vendredi 31 mars 2017

Sagesse hindoue signée Peter Brook à la Place des arts




Publié par Esther Hardy le Ven. 31 mars 2017 à 11h00 - Contenu original

Crédit photos: Caroline Moreau



Le Théâtre de création français des Bouffes du Nord a présenté la pièce Battelfield tirée du Mahabharata, adaptée par les auteurs et metteurs en scène Peter Brook et Marie-Hélène Estienne, le week-end dernier à la 5e salle de la Place des Arts. Accompagné par un talentueux joueur de djembé, Toshi Tsuchitori, ce récit poétique a été incarné par les comédiens Carole Karemera, Jared McNeil, Ery Nzaramba et Sean O’Callighan, des acteurs européens et africains.





Peter Brook


Sur une scène épurée, où seuls quelques bâtons de bambous faisaient figure de décor et un tabouret en guise d’accessoire pour meubler l’espace, les acteurs ont ainsi eu tout le loisir de créer leur récit en stimulant adroitement notre imaginaire de leur talent.


Battlefield est un récit métaphorique joué en pièce de théâtre, le récit d'un combat légendaire tiré d’une grande fresque historique légendaire qui originellement dure neuf heures. Le Mahabharata est à la tradition hindoue ce qu’est la mythologie grecque à l’occident, un récit fondateur de toute la tradition. L’histoire du Mahabharata comprend pas moins de dix-sept mille pages. Battlefield en est qu’un épisode choisi pour illustrer cette légendaire histoire, genèse de toute la tradition hindoue.







Les personnages sont issus des déités hindoues, tous plus grands que nature et tellement simples à la fois, comme le sont les vrais héros. Avec une simplicité désarmante, ils nous parlent des grands moments de leurs vies et de leur sage vision, ils illustrent des anecdotes, souvent cocasses, pour insuffler un nouveau regard sur le quotidien.


Au rythme parfait du djembé, ils nous ont pris par la main et nous ont emmenés dans leur monde avec une justesse et une délicatesse appréciable qui m’a rappelé les grandes tragédies sans l’aspect dramatique de celle-ci. La similarité se retrouvant dans l’aspect épuré de ce moment théâtral qui laisse toute la place à l’impact et au dénouement de l’histoire.





Originellement incarné par un seul conteur qui joue tous les personnages, et qui utilise un seul accessoire pour illustrer chacune des aventures, cette pièce est plus près d’un récit historique, d’une grande histoire que d’une pièce de théâtre classique. Une histoire que tous les hindous connaissent littéralement par cœur.


Habituellement, les comédiens sont choisis en fonction de leur capacité à incarner un personnage spécifique, à s’y modeler et ils sont aussi choisis pour leur charisme, leur capacité à occuper la scène, etc… Dans ce cas-ci, les metteurs en scène ont cherché des comédiens qui en plus de leur qualité artistique scénique, avaient des capacités de conteurs, ce que les Anglais appellent le storytelling, une capacité à incarner un récit et à bien l’imager pour le public.






L’appréciation de la profondeur et de la beauté de cette grande fresque historique qu’est le Mahabharata se mesure dans son impact symbolique sur chacun des participants et des spectateurs qui l’ont beaucoup aimé.


Peter Brook est un grand metteur en scène, acteur, réalisateur et écrivain britannique qui a été conquis par cette histoire depuis ses jeunes années et qui a présenté l'intégralité de ce récit à Avignon en 1985. Les critiques élogieuses ont fait de cet événement le tournant de sa longue carrière artistique.


lundi 27 mars 2017

Le Rideau Vert vole au-dessus d'un nid de coucou!




  

Texte original d’Esther Hardy
Photos crédits : François Laplante Delagrave



Le Rideau Vert présente la pièce « Vol au-dessus d’un nid de coucou » de Dale Waserman, dans une traduction, une adaptation et une mise en scène de Michel Monty, jusqu’au 22 avril prochain. Comme on se rappelle, ce morceau d’anthologie qu’a été la version cinématographique tournée dans un asile avec Jack Nicholson dans le rôle-titre a raflé de nombreux prix, dont cinq oscars à sa sortie en 1975. L’histoire reste toujours aussi captivante et la distribution lui fait honneur avec les talents de : Julie Le Breton, Mathieu Quesnel, Sylvio Archambault, Anne-Marie Binette, Catherine Chabot, Philippe David, Stéphane Demers, Jacques Girard, Jean-François Hupé, Renaud Lacelle-Bourdon, Justin Laramée, Benoit Mauffette, Jacques Newashish, Frédérick Tremblay et Gilbert Turp.



