dimanche 17 juin 2018

Francos - Brel symphonique - L'OSM se surpasse!




Crédits photos: Victor Diaz Lamich et courtoisie


Texte original d'Esther Hardy



Dans le cadre de la Série OSM pop, Brel Symphonique a été présenté deux soirs à la Maison symphonique, terminant les Francos sur une note aussi puissante qu’elles avaient commencées. Malgré le marathon de spectacles des derniers jours, Brel symphonique est assurément un concert à ne pas manquer!  Dans la salle, on sent le plaisir de l'attente chez le public tandis que les musiciens de l’OSM entrent à tour de rôle et accordent leur instrument.


Le chef et instigateur de la soirée, Simon Leclerc nous présente le programme avec son délicieux humour « Je vous ai apporté des bonbons : les valeureux musiciens de l’OSM ». En introduction, il nous offre une magnifique pièce de son cru qui mérite une diffusion plus large dans les médias.


Simon Leclerc


Bien coordonné, ce concert unique est mis en scène par Luc de Larochelière et chacun des dix invités nous gratifie de deux titres incluant les succès éternels de Brel qu'on attendait avec impatience. Ils sont tous aussi enflammés les uns que les autres en se se succédant sur scène avec leurs deux coups de coeur.



Sous la douceur des violons, la langoureuse Bïa entre la première et présente « J’arrive » suivi d’« Amsterdam », adaptées à ses couleurs qu’on aime tant, avec sa magnifique intensité. La musique de l’OSM se dépose en nous en douceur… Très chic, Pierre Flynn impressionne avec sa voix puissante dans « Le plat pays » et nous taquine en parlant de sa recherche de points communs avec Brel en présentaion à « La bière ». Catherine Major vêtue de noir très saillant, interprète avec conviction « Au suivant » et nous introduit son deuxième titre en la qualifiant de "la plus grande chanson de déchirement amoureux" : « Ne me quitte pas » avec un espoir éternel dans la voix.


  
 Catherine Major


Un moment très fort de la soirée: la prestation exceptionnelle de Danielle Oddera! Cette belle Marseillaise naturalisée québécoise depuis 1960 n’est pas à son premier spectacle hommage à Brel. Depuis son départ, elle le chante fréquemment.  Elle a même présenté en 2008 « Je persiste et signe… Brel », un hommage alliant théâtre et chansons, vibrant de sensibilité, empreint de toute la tendresse qu’une amie a gardée pour ce monument belge de la chanson française. Elle nous raconte quelques anecdotes de l’époque où Brel fréquentait « Chez Clairette », le cabaret de la sœur de Danielle. Elle interprète avec force : « Fils de » et sa voix s’emballe d’intensité dans « La valse à mille temps ». Le public déborde d’enthousiasme et spontanément se lève d’un bond pour l’ovationner!



 Danielle Oddera


À un point tel que Luc de Larochelière qui suit, débute sa prestation avec humour en disant « Si quelqu’un se demande si c’est difficile de passer après Danielle Oddera… oui ça l’est! » en guise de préambule. Néanmoins, son interprétation d'« Un enfant » et de « Mathilde » nous réjouissent. La première partie se termine avec la vibrante prestation du charmant Bruno Pelletier qui prête sa voix à « Quand maman reviendra » et à « La chanson des vieux amants » dans une très belle interprétation. La musique apporte une autre dimension à la mélodie et aux textes des chansons de Brel, c’est grandiose!


En deuxième partie, dès que Paul Piché entonne « Le moribond », on saisit immédiatement l’envergure de son talent qui n’est pas limitée à son magnétisme incontestable et à ses capacités exceptionnelles d’auteur-compositeur. Sa puissante voix résonne avec tout son charisme dans la maison symphonique, ses variations et son timbre nous émeuvent et nous impressionnent. Vivement qu’il ait une soirée complète avec l’OSM dans cette salle tout indiquée pour goûter à l’envergure de son talent vocal!





Moins connue du public, Andréa Lindsay nous explique qu’elle remplace Marie-Hélène Thibert et comme chanter en français est plus exigeant pour elle, elle doit suivre sa partition. Bien encrée, sa voix est parfaite pour la mythique chanson « Quand on a que l’amour » et « Rempart de Varsovie » qu’elle interprète avec intensité ! Une découverte que cette belle voix.



Marc Hervieux


Sur ses minis escarpins, Diane Tell nous offre avec émotions  la chanson « Voir un ami pleurer »  et « Jeff » de sa puissante voix limpide. Marc Hervieux entre sur scène de reculon avec une timidité inhabituelle s’amusant à interpréter le personnage dans « Les bonbons » et provoque une nouvelle ovation debout dans sa prestation de la magnifique chanson « La quête »!





