’êtes pas obligé d’aimer ce spectacle et c’est très bien ainsi, ça va rouler en vous. Et c’est ce qui importe! »



Oui, original! Parfois avec goût, d’autres fois moins! Néanmoins, son désir de déstabiliser son public est indéniablement réussi avec des moments que je garde en réserve pour ceux qui auraient la chance d’y assister éventuellement… Car chacun est reparti avec ses nouveaux éléments dans son petit baluchon… signé l’excentrique Pierre Lapointe!

lundi 19 juin 2017

La mafia s'invite au salon funéraire - Théâtre des Cascades



Publié par Esther Hardy le Lun. 19 juin 2017 à 16h00 - Contenu original

Des comédiens de l’émission « L’auberge du chien noir » et leurs amis se retrouvent à nouveau sur les planches du Théâtre des Cascades, pour présenter la pièce Ciao papa! de Jonathan Gagnon. À l’affiche tous les jeudis, vendredis et samedis de la saison estivale jusqu’au 28 août, le spectacle est présenté dans une première mise en scène de Josée Deschênes. Les coproducteurs et comédiens Roger Léger et François L’Écuyer s’y retrouvent donc avec Marie-Pier Labrecque, Jean-Pierre Chartrand, François-Xavier Dufour et Danielle Thomas.



Pleine de rebondissements, la pièce Ciao papa! raconte les frasques d’un médecin, Dr Beauchesne (François-Xavier Dufour), et de deux futurs associés d’un salon funéraire, Gaston Cloutier (Roger Léger) et Stéphane Tremblay (François L’Écuyer), qui tentent de magouiller des enterrements afin de faire de l'argent. Leur première victime, M. Dubois (Jean-Pierre Chartrand), échappe à leurs entourloupettes. Mais malheureusement, ils croisent la route du nouveau parrain de la mafia italienne Toni Scalabrini (Daniel Thomas) qui veut offrir des funérailles dignes de son rang à son père décédé. Après la perte d’un ou deux corps au laboratoire, la résurrection d’un autre, une histoire d’amour pleine de fougue avec la belle Cindy (Marie-Pier Labrecque), secrétaire et amante du patron du salon, sans compter quelques déboires avec des valises, ils retrouveront leur vocation de départ.





François-Xavier Dufour, Jean- Pierre Chartrand, François L’Écuyer, Roger Léger,
 
Marie-Pier Labrecque et Daniel Thomas, 


Vaudeville, théâtre de boulevard, couleurs qui nous rappellent la commedia dell’arte, tout dans cette pièce évoque les folies et le délicieux humour des théâtres d’été si cher au public québécois. Et les comédiens se payent la traite en moments extrêmement amusants!



Daniel Thomas, qu’on connaît pour son talent et son charme indéniable dans de nombreuses séries et plusieurs rôles dans les théâtres d’été, incarne Tino Scalabrini, un mafioso très crédible et absolument délicieux. Son jeu est surprenant, son talent établi dans le drame se révèle tout aussi chevronné dans la comédie. Sa personnification d’un Italien-Montréalais tel qu’on en croise régulièrement est absolument étonnante!



François L'Écuyer et Roger Léger, coproducteurs du spectacle et comédiens très drôles, incarnent deux rôles clefs de cette pièce de théâtre de boulevard. La chimie de ce tandem se confirme à nouveau. Ces deux personnages loufoques sont complices dans les imbroglios et les magouilles. Un duo gagnant qui fait à nouveau front devant l’apparente confusion et l’habile travail de Jean-Pierre Chartrand, victime de ces coquins! Son talent pour le drame n'empêche nullement Marie-Pier Labrecque d'incarner une Cindy très crédible, pleine de candeur et de spontanéité. Et la fausse fiabilité du médecin un peu fou incarné par le versatile François-Xavier Dufour nous a beaucoup amusés.




