mardi 11 septembre 2018

Oslo - une oeuvre impressionnante!

Ariel Ifergan et Emmanuel Bilodeau 


Texte original d'Esther Hardy
Crédits photos:  Caroline Laberge


Les nouveaux directeurs artistiques chez Duceppe, David Laurin et Jean-Simon Traversy commencent leur première saison en force avec Oslo, une pièce de J.T. Rogers sur les accords secrets d’Oslo en Norvège entre les Palestiniens et les Israéliens en 1993.


La pièce raconte le dénouement de ces improbables et combien risquées négociations entre les deux partis, d’abord assumés par des professeurs israéliens près du pouvoir et des ministres palestiniens en exil, suivi des chefs politiques. Profondément humaine, la pièce Oslo nous apprend combien la naïveté et la bonne volonté ont été déterminant dans cette affaire, tout autant qu’une bonne intention norvégienne qui avec hardiesse frisait l’incident diplomatique à tout moment!




Isabelle Blais, Jean-François Casabonne, Manuel Tadros et Emmanuel Bilodeau



Dès l’ouverture, deux musiciens prennent place dans des estrades de chaque côté de la scène, se faisant ainsi face. Très achalandée, la scène se présente emplie de classeurs comme autant de dossiers en litige entre les deux pays. Au fur et à mesure que les rencontres se succèdent dans ce chaos organisé, la scène se libère tranquillement. Les acteurs, aussi dans les estrades, de chaque côté de leur parti antagoniste seront toujours présents sur scène, incarnant à tour de rôle, les divers personnages qui prendront part à cette joute de pouvoir.



Emmanuel Bilodeau et Isabelle Blais


Les négociateurs norvégiens, incarnés par Emmanuel Bilodeau et Isabelle Blais assurent aussi en alternance la narration et tiennent littéralement la pièce dans leur main. Leur personnages seront touchés par l’histoire des deux peuples et deviendront le point tournant par laquelle toute l’histoire a commencé.



Isabelle Blais et Manuel Tadros


Steeve Gagnon nous séduit dans son personnage un peu loufoque du professeur israélien plein de bonnes intentions. Manuel Tadros qu’on voit que trop peu sur les planches, nous a étonné par une interprétation impeccable : sa justesse, sa mesure et sa plus que crédibilité… comme toujours lorsqu’il assume un rôle, il y va à fond!


Bonne traduction du nouveau directeur artistique, David Laurin qui a préservé une spontanéité dans le texte avec une mise en bouche à la québécoise, ce qui nous situe immédiatement au coeur de la psychologie et des émotions des personnages. J’apprécie qu’ils aient tronqué la précision historique pour la dramaturgique... La mise en scène d’Édith Patenaude y contribue aussi.


Jean-Moïse Martin, Steve Gagnon, Reda Guerinik et Manuel Tadros



La distribution est parfaite! Chacun des comédiens campe son rôle avec expertise, énergie et précision de jeu, participant au meilleur de son talent pour faire de ce spectacle un moment inoubliable. Notons ici un effort d’offrir des personnages qui collent à la réalité ethnique des trois pays.


Édith Patenaude arrive à préserver la clarté dans cette pluralité de scènes, tout en assurant une précision dynamique et vivante de sa mise en scène, nous tenant en haleine du début jusqu’à la fin. Chapeau à cette nouvelle venue chez Duceppe qui a fait un travail colossal. Son jeune âge nous présage beaucoup de surprises que nous espérons déjà voir dans un avenir rapproché.



Steve Gagnon, Félix Beaulieu-Duchesneau, Jean-François Casabonne, Jean-Moïse Martin,
Manuel Tadros, Emmanuel Bilodeau,et Justin Laramée,



Le conflit entre ces deux peuples prend racine dans le bassin même qui a fait naître notre civilisation. Dans mes jeunes années, j’ai eu le privilège d’approfondir l’étude des subtilités de cette guerre éternelle du conflit israélo-arabe. Compte tenu des enjeux territoriaux et de l’historique de pertes humaines, de déchirures traumatisantes imprégnées dans les gênes de chacune des dizaines de générations des camps adverses, voir en direct la reconstitution des efforts sincères pour arriver à sa résolution est assez impressionnant. Les protagonistes ont tous une mère, un oncle, un fils, des ancêtres, un voisin qui ont été tués dans ce conflit!! Et la vengeance peut être sincèrement légitime, elle devient une source éternelle de carburant qui perpétue le conflit…




Emmanuel Bilodeau, Félix Beaulieu-Duchesneau, Steve Gagnon, Jean-Moïse Martin,
Manuel Tadros, Jean-François Casabonne, Reda Guerinik et Justin Laramée,



Tout comme eux, on craque à l’apogée de cette pièce quand tout est résolu et l’accord signé, lorsqu’un des personnages dit : « Qu’est-ce qu’ils font? Qu'est-ce qui se passe? » Et son compasse de lui répondre : « Ils pleurent, car ils ne pensaient pas voir ça de leur vivant! ».


Originellement crée en 2016 à New York, la pièce a reçu de nombreux prix dont celui du convoité Tony Award de la meilleure pièce.


Cette pièce est non seulement une source culturelle historique, un précieux retour dans l’écrin de moments clefs de l’histoire, mais elle est aussi un espoir! Sachant qu’au fond, sans l’influence extérieure politique des pays alliés qui ont beaucoup d’intérêts dans ces conflits, les êtres humains sont en réalité pleins de de bonnes intentions et désirs de paix!

À voir chez Duceppe jusqu’au 13 octobre….



Jean-François Casabonne, Emmanuel bilodeau, Ariel Ifergan, Isabelle Blais,
Jean-Moïse Martin et Luc Bourgeois





Texte: J.T. Rogers

Mise en scène: Édith Patenaude

Traduction: David Laurin

Interprétation:
Emmanuel Bilodeau, Isabelle Blais, Félix Beaulieu-Duchesneau, Luc Bourgeois, Jean-François Casabonne, Steve Gagnon, Reda Guerinik, Ariel Ifergan, Marie-France Lambert, Justin Laramée, Jean-Moïse Martin et Manuel Tadros



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