Puis, nous avons eu droit à deux autres titres, une interprétation romantique de la part des femmes sur « Les cœurs tendres » et sur une note rigolote les hommes entonnent « Les bourgeois ».


Simon Leclerc, chef de l’Orchestre symphonique de Montréal et orchestrateur du spectacle nous a étonné avec son humour et sa simplicité  On sent son amour pour son art et le plaisir qu’il prend à le rendre accessible. Une soirée magnifique qui nous laisse enchanté et dont on se souviendra longtemps!!!


Croyant que le spectacle était une exclusivité concoctée pour les Francos, nous avons appris que c’était au contraire une supplémentaire à sa trente-cinquième représentation, par contre, seulement les trois dernières ont été présentées avec l’OSM et ce, à guichet fermé.







La genèse de ce concert : « Chef et orchestrateur brillant et inventif, admirateur de Brel devant l’éternel, Simon Leclerc s’est vu confier l’honneur de porter un regard inédit aux chansons de ce géant de la chanson française. Voilà tout un défi, qu’il a su relever en comptant sur la complicité, la voix, le talent et la présence scénique de dix interprètes d’exception réunis autour de l’Orchestre Symphonique de Montréal le temps d’un concert mémorable. Riche d’orchestrations inédites, tout en nuances, leur interprétation donne un nouveau souffle à l’œuvre, immense, du Grand Jacques. »


Tout est magnifié à la perfection sous l’archet d’un orchestre symphonique. J’ai adoré Harry Potter, imaginez Brel! Si le spectacle est présenté de nouveau, courez-y!!!

samedi 16 juin 2018

Francos - Jolie-Bois et Mara Tremblay




Texte original d'Esther Hardy

Jeudi soir, la scène de L’astral accueille Joli-Bois dans sa cinquième prestation à vie et naturellement, la première aux Francos, pour cette formation musicale en première partie de Mara Tremblay. Je voulais revoir ses délicieuses comédiennes maintenant devenues chanteuses aux magnifiques harmonies et mieux connaître Mara Tremblay qui a visité la scène des Francos pratiquement chaque année depuis ses tout débuts.




 Joli-Bois, Sonia Cordeau et Raphaëlle Lalande au lancement

  
C'est un bonheur de retrouver Joli-Bois qui a fait l’objet d’une précédente chronique au lancement de son premier EP Quand les vents en janvier dernier. En cette chaude soirée des Francos, les filles de Joli-Bois présentent l’intégralité de celui-ci, soit six titres, ainsi qu’une toute nouvelle chanson. Et j’avoue que leur travail déjà bien réussi s’est enrichi avec cette dernière pièce intitulée « Montagne » que le public apprécie beaucoup. Comme un bon vin, le temps fait fructifier leur talent.



De style pop-folk, les pétillantes filles de Joli-Bois étaient un peu nerveuses pour leur première prestation sur la scène des Francos, ce qui a eu comme effet d’ajouter quelques étincelles à leurs sourires! Avec Sonia au clavier et leur voix ultra justes, la chanson « Je construis ma maison » insuffle une grande dose d’harmonie apaisante sur tout le public.


 Joli-Bois, Raphaëlle Lalande et Sonia Cordeau
 
Crédits: Arianne Carrier-Cliche



Leur inspiration est d'abord venue de leurs ruptures amoureuses, source prolifique de création pour ces talentueuses autrices-compositrices-interprètes. Elles ont des voix riches, douces et très mélodieuses. Formé depuis deux ans, Joli-Bois a quelque corde originale à son arc, les filles s’accompagnent à la mandoline et au ukulélé ainsi qu’avec quelques rares instruments rétro. En plus d’être drôles et ultra sympathiques, Raphaëlle Lalande et Sonia Cordeau se font poètes des cœurs grafignés et leur musique tout aussi balsamique que poétique est chouette à écouter. Leur EP « Quand les vents » est disponible sur bandcamp



Crédits photos:  Esther Hardy


Acclamée par un public en liesse, Mara Tremblay arrive sur scène en force avec ses musiciens, dont son fils Victor à la batterie. Interprétant en grande partie son dernier opus « Cassiopée », elle nous fait la surprise d’inviter son deuxième fils Édouard, qui se joint à la formation pour interpréter deux-trois titres de ses compositions. Et franchement, la pomme n’est pas tombée loin de l’arbre. Ses chansons sont particulièrement inspirantes!!! Connaissant les particularités de son univers musical, Mara souligne qu’elle est très surprise de voir son fils saisir sa musique et s’y marier à la perfection. Elle est très fière d’avoir le privilège de jouer avec ses deux grands gaillards qui s’éclatent autant qu’elle!