 Mathieu Quesnel et Julie Le Breton



D'abord, la version roman écrite par Ken Kesy a été publiée en 1965, ensuite on l’a adapté très rapidement à la scène et elle a été jouée sur Broadway en 1966. Complètement sous le charme, Kirk Douglas qui en incarnait le rôle-titre, l’a aimé au point qu’il en a acheté les droits pour le cinéma afin de les offrir à son fils producteur Michaël. Voici donc la petite histoire légendaire du film qu’on a tant aimé dans les années soixante-dix. 







Recréer toute cette ambiance d’asile avec les personnages interprétés par des acteurs hollywoodiens comme Danny De Vito, Jack Nicholson, Christopher Lloyd (Retour vers le Futur), etc. revêt un défi pour les interprètes qui doivent nous faire oublier ces prestations mythiques par leur interprétation à la fois charmante et nuancée.



Comme toujours, la mise en scène prend ici une grande place, car elle doit déployer son art dans un travail adroit et son maître d’œuvre, Michel Monty arrive à nous imprégner sa version et à diluer la précédente dans notre esprit au moins pour quelques heures.



Frédérick Tremblay et Julie Le Breton



La belle Julie Le Breton reste extrêmement charmante et juste dans le personnage de la légendaire et horrible infirmière. Froide et militaire à souhait, elle incarne avec dignité celle qu’on aime haïr sans tomber dans la caricature et nous offre un jeu sans reproche! 



Stéphane Demers



Chaque personnage est superbement campé! Pour ne nommer qu’eux, Stéphane Demers et Jaques Girard sont admirables dans leur interprétation des compagnons d’asile, tellement bien incarnés qu’on les reconnaît à peine. On y croit, on est touché et on compatit de leur déconvenue.



Stéphane Demers et Mathieu Quesnel



Le défi de Mathieu Quesnel est de taille, s’attaquer à ce personnage légendaire et nous faire oublier l’interprétation qui a valu un Oscar et de multiples récompenses à Jack Nicholson n’est pas une mince affaire. Héros de la pièce, Mathieu arrive à se l’approprier et nous présenter une version crédible de ce bum sympathique. 








Et ça marche!!! Malgré quelques petites lenteurs, comme on peut s’y attendre parfois lors d’une première le temps que les comédiens trouvent leurs repères, roulent un peu leur spectacle et s’ajustent dans l’espace. Néanmoins, nous avons été agréablement surpris, conquis même et nous avons passé une très belle soirée!




Au Rideau Vert jusqu’au 22 avril.



mercredi 22 mars 2017

Macha Limonchik amante de Caligula


Benoît McGinnis, Macha Limonchik
Crédit photos: Yves Renaud


Publié par Esther Hardy le Mer. 22 mars 2017 à 16h33 - Contenu original


La pièce « Caligula » d'Albert Camus est présentée au Théâtre du Nouveau-Monde jusqu'au 12 avril. Nous avons rencontré Macha Limonchik, Caesonia l'amante du roi despotique, qui nous parle de cette pièce de théâtre bouleversante.






Saviez-vous que le nom « Caligula » est à l'origine un sobriquet donné au futur roi, car lorsqu'il était enfant, le jeune Caius suivait sa mère et son père dans les camps de soldats romains. Il portait alors de petites sandales adaptées à ses pieds, similaires à celles des soldats romains, appelées « caliga ».




Benoît McGinnis, Macha Limonchik, Benoît Drouin-Germain, Éric Bruneau


Texte:  ALBERT CAMUS


Mise en scène et dramaturgie:  RENÉ RICHARD CYR


Distribution:
Chantal Baril, Éric Bruneau, Louise Cardinal, Normand Carrière, Jean-Pierre Chartrand, Sébastien Dodge, Benoît Drouin-Germain, Milène Leclerc, Jean-Philippe Lehoux, Macha Limonchik, Benoît McGinnis, Étienne Pilon, Denis Roy et Rébecca Vachon.

jeudi 16 mars 2017

Sylvie Drapeau incarne Frosine dans l'Avare au TDP




Publié par Esther Hardy le Jeu. 16 mars 2017 à 14h00 - Contenu original


Crédit photos: Gunther Gamper



La scène du Théâtre Denise Pelletier sera témoin des frasques du mythique personnage d'Harpagon, dans la pièce «L'Avare» de Molière, présentée jusqu'au 8 avril. Le très charismatique Jean-François Casabonne assumera le rôle de ce père, un homme qui est radin au point d'en oublier le bonheur de ses enfants.