Josée Deschênes


Pour une première mise en scène, Josée Deschênes fait honneur à son nouveau métier et confirme son expertise de comédienne et d’artiste accomplie. On ne peut douter de sa maîtrise du jeu, et particulièrement dans des pièces humoristiques des théâtres d’été. Il va sans dire que de diriger ses copains de travail des quinze dernières années doit sûrement être agréable et de ce fait, contribuer à cette réussite. Naturellement, on pense ici à Roger Léger, Jean-Pierre Chartrand et François L’Écuyer. Néanmoins, nous sommes surpris du résultat aussi probant pour une première expérience.






Théâtre des cascades


L’été dernier Josée a incarné une entremetteuse dans la pièce Femme cherche homme désespérément, c’est ainsi qu’elle a découvert le Théâtre des Cascades et a été conquise par la beauté du lieu. Le théâtre est établi sur une péninsule, un site magnifique sur le bord de la rivière Outaouais et du Lac St-Louis; tout cela a de quoi charmer le public et les artisans, et c'est sans compter la nature qui l’entoure!




Jonathan Gagnon
Crédits: Nicolas-Frank Vachon


L’auteur et comédien Jonathan Gagnon qu'on a pu voir avec bonheur dans Gloucester en janvier dernier, et qui a fait l'objet d'une autre chronique, a créé les prémices de Ciao papa! lors d’un atelier de sa formation au Conservatoire d’art dramatique. Le succès de cette scène centrale inspirée d’une pièce de Molière, lui a donné le goût de relever le défi et de créer une pièce humoristique complète. Il peut se féliciter, car le résultat est concluant.



Je cite la promotion si bien tournée du Théâtre des Cascades : « Ciao papa! une comédie où presque personne ne meurt, certains ressuscitent, d’autres sont morts de peur, mais de laquelle vous ressortirez...morts de rire! »

lundi 12 juin 2017

FrancoFolies 2017 | Philippe Katerine - Irrésistible!!!




Publié par Esther Hardy le Lun. 12 juin 2017 à 16h00 - Contenu original


Crédit photos: Éric Garault

Les FrancoFolies de Montréal débutaient en force vendredi soir avec le spectacle de l'auteur-compositeur-interprète français Philippe Katerine, venu présenter son dernier opus: Le Film, précédé de son compatriote Tim Dup – jeune auteur-compositeur. Des artistes généreux ont offert près de trois heures de spectacle au Théâtre Maisonneuve de la Place des arts. Pour mon premier concert de cet artiste original d’envergure, la Place des Arts était toute désignée. Une foule enthousiaste s’est invitée dans la salle. Des gens de tous âges! Philippe Katerine attire autant les enfants par la simplicité de ses textes, que des adultes et des têtes blanches qui comprennent le second et le troisième degrés de ses ritournelles…




Philippe Katerine


Cet auteur-compositeur-interprète de renommée internationale était accompagné par sa complice Dana Ciocarlie au piano, une talentueuse musicienne qui se prête au jeu, incarne quelques personnages complémentaires et rythme de sa musique toutes ses folies sur scène. Avec sa légendaire autodérision, cette première rencontre m'a donné beaucoup de plaisir!


Philippe Katerine est inclassable! Comment le comparer? Le qualifier de chanteur serait oublier tout l’aspect chorégraphique, humoristique et de jeu perpétuel dans ses prestations. Katerine réunit les talents de chanteur, de comédien et d’humoriste! Son spectacle est complet et très bien rodé. Coquin comme il s’en fait rarement, dès le départ, il a cassé la glace en entrant parmi les spectateurs par le fond de la salle, habillé en roi médiéval avec une couronne d’étoiles lumineuses sur la tête, en chantant « La reine d’Angleterre ». Le public délirait d’enthousiasme!



Pour le public, rencontrer un artiste dont on aime écouter les mélodies est toujours un plaisir. Néanmoins, voir Philippe Katerine sur scène n’a aucune commune mesure avec l’écoute de sa musique et de ses chansons! De le voir se délecter de la présence du public avec ses mille ritournelles espiègles, relançant sans cesse du regard chaque réaction de ses admirateurs, provoquant les rires tel le bouffon du roi a été carrément craquant!