Très généreuse, elle offre plus de vingt titres qui vont de la balade acoustique jusqu’au rock plus soutenu. Sa sonorité puissante emplit la salle avec intensité et le public s’éclate. Elle adore présenter ses chansons sur scène et nous partage mille et une anecdotes, nous nourrissant de la riche genèse de ses titres! Les gens dans la salle sont aussi spontanés qu’elle, au point de lancer des « On t’aime Mara » tout au long de la soirée! 

Le public enthousiaste repart satisfait et comblé! 


Zone tranquillité Les hirondelles


En entrant sur le site des Francos, j’ai croisé un kiosque « Zone tranquille » qui m’était inconnu. Sous le thème "Festive pour toutes",  c’est un lieu de repos pour les personnes qui se font harceler sur le site. Belle idée!!! Ils offrent de l’aide, des options et de l’information pour les problèmes d’agressions ou de harcèlements que vivent les femmes, les jeunes femmes cisgenres et trans lors des événements extérieurs! Leur volonté est d’assurer une sécurité, un genre de port d’attache pour que celle qui se sentent vulnérable.  Le site se conforme ainsi aux règles instaurées par la ville! N’est-ce pas une excellente initiative? Pour plus d’informations visiter le site !

jeudi 14 juin 2018

Francos - Fanny Bloom en 1re partie de Catherine Ringer à la PDA

Fanny Bloom
Crédits photo: Maxime G. Delisle



Texte original d'Esther Hardy


Mardi dernier aux Francos, la salle du Théâtre Maisonneuve s’est dynamisée sous les rythmes pop de Fanny Bloom suivi de ceux de Catherine Ringer. 


Après avoir beaucoup fréquentée les Francos dans sa jeunesse, Fanny Bloom est fière de faire la première partie en salle de Catherine Ringer, artiste française qui roule depuis des lustres. Pour ma part, j’ai découvert Fanny aux Francos de l’an passé lorsqu'avec 
Ingrid St-Pierre et Delphine Coutant, elle présentait un concert intimiste qui a fait l'objet d'une précédente chronique, FrancoFolies 2017: Ingrid, Delphine et Fanny - délices, pianos et voix.   De plus, elle était une des 14 femmes qui ont rendu hommage à Pauline Julien vendredi dernier sur cette même scène : Francos — La Renarde — Inoubliable...   Depuis la rencontre initiale avec son univers musical, intriguée par son style, je suis de plus près cette excellente chanteuse québécoise et c’est particulièrement pour l’entendre que j'ai réservé ma soirée…


En cette cinquième journée des Francos, c’est une Fanny Bloom triomphante qui entre sur la scène du Théâtre Maisonneuve. Ornée d’un voile translucide léger comme son cœur, elle entonne les titres de son dernier opus  Liqueur, un troisième album de chansons originales dansantes et pop qu’elle a produit avec ses anciens copains du groupe La patère rose. Après s’être offert en 2016, un album solo piano-voix beaucoup plus sobre, intitulé Fanny Bloom, elle revient à sa légèreté pop que nous avons goûtée avec bonheur dans cette première partie.




Fanny Bloom

Crédits photo: Sébastien Jetté




Dès les premières notes, on entre dans son univers et comme si elle avait beaucoup de choses à nous raconter, elle débute avec « Jaser » le troisième titre de son dernier album. Ses interventions sont souvent drôles, elle est dynamique et façonne une ambiance détendue qui rime avec plaisir! Elle poursuit avec « Parfait, parfait » tirée de son album Apprentie Guerrière de 2012. Très colorée, elle crée toutes sortes d’effets avec sa bouche. Sa voix et sa sonorité ont des résonances de naïveté qui s’accentuent jusqu’au mystérieux. C’est définitivement une artiste qui a une forte signature personnelle. Voguant dans des sons électro, elle allie un style romantique ou plus énergique allant jusqu’à l’éphémère.


Comme elle en dégage de l’énergie cette artiste haute comme trois pommes. Puis, elle chante « Liqueur » de son album du même titre. Et très gamine, elle raconte comment dans ses jeunes années, sans-le-sou, elle a caché une bouteille de fort dans une baguette de pain pour entrer sur le site des Francos. Et c’est deux ans plus tard en 2008, qu’elle fait sa première scène extérieure avec son groupe électro pop, La patère rose. 