Nous avons eu le plaisir de rencontrer la talentueuse et magnétique comédienne Sylvie Drapeau qui nous en a parlé et qui, de son côté, incarnera Frosine, l'entremetteuse complice des enfants.







Distribution:
Simon Beaulé-Bulman, Jean-François Casabonne, Samuel Côté, Sylvie Drapeau, Laetitia Isambert, Jean-Philippe Perras, Bruno Piccolo, François Ruel-Côté, Gabriel Szabo et Cynthia Wu-Maheux.


Assistance à la mise en scène et régie / Alain Roy
Scénographie / Simon Guilbault
Musique / Laurier Rajotte
Costumes / Linda Brunelle
Lumières / Alexandre Pilon-Guay
Maquillages / Florence Cornet
Assistance à la mise en scène / Félix Monette Dubeau
Assistance aux costumes / Virginie Thibodeau Urbain
Accessoires / Julie Measroch
Stagiaire à la production / Maria Carvajal
Conseiller dramaturgique / Jean-Simon Traversy
Direction technique / Victor Lamontagne


Jusqu'au 8 avril au Théâtre Denise Pelletier.

L’exaltante prestation d’Alex Nevsky au Métropolis




Publié par Esther Hardy le Jeu. 16 mars 2017 à 20h51 - Contenu original

Crédit photos: Esther Hardy

Après une dizaine de villes pour présenter son dernier opus El Dorado, l'arrivée d'Alex Nevsky sur la scène du Métropolis a été soulignée par un enthousiasme déchaîné du public. Des fans de tous âges ont accueilli cet attachant auteur-compositeur-interprète pour sa rentrée montréalaise.

La scène du Métropolis a été témoin de sa délicieuse poésie à la fois lyrique et pop, un merveilleux mélange de force et de douceur. Alex Nevsky a vraiment le talent d’adoucir le quotidien avec ses balades « hop la vie » et ses textes profonds, mélancoliques, néanmoins qui semblent toujours légers dans le ton.






Sobrement vêtu de noir avec ses espadrilles qui témoignent de son énergie et lui donne son « spring » sur scène, il s’accompagne au clavier avec un talentueux groupe de musiciens : son fidèle complice Gabriel Gratton (basse et guitare), Jean-Alexandre Beaudry (guitare), Vincent Carré (batterie) et devant lui au clavier, Laurence Lafond-Beaulne (basse et clavier) qui assume avec brio les voix féminines des chansons Mieux vaut vivre pauvre et Le lit des possibles.


Alex nous a interprété l’intégral d’El Dorado et a ensuite offert ses titres à grands succès commerciaux. Au moment d’interpréter, « Hohohoho », le public est devenu sa chorale improvisée sous ses talentueuses indications, d’une précision et d’une douceur étonnante, il s’improvise un adroit prof de chant, « casting » parfait pour ce talentueux artiste amoureux des mélodies et des mots.







Une présence adolescente appréciable, public issu des différentes auditions de la Voix, a manifesté son amour pour cet artiste et coach de « La voix junior ».


La magie agit, il nous transmet sa passion de la musique à travers toutes ses chansons et encore plus, son dynamisme et sa joie de vivre. Le défi est relevé, le public est transporté et touché! On veut se procurer sa musique, si ce n’est déjà fait. Et « la la la » laisser nous accompagner pour la fredonner dans notre quotidien.


Comme une feuille d’automne, il sait se déposer en douceur dans notre jardin intérieur et sait tout autant, éveiller la joie avec la vitalité d’une jeune pousse verdoyante qui émerge avec force à travers la neige au printemps.






Le soin accordé à la création de chacune des paroles de ses textes confirme l’harmonieux résultat. Depuis son premier album en 2010 et les deux autres qui ont suivi, il a roulé sa bosse et amplement prouvé son style très personnel en créant sa signature musicale unique.



Dans son adolescence, ce natif de Granby avait déjà l’amour des mots avec un fort intérêt pour leur rythme poétique qui résulte en cette belle musicalité. Amateur de rap français et de hip-hop, ses goûts musicaux l’ont poussé à créer son langage mélodieux, ses grandes émotions et ses belles images, et plus de contribuer à former l’artiste québécois incontournable qu’il est devenu.