Philippe Katerine



On a assisté à une comédie musicale en règle où chaque instant est utilisé avec astuce pour amuser et nourrir le public. C’était un feu roulant du début jusqu’à la fin, sans pause pour marquer les transitions, puisque chacune d’elle était faite de jeux, de monologues interprétés avec un bel humour. Chaque mouvement, chaque parole, chaque regard étaient destinés à amuser et faire rire son public. Un vrai lutin, fou du roi né juste quelque deux cents ans après la fin de la monarchie française! Un thème qui était très présent tout au long du spectacle de ce gamin irrésistible!



Vous croyez que je suis fan...en fait, je ne l'étais. Tout comme vous, je l'ai vu à « Tout le monde en parle » et l'avais trouvé original, mais sans plus. J'étais donc sans attente, en fait, une page blanche avant de le voir faire ses mille petites folies sur la scène du Théâtre Maisonneuve.


Venu présenter son nouvel opus Le film dont il a chanté les principales chansons, le public a aussi eu droit à ses succès : « Philippe » et « La banane ». Il a terminé la soirée par sa dernière chanson de son opus : « Un moment parfait » exprimant ce qu’il ressentait.




Tim Dup


Tim Dup n’était pas en reste, jeune chanteur à texte, enthousiaste et discret à sa façon, il a offert six titres à un public heureux de le découvrir! Connu de Philippe Katerine, c’était sa seconde occasion de faire la première partie de ce dernier. Sa première venue aux Francos lui a aussi permis d’offrir une prestation complète sur une scène extérieure le lendemain.


J’ai adoré ma soirée. Je m’attendais à découvrir un artiste plus franchouillard, genre hurluberlu qu’un artiste aussi accompli, drôle, talentueux et tellement sympathique! Un vrai cœur d’enfant comme il s’en fait rarement. Philippe Katerine a un talent irrésistible, capable de faire rire aux éclats, émerveiller, surprendre et toucher! En fait, il fait ce qu’il veut... Et le public en redemande!


Question qualité/prix, ce spectacle valait son pesant d’or. Je suis passée du « je ne le connais pas » à « très enthousiaste »! La qualité du spectacle, le travail minutieux de transition, la tendre attention et le soin qu’il porte à son public, en plus de sa volonté de l’amuser à chaque instant, sa large culture et l’incontestable professionnalisme de Philippe Katerine m’ont vraiment impressionnée. Il vaut plus que le détour!

samedi 10 juin 2017

FrancoFolies 2017 | Ingrid, Delphine et Fanny - Délices, pianos et voix




Publié par Esther Hardy le Sam. 10 juin 2017 à 16h55 - Contenu original

La Cinquième Salle de la Place des Arts a accueilli, samedi soir, trois auteures-compositrices-interprètes et musiciennes déjà exceptionnelles de part leur répertoire respectif: Ingrid St-Pierre, Fanny Bloom et Delphine Coutant, qui ont uni leur talent, leur univers, leur voix et leur piano pour nous bercer de leurs harmonies en émotions et en douces arabesques. Dans un concert intimiste, leurs voix et trois pianos, jouaient l’une et l’autre à la chaise musicale en harmonie avec celle qui interprétait son titre. Les deux autres se mettaient ainsi au service de la chanson interprétée, l’accompagnant de leurs voix et de leurs notes, et faisant tantôt quelques couplets, tantôt les voix d’accompagnements.



Elles ont chanté douze titres tirés de leur répertoire, donc trois ou quatre chacune. On a pu entendre la douce voix d’Ingrid sur ses titres: « Tokyo jelly bean », « Place Royale », « 63 rue Leman » et « La dentellière » de son album Tokyo sorti en novembre 2015. La voix charismatique de Fanny nous a touché sur : « Piscine », « Bicyclette » et « Drama Queen » tirés de ses deux albums Fanny Bloom et Pan. Et Delphine nous a initié à son répertoire avec : « La parade nuptiale», « Dehors tout refleurit », « Sables instables » et « Noces d’hiver » tirés de ses deux albums Parade nuptiale et La nuit philharmonique son plus récent.