Fanny Bloom
Crédits: Sébastien Jetté



Alternant entre le clavier et le micro, elle est accompagnée d’un drummer, d’un guitariste et d'une claviériste. Nous aurons droit à une belle prestation de dix chansons dont : « On s’aimera », « Lily » et « Queue-leu-leu » tirées de l’album Liqueur, puis « Pacemaker » de l’album Fanny Bloom de 2016.  Comme pour chacun de ses titres qui ont beaucoup tournés dans les radios, on sent l’enthousiasme monter pour la chanson « Velours », sa riche adaptation très personnelle de « Halo » de Beyoncé.  On a droit à « Sammy » et « Piscine » tirées de l’album Pan paru en 2014, ayant eu un très grand succès.


Produisant un album aux deux ans, Fanny Bloom en a déjà quatre à son actif. Passant par la balade, de style électro pop naïf, surprenante dans sa couleur, elle crée une ambiance parfaite pour s’éclater! La salle est trop peu achalandée pour ce talent original. 


Catherine Ringer
Crédits: Victor Diaz Lamiche


Puis la deuxième partie… Comme beaucoup de gens, je me suis demandé qui était cette fameuse Catherine Ringer à qui on consacre une salle. Faisait anciennement partie du groupe Les Rita Mitsouko jusqu’en 2017, elle a une longue carrière d’artiste de scène et a produits de nombreux albums. Fougueuse, elle monte sur les planches comme Marie-Jo l’aurait fait avec hardiesse et désinvolture. On croirait qu’elle a trente ans! Elle présente de nombreux titres de tous ses albums dont on peut reconnaître des styles des années 80 et des quarante dernières années. Le public rassemblé à la salle Maisonneuve la connaît et l’apprécie. Elle donne un bon spectacle. 



Catherine Ringer
Crédits: Victor Diaz Lamiche


En entrant sur le site des Francos après ce concert, on entend la belle voix de Daniel Bélanger fredonner : « Ensorcelée sans calme et sans repos jamais…». Vraiment! les festivaliers sont aussi choyés par les scènes extérieures que dans les salles!


Daniel Bélanger
Crédits: Victor Diaz Lamiche


L’atmosphère est revêtue d’un sens du sacré empreint d'une écoute religieuse! Et au moment opportun, on chante ses refrains et on fait corps avec lui sur « Dix millions de solitudes, ça fait beaucoup… ». Présent sur la grande scène du festival, Daniel attire une foule immense qui couvre la rue Jeanne Mance de Ste-Catherine à Maisonneuve. Cette soirée est unique! Magnifique!



Crédits: Victor Diaz Lamiche


Et sur ces notes, je m’éloigne joyeusement avec la gaieté au cœur, heureuse du privilège d’assister à la prestation de tant d'excellents artistes…

dimanche 10 juin 2018

Francos - La Renarde - Inoubliable...


Ines Talbi, Laurie Torres, Émilie Bibeau, Louise Latraverse, Queen Ka, France Castel, Érika Angell, Sophie Cadieux et Isabelle Blais

Crédits photos: Benoit Rousseau

Texte original d’Esther Hardy

Pour sa 30e édition, les Francos ont débuté en force avec un hommage à Pauline Julien, chanteuse québécoise à la fleur de lysée tatouée au cœur et « qui nous manque depuis vingt ans! »…c'est ainsi que les quatorze interprètes ont souligné à maintes reprises leur attachement dans La Renarde, sur les traces de Pauline Julien au théâtre Maisonneuve de la Place des Arts ce 8 juin dernier.





Pascale Galipeau et Marie Bernier - sa fille et petite-fille


Le public est unanime! "Soirée vibrante! Émouvante et touchante, enflammée et parsemée de souvenirs qui resteront longtemps gravés dans les mémoires!!"  D’entrée de jeu, c’est dans une ambiance intimiste que Pascale Galipeau et Marie Bernier - sa fille et petite-fille -  s’avancent devant le rideau et ouvrent le bal! Quelques anecdotes sont racontées, des souvenirs et des espoirs! Elles soulignent la fougue, le feu, l’amour inconditionnel que cette femme indignée et passionnée était, et comment elle savait tout enflammer sur son passage…



France Castel


Du début jusqu’à la fin, les quatorze interprètes, dont quatre musiciennes et dix comédiennes-chanteuses, restent présentes sur scène et se succèdent en paroles, en poésie et en chansons. France Castel, amie de Pauline nous fait vibrer de tout son cœur sur « Je vous aime » qu’elle lance généreusement au public… Ensuite, nous avons droit à une « Litanie des gens gentils » avec conviction de la voix puissante d’Isabelle Blais.