Son talent, sa présence sur scène, ses musiciens avec en prime un très bon jeu d’éclairage ont donné un très bon spectacle. La première partie a été assumée par Laurence Nerbonne suivie de Ria Mae, d’excellentes artistes qui ont fait vibrer la scène du Métropolis et agréablement mis la table pour cette belle soirée.


Si vous n’avez pas eu la chance d’assister à une de ses prestations, Alex Nevsky continue sa tournée au Québec…

mardi 7 mars 2017

Une folle d'art à la Nuit Blanche



Publié par Esther Hardy le Mar. 7 mars 2017 à 18h30 - Contenu original

Crédit photos: Esther Hardy

Habituée de cette belle nuit blanche, c’est avec un agenda plein à craquer que mon chum et moi sommes partis direction Quartier des Spectacles. Nos préparatifs étaient simples, d’abord regarder l’horaire des activités et sélectionner celles qui nous plaisaient le mieux dans le même quartier. Prévoyant la cohue, nous avons judicieusement créé notre agenda en double, sélectionnant deux activités aux mêmes heures, dans l’éventualité où la popularité de notre premier choix nous empêcherait d’y entrer.






Première escale : Trio Fibonacci à la Salle Bourgie du Musée des Beaux-arts. Dans une ambiance cérémonielle et sacrée de cette magnifique salle, avec comme ajout au décor un violoncelle, un violon et un piano à queue, nous avons d'abord été bercés puis éveillés par leurs notes dynamiques et douces à la fois. Moment paisible signé par de talentueux et combien élégants musiciens : Michel Alexandre (piano), Julie-Anne Derome (violon) et Gabriel Prynn (violoncelle). Le lieu est mythique et les musiciens excellents!





Deuxième escale : Musée des Beaux-arts, l’exposition Chagall…C’était à prévoir, sa popularité nous fait bifurquer vers d’autres activités concoctées par le musée. Dans une salle adjacente au même étage : un atelier de mosaïque. Vous connaissez la mosaïque? Cet art magnifique qu’on admire dans les maisons, les châteaux et les terrasses des pays nord-africains. Faite entre autres de verre et de céramique, la mosaïque se fabrique sur plusieurs types de support. Nous avons appris comment tailler les pièces et les nombreux agencements possibles sur bois pour décorer les murs, les tables, faire des tableaux, etc... Une belle découverte!!!






Troisième escale : Au même étage du Musée des Beaux-arts : orchestre de musique « jazzée » sur fond d’atelier de vitrail. Wow! Une superbe activité. Nous avons appris comment créer de simples vitraux, en dessinant des formes sur des pellicules plastiques transparentes à l’aide de crayons-feutres, et ensuite en les encadrant tout simplement d’un ruban gommé coloré. Voyez les magnifiques résultats des participants.





Quatrième escale : La chasse au restaurant lors d'une marche rapide en direction de la Place des Festivals… Malheureusement aucun resto ouvert qui peut nous accueillir, tout est plein. Nous trouvons finalement une place pour casser la croûte entre deux courants d’air dans un fast food. Et quelques minutes plus tard, c’est à la fois avec déception et joie que nous découvrons les restaurants du Complexe Desjardins judicieusement gardés ouverts pour cette belle nuit. À retenir!!!



Cinquième escale : Slam au Gesù, nous nous présentons donc au sous-sol à la salle de spectacle, et nous somme redirigés dans le lieu de culte à l’étage du haut. C’est dans une grande bouffée d’encens d’église que nous sommes accueillis par une musique d’ambiance festive au cœur de ce temple revêtu d’un jeu d’éclairage exceptionnel et de projections d’images. Entourés des icônes et images religieuses, les slamers font leur numéro en solo dans une ambiance à la fois sereine et gotique, certains édifiants et drôles, d’autres plus dramatiques… Le lieu de culte créée une ambiance qui se prête plus ou moins à ce type de spectacle… Néanmoins, nous apprécions les paroles des talentueux auteurs-interprètes…



Sixième escale : Le Complexe Desjardins accueille les nombreux amateurs de cidres dans une ambiance festive sur la grande place. Les nocturnes se délectent au bar improvisé par de multiples producteurs de cet élixir, accompagnés d’un fond musical. L’activité est gratuite depuis 21h00. On en profite, question de bien se réchauffer avant de poursuivre nos découvertes artistiques ! La jungle est décontractée, ça jase à bâton rompu.