Ingrid St-Pierre

Crédits Martin Laporte


Chacune a raconté l’importance de cette soirée pour elle, et sa genèse personnelle qui l’y a préparée. Delphine était au Québec pour la deuxième fois, la première étant en février dernier lorsqu’elle a rencontré ses deux nouvelles compagnes de concert afin de voir si la chimie et la magie se créeraient entre elles. L’expérience fut concluante. Comme elles nous confiaient, elles ne se sont pas choisies. De là l’importance de s’assurer que le trio d’univers pouvait s’harmoniser et être convaincant en concert. Alors, elles ont accordé une grande importance à la simplicité de leur travail en laissant leur musique et leur talent se rencontrer.



L'idée d'unir les trois artistes est venue de Christophe Villier, producteur et amateur de musique des deux côtés de l’Atlantique qui les connaissait toutes trois et a songé à unir leur répertoire dans ce bien beau spectacle. La première rencontre a eu lieu, et déjà la chimie opérait. Elles n’ont eu que quelques jours de répétitions en deux rencontres pour mettre au monde cette progéniture musicale!!





Delphine Coutant
Crédits Julien Climent


Delphine a été impressionnée par l’accueil et la magie qui s’est créée entre elles. Elle soulignait la différence entre ses concerts en Europe où on parle peu ou pas du tout pendant les transitions… Ingrid, qu’on sentait sous le charme et très complice, a été touchée par la simplicité de leurs contacts et par l’honnêteté qui s’en est dégagée. Ce n’est pas tout d’unir leurs univers, il fallait aussi que chacune aime les textes des deux autres pour que le projet marche. Ce qui s’est fait tout naturellement!


Elles ont des styles similaires et très différents. Delphine a des mélodies tout en douceur, elle parle aussi de la nature et sa voix chaude est légèrement cristalline. On connaît bien Ingrid pour ses textes d’une grande poésie qui vont droit au cœur, avec une authenticité désarmante et une légèreté bon enfant.




Fanny Bloom
Crédits Christine Grosjean


Fanny, qui a l'habitude de jouer au clavier et rarement au piano à queue, n'est pas en reste; sa voix puissante, chaude et son ton coquin par moments, nous ont touchés. Son répertoire étant déjà riche, elle a même interprété une nouvelle chanson « Bicyclette » à peine sortie en vente depuis hier et jamais interprétée en spectacle. Elle l'a apprise rapidement pour l’occasion. Nous avons eu droit à un corpus ponctué d'émotions variées, alliant la poésie de ses textes et de sa grande capacité vocale.



En rappel, c’est la chanson de Barbara « Dis quand reviendras-tu? » qu’elles ont, avec courage et émotions, interprétée a cappella. Malheureusement, les échos des spectacles extérieurs ont fait une légère ombre à tous ces délices vocaux, de ces interprètes qu'on aime maintenant aussi ensemble!



Ce spectacle unique sera heureusement présenté de nouveau lors d'une petite tournée européenne en mars prochain. Même si on les aime toutes séparées, espérons que nous aurons d’autres occasions de les entendre ensemble!




Ingrid St-Pierre

jeudi 8 juin 2017

FTA | Exhibition – L’exhibition… Une expérience théâtrale!






Publié par Esther Hardy le Jeu. 8 juin 2017 à 11h25 - Contenu original

Crédit photos: Christel Olislage

Heureuse de me rendre au Monument National, pour voir mon mon prochain spectacle du FTA présenté jusqu'au 5 juin, Exhibition – l’exhibition du comédien et auteur Emmanuel Schwartz, je songe qu’au retour je prendrais bien une coupe de vin en fignolant mon texte, question de me détendre quelques instants dans ce captivant marathon artistique! Dès mon arrivée à la salle de répétition du bâtiment, à ma grande surprise, on m’offre un verre de vin en la personne d’Emmanuel Schwartz lui-même! Je me dis : « Wow! Il a lu dans mes pensées! Et quelle belle façon d’accueillir ses spectateurs!! ». Naturellement, il ne peut me faire plus plaisir!