Isabelle Blais



Queen Ka, Érika Angel et Ines Talbi enchaînent avec des témoignages et la chanson « L’Étranger ». Déjà, la salle vibre de la force conjuguée à la fragilité qui émane des paroles de cette Renarde. Et avec « Une sorcière comme les autres » interprétée avec passion par Fanny Bloom, ça y est le public est conquis, l’émotion est palpable! La passion de Pauline Julien et son engagement sont bien ressentis dans l’ardeur des chansons…


Puis, les souvenirs se succèdent avec « As-tu 2 minutes », « Ah que l’hiver » « Jack Monoloy », « Bilbao song », la « Croqueuse de 222 » et « Est-ce ainsi que les hommes vivent » interprétés par Sophie Cadieux, Ines Talbi, Louise Latraverse, Émilie Bibeau, Isabelle Blais, France Castel et Queen Ka.


C’est d’abord Pauline Julien qui a chanté Gilles Vigneault et Jean Pierre Ferland. D’ailleurs, plus tard dans la soirée, la superbe chanson : « Les gens de mon pays » est interprétée par une Queen Ka débordante de ferveur!


Naturellement, on est touché par cette artiste qui est un modèle pour toutes les générations sur scène et dans la salle. Ines Talbi, idéatrice et créatrice du projet nous raconte sa passion et sa ferveur, mais c’est quand elle entonne « Mommy », moment clef de la soirée qu’elle nous achève!!! L’admiration qu’elle porte pour cette femme nous est transmise et si ce n’est déjà fait, on adhère, on comprend, on est avec elle, ouvert à recevoir ce feu!!


Sophie Cadieux et Émilie Bibeau, nous font rire en faisant un extrait du spectacle de Pauline et de sa grande amie Anne Sylvestre, sur des questions très drôles de fausses idées et de stupidités qu’on peut demander à des artistes en entrevue.


Autres moments forts de la soirée, l’interprétation de la « Manic » de Fannie Bloom et celle de « Le plus beau voyage » par Isabelle Blais! Nous sommes comblés et on en aurait pris encore!!!!



Laurie Torres, Émilie Bibeau, Louise Latraverse, Queen Ka et France Castel 




Une magnifique soirée, extrêmement touchante!! Le public ne s’attendait pas à être bouleversé à ce point, en plus de découvrir des aspects de cette femme que quelques personnes connaissaient…

On a appris qu’elle partait tôt le matin arpenter l’avenue du Mont Royal à la rencontre de quêteux, les poches pleines de 1 $ ou de quelques victuailles. Avec sa langue déliée, le dramaturge Jean-Claude Germain disait d’elle que sa plus grande arme était le téléphone, si elle avait rejoint chaque québécois, le Québec serait séparé depuis longtemps!!


Et ce soir, malgré tous les excellents spectacles que j’ai vus ces derniers jours… ce sont des mélodies de Pauline Julien que j’ai en tête!!!


Présente sur scène autant d’admiratrices et d’amies de cette dame inoubliable : Erika Angell, Sophie Cadieux, Frannie Holder, Queen Ka, Louise Latraverse, Klô Pelgag, Ines Talbi, France Castel, Fanny Bloom, Émilie Bibeau, Isabelle Blais, Laurie Torres, Amélie Mandeville et Virginie Reid.


Ines Talbi
© John Londono 



Ines Talbi née au Québec, amoureuse de la culture, avait ce rêve. Touchée par l’œuvre de Pauline Julien, l’idée de ce spectacle a germé en elle jusqu’à ce qu’elle arrive à le mettre en œuvre.  Elle a réussi et nous en avons vu le magnifique résultat. Comme une belle soirée de la St-Jean deux semaines à l’avance, cette nuit de feu où on sent une fébrilité et une dévotion débordante pour notre culture et notre Fleur de lysée… une soirée émouvante, touchante… magnifique!


Et celle qui nous a plongé au cœur de notre mémoire, a éveillé notre fibre nationaliste et nous a fait revivre des moments si chers des temps enflammés où la Renarde nous parlait de séparation, et ce, sans l’avoir connu de son vivant, cette femme engagée et enflammée est de descendance tunisienne…

Merci Ines Talbi!  Soirée magnifique!