Septième escale : Salle du Musée d’Art contemporain pour la nuit de la poésie. Très bien organisé par Radio-Canada, avec de nombreux comédiens, auteurs, poètes, slammers, etc. Proses engagées, poésie grivoise, parole d’éveil, tout est délicieux à nos oreilles! C’est définitivement notre activité de choix… C'est sous les paroles de Claude Gauvreau, Geneviève Desrosiers, Inès Talbi, Simon Boulerice, le chant des Colocs, la folie de notre Raoul Duguay national et de bien d’autres encore que nous terminons cette belle nuit de découvertes artistiques… L’art plein la tête et le cœur rempli de mille nuances de beautés…





À l’an prochain!!

Le retour de Don Juan


Marie-France Lambert , Danielle Proulx,  Évelyne de la Chenelière et Évelyne Rompré
Crédit photos: Nicolas Descoteaux


Publié par Esther Hardy le Mar. 7 mars 2017 à 4h30 - Contenu original


Le Théâtre Prospéro accueille sur ses planches le séducteur le plus célèbre de l’occident jusqu’au 25 mars. La pièce « Don Juan revient de guerre » de l’auteur croate Ödön Von Horvath et mise en scène par Florent Siaud, nous offre une fenêtre sur la période suivant la Première Guerre mondiale. Entouré d’une belle brochette de comédiennes : Danielle Proulx, Évelyne de la Chenelière, Évelyne Rompré, Kim Despatis, Marie-France Lambert et Mylène St-Sauveur, le grand tombeur Don Juan revit par le talent de Maxim Gaudette dans une Allemagne bouleversée.


Florent Siaud, jeune metteur en scène des vieux pays, nous a concocté une mise en scène marquée par le symbolisme… Les amateurs de peintures seront d’autant plus choyés et reconnaîtront certaines œuvres expressionnistes dans les mimiques et les postures physiques des personnages. Ils seront touchés par l’évocation de la célèbre peinture « Le Cri » d’Edvard Munch.




Maxim Gaudette, Évelyne de la Chenelière et Évelyne Rompré


Situé, entre la guerre 14-18 et celle de 39-45, la pièce « Don Juan revient de guerre » nous plonge dans cette période où l’Allemagne se remet tranquillement de ses blessures et est partagée entre le désir des plaisirs faciles, avec celui d’éviter de souffrir en pansant ses blessures.


C’est d’abord un Don Juan brisé, marqué par la guerre et par ses erreurs de jeunesse qui revient du combat. Suivant son premier règne, l’auteur évoque ses déboires et aventures sur une gent féminine qui résiste d’abord à tomber sous son charme et se laisse ensuite entraîner dans les recoins de sa propre noirceur, espérant être séduite dans l’ombre de ce tombeur toujours aussi magnétique.




Marie-France Lambert et Maxim Gaudette


J’ai été fascinée par la puissance d’évocation des souffrances qui tel un grand cri de douleur jamais exprimé, se manifeste néanmoins avec puissance. Toute la pièce est une grande fresque, peinte sous l’adroite et précise main du metteur en scène qui sait exactement comment façonner son art en utilisant tous les symboles adéquats. La richesse de ses images est surprenante, impressionnante même. Le talentueux Florent Siaud modèle chacune de ses scènes avec une adresse qui déborde de puissantes impressions.


Le thème des souffrances des femmes victimes collatérales de guerre est omniprésent sur la scène québécoise des théâtres de la saison actuelle. Si vous vous souvenez, à l’automne dernier, la pièce « Une femme à Berlin » a été présentée à l’Espace Go, elle était également jouée par Évelyne de la Chenelière et Évelyne Rompré. De plus, dans le cadre de Montréal en Lumière, la pièce « La femme comme champ de bataille » a été présentée au MAI (Montreal, Arts interculturels). Cette dernière pièce traite directement des conséquences dévastatrices de la guerre chez les femmes.




Mylène St-Sauveur et Maxim Gaudette


Dans les dernières décennies, les victimes masculines des guerres ont souvent été évoquées au cinéma. Néanmoins, on entend beaucoup moins parler de femmes, de ces victimes faciles sacrifiées des peuples défaits. Cette prise de conscience sociale est un changement de culture de bon aloi qui nous éveille et nous ébranle. Il va de soi que les femmes victimes de guerre violées à répétitions doivent faire preuve d’une extraordinaire résilience pour réussir à survivre.


« Don Juan revient de la guerre » est à l’affiche du Théâtre Prospéro jusqu’au 25 mars.