En fait, plus tard je réalise qu’en entrant dans le lobby du théâtre pour voir la pièce, je me suis en quelques sortes introduite comme une invitée venue visiter l’Exhibition! C’est la première d’une exposition dans une galerie d’art improvisée où les œuvres sont absentes, mais où les artistes subsistent : Emmanuel Schwartz, Benoît Gob et Francis La Haye, l’auteur et les comédiens, nos échansons improvisés!


Ainsi, c’est avec un verre de vin à la main qu’une soixantaine de personnes sont conviées à passer dans une pièce fermée, dont tous les murs sont couverts de toiles de plastique avec comme seul décor au centre, une structure métallique faite de quatre piliers rassemblés par quatre autres barres de métal, créant ainsi un cube géant vide. Un faisceau lumineux voyage sur ces huit montants de métal, complétant l’ambiance d’un monde virtuel. On se sent entrer dans l’antichambre d’un film de science-fiction…et on est tous mi-amusés, mi-éberlués en attente de ce qui se prépare. L’effet de surprise dès le départ est pleinement réussi!






Nos trois protagonistes avec leur vignier en bandoulière, vêtus de tuniques protectrices blanches en papier-tissu qui recouvrent leur corps de la tête aux pieds, inspirent l’image d’un commando loufoque en zone sinistrée. Après nous avoir offert une nouvelle tournée de vin, ils ressortent de la pièce, une coquine étincelle dans l’œil comme s’ils venaient de nous jouer un bon tour.


Sans savoir si nous allons être aspergés d’une substance, « emboucanés » d’une autre ou si nous devons tout simplement nous asseoir sur le sol, nous restons là aussi étonnés qu’amusés. Qu’est-ce que nos trois hurluberlus nous préparent donc…?







Une voix féminine très similaire à celle de Siri prend le relais et commente chacune de nos pensées, nos impressions et éventuellement la majorité des actions des acteurs. Présupposant nos questionnements et avec un sérieux quasiment louche, elle décoche quelques ambiguïtés comiques qui nous donnent le ton de la soirée. Au départ très sérieuse, elle devient confuse, mais reste toujours très professionnelle dans cet humour complice.



« Le spectateur pourra reconnaître les autres comme des gens de sa famille […] et les trois hommes comme un ravissement! »


« Tout peut arriver! »






Et c’est ainsi que cette visite dans l’au-delà futuriste et originale des méandres du cerveau d’Emmanuel Schwartz se poursuit! Guidés dans sa vision par la voix informatisée, nous découvrons son imaginaire parsemé de quelques notes de sagesse, un récit de son histoire, celle de ses comparses et de leurs aspirations respectives! Emmanuel nous ouvre littéralement son cœur, se dénude sans retenu et ce, en gardant perpétuellement son délicieux ton humoristique.



« Il a compris que le théâtre c’est compliqué, 
alors il préfère faire du cinéma ou de la musique! »



Tantôt, nos trois comédiens dansent, jouent de la musique ou bougent dans des positions originales sous les commentaires de la voix féminine qui, éventuellement, passera au masculin durant le spectacle!!


« Vous voir ainsi tous réunis me touche au plus haut point! Ce sont mes fils jusqu’à la moelle […], bon comme de la bonne soupe! »






Quand trois saltimbanques : Emmanuel Schwartz, Francis La Haye et Benoît Gob, des artistes effervescents et amis ratoureuxdécident de faire un spectacle ensemble… Le résultat est effervescent, touchant, drôle, parfois bizarre, mais toujours intéressant et assurément original!


Oui, je me le suis demandé: est-ce que nos trois échansons nous auraient offert du vin pour adoucir notre vision et altérer notre jugement…? Non, ils ne feraient jamais ça, voyons! Mais quelle soirée divertissante nous avons passée!