Crédits: Mathilde Corbeil


Heureusement, le spectacle partira sur les routes du Québec en tournée... Car il doit présenté à plusieurs reprises! On a trop peu souligné le passage de cette femme ou on l’a fait, en parlant souvent d’elle comme la femme de Gérald Godin, en omettant de souligner son apport inestimable à notre culture et à notre émancipation. Elle fut un exemple exceptionnel qui en a inspiré plus d’une et comme on le voit ici, même pour des générations qui sont nées après son passage…témoignage irréfutable que son inspiration demeure bien vivante…

dimanche 3 juin 2018

FTA – Nos ghettos – Aussi lucide que vibrant !



Jean François Nadeau et  Stéphan Boucher


Crédits photos: Patrice Lamoureux

Texte original d'Esther Hardy  


Trouver du pain, du fromage et de la soupe aux pois n'est certes pas difficile, vous me direz! À moins de vivre au Nunavut et encore…  Et pourtant, Jean-François Nadeau se lance dans cette rocambolesque aventure dans son quartier: Rosemont!!  C’est ce qu’on découvre au FTA dans Nos ghettos à La Salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 6 juin. 


J-François Nadeau, auteur et interprète de ce texte, nous raconte sa poésie du quotidien avec ses nombreuses péripéties et frustrations à vivre dans une société qui s'isole en voulant se rapprocher. Alors, ses besoins qui auparavant étaient simples à remplir se confrontent maintenant à de multiples peurs, les siennes et celle des inconnues, et ce, à quelques pas de sa résidence. Produit par La tourbière, Nos ghettos évoque une matinée où une simple promenade à la quête de denrée très commune, s'avère impossible dans un quartier devenu étonnement cosmopolite qui s’est structuré en ghettos ethniques.



Jean François Nadeau


« Comment vivre ensemble quand la rencontre est impossible. »


« Depuis la naissance de mes filles, je vis dans un monde de cheveux! »


Dès notre arrivée, la scénographie nous surprend, la scène est à moitié occupée par une énorme console technique avec deux-trois télévisions, un technicien et des instruments de musique....et l’autre moitié semble en construction. Puis, deux hommes sortent du sol, s’habillent et commencent à nous décrire leur univers.  On comprend alors que la désorganisation apparente sur les planches est le miroir de celle qui bouleverse la vie de notre protagoniste…


« Je suis regret debout et colère assise. »



Jean François Nadeau et Stéphan Boucher


Accompagné par son talentueux compagnon, Stéphan Boucher qui assume tous les personnages secondaires aussi féminins et variés soit-il, JF Nadeau affronte ses propres préjugés, et se butte tout autant à ceux des gens qu’ils croisent en tentant de les connaître un peu plus...


« On a nommé les nationalités,
ne pas le faire serait ne pas admettre la présence de licornes dans un ranch! »

"Je me suis mis au monde dans ma propre lâcheté"
disait-il en entrevue.


D’une grande originalité et d’une sensibilité remarquable, Nos ghettos nous ont d’abord beaucoup amusés, puis pendu aux lèvres de notre protagoniste et de ses multiples obstacles, nous avons été très émus par ses réactions au dénouement de l’histoire.


"Cette matinée est un éditorial de femme espionné par des hommes".




Stéphan Boucher et Jean François Nadeau 



Un beau texte de gars mis en scène avec une créativité débordante! Hétéroclite à souhait! D’un ton mi- humour, mi- bonhomie et tout cela, sur fond de multiculturalisme pratiquement impossible à réaliser. 


Cette pièce profondément humaine est agrémentée de chansons directement inspirées et adaptées au texte, qui font guise de transition, accompagnée à la guitare sèche ou électrique, de batterie et de trompette… Des projections directement sur le mur ou à l'écran, des marionnettes, une trappe au sol… rien n’est à l’épreuve de ces deux saltimbanques singuliers pour faire passer leur message avec une douceur de digestion qui rend le tout convivial, ludique et immensément humain!


Franchement, très bon!!
Le public est subjugué par la finesse de ce texte percutant et par la talentueuse complicité de ses interprètes!!!



Au FTA jusqu’au 6 juin.