CRÉDITS


Un spectacle de Benoît Gob + Francis La Haye + Emmanuel Schwartz
Interprétation Benoît Gob + Francis La Haye + Emmanuel Schwartz
Texte Emmanuel Schwartz
Arts visuels Benoît Gob
Son Francis La Haye
Cocréation et dramaturgie Alice Ronfard
Complicité artistique Christel Olislagers
Lumières Julie Basse
Assistance à la mise en scène et régie Émilie Martel
Direction technique Hubert Leduc-Villeneuve
Production LA SERRE – arts vivants
Coproduction Festival TransAmériques + Théâtre de L’Ancre (Charleroi)
Avec le soutien de La Chapelle Scènes Contemporaines + ArtGang Montréal
Présentation en collaboration avec Monument-National
Rédaction Paul Lefebvre
Traduction Neil Kroetsch

mercredi 7 juin 2017

FTA | Des arbres à abattre : le chef-d’œuvre d’une vie!




Publié par Esther Hardy le Mer. 7 juin 2017 à 16h00 - Contenu original


Crédit photos: Natalia Kabanow


Le FTA (Festival TransAmeriques) et le « Teatr Polski we Wrocławiu » ont présenté la pièce polonaise Des Arbres à abattre de l’auteur autrichien Thomas Bernhard, une œuvre visitée avec rigueur et portée sur scène dans un immense travail du chevronné metteur en scène polonais Kristian Luka. Avec treize comédiens sur scène, un décor très élaboré et une longue performance de quatre heures quarante, cette adaptation de la pièce Wycinka Holzfällen fignolée avec un soin exceptionnel par ce célèbre metteur en scène issu d’une longue tradition théâtrale d’Europe de l’Est, confirme son expertise par une œuvre toute en nuances présentée le week-end dernier sur la scène du Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts.





Dès l’entrée, le public est accueilli par la projection du reportage d’une entrevue. Une jeune femme parle de son art, de son métier, de ce que c’est qu’être comédienne, et elle fait la critique de son milieu. On comprend ensuite qu’elle s’est suicidée et que la pièce prend place le soir de ses funérailles.



Ses amis et compagnons de travail se réunissent pour partager un repas et déversent leur trop-plein de sentiments dans une rencontre interminable où la venue d’un invité de marque se fait désirer beaucoup trop longtemps. Les convives sont des amis, des comédiens, un journaliste, un auteur, quelques musiciens, peintres, poètes et artistes de tout acabit. Ensemble, ils discutent de leurs profondes insatisfactions et de leur vision des arts. De plus en plus conscients des écueils qui jonchent leurs voies, ils parlent de leurs erreurs respectives, critiquent leurs pairs et les institutions, puis se questionnent sur la vraisemblance; tout cela sur une toile de fond tapissée du désarroi de la perte de leur amie, ce qui donne lieu à des moments de grande humanité.








« L’art avilit-il irrémédiablement ceux qui s’y consacrent? », un questionnement auquel Kristian Luka tente de répondre. Sa mise en scène le démontre avec des visions distinctes pour chacun des protagonistes…


« Au terme de votre vie, avez-vous trouvé l’accomplissement dans l’art? »,


demande une des comédiennes à l’artiste de grande renommée qui « saoule tout le monde » et se pète les bretelles en parlant de la différence entre lui, artiste, et les autres. Prétentieux à souhait, il raconte comment son quotidien est si nuancé comparé à celui des autres. Il se pavane au point d’en être ridicule tellement sa prétention est déplacée, ce qui donne lieu à des scènes d’humour craquantes.







Moments cocasses, drôles, dramatiques, d'ironie, de défoulement collectif et de crises, tout y passe. Un texte déjà abordé, mais jamais dans une si longue performance…le chef-d'œuvre d’une vie pour ce grand metteur en scène qui en est à sa première visite au FTA.



La scène tournante du Théâtre Jean-Duceppe se prête parfaitement au décor à quatre faces, tourné au gré des différentes scènes par des machinistes. Le tout permet de laisser le spectateur voir cette belle ingéniosité dans les changements de décor, de même que les entrées et sorties de comédiens se faire discrètement à l’arrière.



« Écris pour moi! Quand tu écris, c’est comme si tu me baisais! »



En général, le spectateur regarde le spectacle avec les puissants éclairages sur les comédiens. Dans des moments choisis, ce mouvement est uniformisé dans les deux sens. Les interprètes se savent regardés par les spectateurs, qui eux aussi sont éclairés et se font donc observés par les acteurs durant leur performance. Un mouvement de retour peu exploité, car il implique que les comédiens peuvent voir le public, et possiblement être distraits de leur jeu en les voyant. Car normalement, l’éclairage donne le privilège d’aveugler les acteurs qui restent centrés sur leur travail.








On comprend que ce choix du metteur en scène implique de très longs mois de répétitions qui donnent une solidité à la performance et, en principe, un naturel dans le jeu qu’on peut rarement atteindre ici au Québec, compte tenu du peu de temps pour répéter qui nous est alloué. En Europe, la tradition théâtrale permet ces longues périodes de répétitions, c’est leur façon de faire du théâtre.



Lorsque les comédiens montent sur scène, en principe, ils connaissent tout de leur personnage et ont approfondi tous les aspects de la pièce. C’est ce qui est constaté encore une fois dans cette pièce. Le jeu des acteurs est exceptionnel, on se délecte de leur précision, de leur solidité et des nuances de leur performance.








Ici, comme toujours, on fait beaucoup avec peu. De là l’intérêt de visiter toutes les traditions théâtrales du monde, afin de nous enrichir de leur méthode de travail et ouvrir l’art, le libérer des préjugés méthodiques afin de créer plus librement.


« Si tu n’as rien de grand à offrir en toi, offre le pire! »

« Le monde absurde est le seul monde véritable. »

« Autant donner ce qu’il y a de pire, au moins c’est authentique! »



À la fin, on apprend que la troupe est interdite de jouer cette critique ouverte des institutions dans son propre pays – la Pologne, et le gouvernement a ouvertement réussi à interdire sa présentation dans les pays voisins. Les seules représentations qu’ils ont pu donner sont à Paris, à Québec au Carrefour théâtral la semaine dernière et ici, au FTA.


Pour eux et pour nous, merci à toute l’équipe du FTA !!!



CRÉDITS


Un spectacle de Teatr Polski we Wrocławiu
Texte Thomas Bernhard
Basé sur la traduction de Monika Muskała
Adaptation, mise en scène, scénographie et lumières Krystian Lupa
Interprétation Bożena Baranowska + Krzesisława Dubielówna + Jan Frycz + Anna Ilczuk + Michał Opaliński + Marcin Pempuś + Halina Rasiakówna + Piotr Skiba + Ewa Skibińska + Adam Szczyszczaj + Andrzej Szeremeta + Wojciech Ziemiański + Marta Zięba
Costumes Piotr Skiba
Arrangements musicaux Bogumił Misala
Présentation avec le soutien de Instytut Adama Mickiewicza (Varsovie)

Rédaction Paul Lefebvre
Traduction du polonais Joanna Gruda
Traduction vers l’anglais Neil Kroetsch

lundi 5 juin 2017

FTA - Nelly Arcand – La fureur de ce que je pense





Crédits photos: Caroline Laberge

Publié par Esther Hardy le  5 juin 2017 à 16h00 - Contenu original

C’est profondément touchée, estomaquée même que je me suis levée pour applaudir à la fin de ce spectacle exceptionnel à l’Usine C.  «La fureur de ce que je pense» est une pièce qui touche les profondeurs de notre noirceur.  Elle semble prendre naissance en nous et on se surprend de comprendre à quel point elle était nécessaire.  La metteure en scène, Marie Brassard, a su trouver le ton juste pour illustrer le cœur écorchée et l’intelligence vive de cette femme incroyable qu'est Nelly Arcan (Isabelle Fortier).   Sa capacité à comprendre les tenants et aboutissants du « marchandising » de la femme est vraiment exceptionnel!