Jean-François Nadeau et Stéphan Boucher


CRÉDITS

Un spectacle de La Tourbière
Texte J-F Nadeau
Mise en scène Stéfan Boucher + J-F Nadeau
Interprétation J-F Nadeau + Stéfan Boucher + Olivier Landry-Gagnon
Musique flone : Stéfan Boucher + Olivier Landry-Gagnon
Voix Gisèle Kayembe
Décor Jonas V. Bouchard
Costumes et accessoires Elen Ewing
Lumières et régie Jeanne Fortin-L.
Vidéo Geneviève Albert
Regard extérieur Madeleine Péloquin
Conseils Jean-Philippe Pleau + Marie-Sophie Banville
Direction technique Martin Mantha
Direction de production Rachel Gamache
Parole Marie-Eve Pelletier

Coproduction Festival TransAmériques
Présentation en collaboration avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui

samedi 2 juin 2018

FTA - Autour du Lactume - Dessins dans la langue de Ducharme



Crédits photos: Vivien Gaumond


Texte original d'Esther Hardy


Dans le cadre du FTA, le metteur en scène Martin Faucher s’est offert un beau présent en plongeant dans l’œuvre picturale de Réjean Ducharme.  Autour du Lactume est un cadeau qu’il nous partage, nous permettant de connaître une autre facette des réflexions abyssales de cet auteur québécois irrévérencieux et délicieux, Réjean Ducharme (1941-2017).  Narrée et incarnée par la talentueuse Markita Boies, les dessins de l’auteur, publiés depuis son décès, nous révèlent un aspect tout aussi prolifique du dramaturge québécois.


« Ils s’aiment. Il lave la voiture, elle lave le bébé. »


Une porte s’ouvre, une femme entre et nous fixe du regard…quelques notes d’effet dramatique provocateur sans malice et déjà nous sommes plongés dans cet univers tout en clin d’œil de Réjean Ducharme. Markita Boies nous parle, telle une enseignante en écriture le ferait…puis la fête commence.  Elle s’installe à sa table de travail et nous présente les fameux dessins de Réjean Ducharme dans une ambiance de match d’improvisation où de surprise en surprise, la qualité de la performance et son intelligence sont dans la mire de tire.




« Un miroir, c’est une petite patinoire ! »


Ce n’est pas ici la qualité des dessins qui nous interpelle, mais bien le regard que l’auteur avait lui-même sur ses œuvres. D’entrée de jeu, on découvre sa vision puisqu’au moment où il présente le fruit de son travail à un éditeur, il en parle en ces termes :


« Veuillez ne pas trouver insolent que je vous soumette ces dessins. Je ne sais pas plus dessiner qu’écrire. Seulement est-ce qu’il ne suffit pas d’être de la race humaine pour prétendre parler aux êtres humains? »

« Si vous ne voulez pas publier, donnez mes dessins à une jolie femme de ma part. »





Des paroles qui décrivent bien le personnage. Et la danse commence… Chaque dessin est accompagné de commentaires, des impressions qui révèlent déjà à 23 ans, un esprit taquin et une pensée incisive. Il se moque de lui-même et de tout ce qui lui passe par la tête à grande pelletée. En fait, les commentaires de chaque dessin sont définitivement plus palpitants que l’image qui devient un prétexte à la rencontre!


« Victoire Hugo, qui est-ce?  Un misérable? »


Souvent drôles, parfois irrévérencieux et songés, ses légendes et commentaires sont toujours marqués par son intelligence, son espièglerie et ses inspirations! En fait, son regard sur son œuvre est passionnant, coloré et immensément plus révélateur que le travail lui-même.  Ses paroles sont d’un charme insidieux qui secoue en séduisant! L’ironie et les délicieux sarcasmes sont au rendez-vous! Son ton caustique nous fait craquer et donne tout l’intérêt aux dessins!   





« L’arbre ne cherche rien, car il n’a besoin de rien, de rien d’autre que ce qu’il est…
L’homme est incomplet. »






Markita Boies est déchaînée!  Alternant entre un niveau de langage recherché et un franc parlé joual, son talent de lectrice, sa liberté de jeu et sa capacité à déployer un pouvoir d’intention incisif, autant qu’une pensée intelligente sont mis à profit et bien exploités par le créateur de ce spectacle, Martin Faucher. Ces nombreux commentaires nous indiquent avec limpidité la vision de l’auteur. La mise en scène y est pour beaucoup! On saisit tout de suite que Martin a bien cerné le cœur de Réjean Ducharme et avec Markita, il a l’interprète tout désignée  pour mettre en scène sa vision dramaturgique.  Vision à laquelle on adhère totalement.


« …il tutoie ma mère patrie! »






Tandis que le TNM s’apprête à faire une annonce monstre sur l’héritage de l’œuvre de Réjean Ducharme, Martin Faucher nous peaufinait un délice d’incursion dans l’univers si dynamique de cet auteur aussi fantaisiste que songé! 


À voir au Théâtre Lachapelle Scènes Contemporaines jusqu’au 4 juin.