Nelly Arcan



"La fureur de ce que je pense"  raconte l'histoire en pièces détachées et en coup de poing au coeur de Nelly Arcan qui a bouleversé le Québec avec ses écrits.  Cette femme raconte avec une promptitude  et une mise à nue sans artifice, ses expériences de femme de joie et de douleurs. Et pour ce plongeon dans les abîmes de sa féminité blessée, sept comédiennes incarnent tous ces aspects.  Elles représentent l’archétype de celle qu’on désire et qui sait accepter ce désir que dans la mesure où elle exerce son pouvoir de séduction…



Évelyne de la Chenelière et Sophie Cadieux



Un texte puissant, un voyage initiatique dans un red light surprenant...


Initialement présenté en 2013, Sophie Cadieux alors en résidence de création à l’Usine C, avait le désir de travailler sur les textes de Nelly Arcan, elle a demandé à Marie Brassard de faire la sélection des extraits des textes et la mise en scène qui  plonge dans l’univers de cette intelligente et audacieuse auteur récemment décédée.




Sophie Cadieux 



D’ailleurs Sophie Cadieux offre une incarnation de cette femme brisée absolument exceptionnelle.  On sent les montagnes russes d’émotions et l’assurance qui se confronte, puis perd pied dans son discours.  L’attitude physique tantôt provocante et forte, tantôt brisée et repliée, ainsi que la voix, le ton, le regard défiant, arrogant presque ou le retour vers soi contribuent dans l’incroyable impact qu’elle provoque en nous. Comme un chat en cage, elle voudrait briser ses chaînes…  


Christine Beaulieu, Julie Le Breton, Évelyne de La Chenelière, Sophie Cadieux, Larissa Corriveau,  Johanne Haberlin et Anne Thériault… toutes les comédiennes nous ont touché par l'intensité de leur jeu...





Johanne Haberlin 



Fureur légitime, intelligence aiguisée et affûtée, qui a longuement mûri chacune de ses réflexions.   Incarnée dans un entourage trop religieux pour arriver à assumer adéquatement une puissance aussi drue que ce qu’elle portait, ses proches ont été totalement dépassés.  Donc, elle s'est retrouvé seule pour comprendre, assumer  et canaliser un tel pouvoir explosif.....


On voudrait la voir heureuse et apaisée…ce fut malheureusement une vie qui avait peu de ces bonheurs...




Christine Beaulieu et Évelyne de la Chenelière



Excellent spectacle!!!


CRÉDITS

Un spectacle de Infrarouge
Textes Nelly Arcan
Adaptation et mise en scène Marie Brassard
Idéation et développement Sophie Cadieux
Collaboration à l’adaptation et dramaturgie Daniel Canty
Interprétation Christine Beaulieu + Sophie Cadieux + Larissa Corriveau + Johanne Haberlin + Evelyne de la Chenelière + Julie Le Breton + Anne Thériault
Scénographie et accessoires Antonin Sorel
Assistance aux accessoires Alex Hercule Desjardins
Lumières Mikko Hynninen
Musique Alexander MacSween
Son Frédéric Auger
Costumes Catherine Chagnon
Assistance aux costumes Éric Poirier
Maquillages Jacques-Lee Pelletier
Coiffures Patrick G. Nadeau
Direction de production Anne MacDougall
Direction technique décor Jean François Landry
Régie son Frédéric Auger + David Blouin
Direction technique Mateo Thebaudeau
Traduction anglaise Oana Avasilichioaei
Agent de tournée Menno Plucker
Rédaction Philippe Couture
Traduction Neil Kroetsch
Vidéo de promotion Les Productions Lombric

Coproduction Festival TransAmériques + Théâtre français du Centre national des Arts du Canada (Ottawa) + PARCO (Tokyo)
Présentation en collaboration avec Usine C

Création au Théâtre ESPACE GO, Montréal, le 9 avril 2013