CRÉDITS

Un spectacle original des éditions du passage
Production déléguée: Jamais Lu
Dessins et légendes:  Réjean Ducharme
Conception, collage et mise en scène: Martin Faucher
Textes Réjean Ducharme + Pierre Corneille + Lautréamont + Émile Nelligan + Arthur Rimbaud
Interprétation: Markita Boies
Lumières, assistance à la mise en scène et régie: Samuel Patenaude
Vidéo: Sandrick Mathurin

Présentation en collaboration avec La Chapelle Scènes Contemporaines + Festival international de la littérature

Harry Potter sous l'archet d'un orchestre





Crédit photos: Ton de Koning


Texte original d'Esther Hardy


Les amateurs de la saga Harry Potter de J.K. Rowling se sont redonné rendez-vous à Place des Arts pour la suite tant attendue du troisième opus de la série en concert. Projetée sur grand écran au-dessus de l’orchestre qui joue la bande originale de John Williams, le film Harry Potter et le prisonnier de Azkaban en concert est un plaisir inégalé pour les amoureux du genre!! Présenté les 1er et 2 juin par Attila Glatz Concert Productions à la mythique salle Wilfrid Pelletier.



Quelle idée merveilleuse! Un grand orchestre d’une centaine de musiciens, une chorale d’une trentaine de chanteurs et une chef d’orchestre qu’on croit reconnaître du spectacle précédent, tous sur scène et coordonnés au quart de tour pour nous faire vivre une soirée mémorable.




Harry (Daniel Radcliffe)  et Ron (Rupert Grint)



Rappelons-nous l’histoire! Dans, Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban, le trio est de retour à Poudlard pour la troisième année et plus que jamais, les amis doivent affronter leurs ultimes peurs! Harry, Ron et Hermione apprennent à parfaire leurs outils de sorciers afin de se défendre des hippogriffes, des épouvantards et des détraqueurs en plus d'une grande menace. Comme toujours les trois inséparables compagnons arriveront à se surpasser en luttant contre des forces légendaires du mal  avec de tout nouveaux outils judicieux: la carte du Maraudeur et le sortilège de Patronus. Néanmoins, un ancien ennemi de la famille d’Harry, Sirius Black, s’est évadé de la prison la mieux gardée de la confédération des sorciers. Réussira-t-il à atteindre Harry?




Ron (Rupert Grint), Hermione (Emma Watson) et Harry (Daniel Radclifffe)



Dès les premières notes de musique, la magie s’éveille en nous tout autant que le plaisir qu’on reconnaît si bien. Voir l’orchestre jouer la bande originale nommée aux Oscars à moins de deux mètres de l’écran où le film est projeté est carrément féerique. Le résultat produit un spectacle excessivement vivant!!



Marjorie Dursley (Pam Furris) 


On entre dans l’histoire, et on rit de voir tante Marge s’envoler au plafond avec l’oncle Vernon qui suinte de honte, tout cela sous les coups d’archet des violons en cavale.  Puis, la peur d’Harry est soulignée par le grincement des trompettes menaçantes.


On comprend que la majorité des bruits comme les clochettes des moments plus cocasses qui accompagnent l’action ou les grincements des détracteurs qui vampirisent Harry sont aussi produits par l’orchestre. Le talent de celle-ci nous surprend….



Sibylle Trelawney (Emma Thompson)



Les moments touchants entrent en nous sous les notes de la flûte traversière et les côtés amusants se font entendre par des clochettes. Avec son jeu impeccable, Emma Thompson est carrément hilarante dans son interprétation du personnage excentrique du professeur Sibylle Trelawney. 



Sibylle Trelawney (Emma Thompson)


Malgré le sous-titrage en français, nous suivons aisément l’histoire et notre enthousiasme ne dérougit pas. Nous nous amusons comme des enfants!



Hermione (Emma Watson), Harry (Daniel Radclifffe), Ron (Rupert Grint),
Rumus Lupin (David Thewlis) et Sirius Black (Gary Oldman)



D’ailleurs, si vous n’avez pas déjà réservé pour celui-ci, le quatrième film de la série : Harry Potter et la coupe de feu en concert sera présenté les 30 novembre et 1er décembre prochains.

Éveil de cœur d’enfant et plaisirs assurés!


Harry (Daniel Radclifffe) et Hermione (Emma Watson)



Producteur / Diffuseur : Attila Glatz Concert Productions
Salle : Salle Wilfrid-Pelletier
Durée : 2 h 30 avec entracte de 20 minutes