Normand D'Amour et Sébastien René
Texte original d'Esther Hardy
C’est plus intrigué que convaincue que je me suis rendue chez Duceppe
pour assister à la pièce « Le bizarre incident du chien pendant la
nuit » de Simon Stephens, une
adaptation du roman de Mark Haddon et une mise en scène d’Hugo Bélanger avec
Sébastien René dans le rôle-titre. J’ai
été d’autant plus surprise de ce spectacle bien ficelé et extrêmement bien
incarné par des comédiens versatiles.
Confirmant à nouveau son talent, Sébastien René nous livre sa meilleure
performance, vibrant et criant de vérité!
Tout commence avec cet évènement étonnant dans la routine quotidienne de
Christopher (Sébastien René)! Comme le titre nous le révèle : durant
la nuit, le chien de sa voisine est tué.
Évènement en apparence inexplicable, dont la police ne fera pas grand
cas, mais qui restera comme une énigme dans l’esprit de Christopher. Celui-ci
se fait alors un devoir de découvrir son auteur. Il fera tout en son pouvoir pour y
parvenir ; questionnant, cherchant des indices, talonnant son entourage
jusqu’à ce qu’il découvre la vérité. Une
vérité qui transformera sa vie et provoquera de grands bouleversements pour lui
et ses proches.
Philippe Robert, Stéphane Breton, Sébastien René, Cynthia Wu-Maheux et Adèle Reinhardt
D’un sujet qui peut sembler très dramatique, l’humour est néanmoins
omniprésent dans cette pièce… Il y a
longtemps qu’un spectacle m’a autant passionné! Tout y est : l’histoire
nourrissante, la scénographie élaborée de Jean Bard, imaginative à souhait et
si complémentaire à la pièce qu’elle en devient un autre personnage. La sensibilité d’Hugo Bélanger transparaît dans sa dynamique et inventive mise en scène.
Sans oublier la distribution de généreux talent avec Stéphane Breton, Normand D'Amour, Catherine Dajczman, Lyndz
Dantiste, Milva Ménard, Catherine Proulx-Lemay, Adèle
Reinhardt, Sébastien René, Philippe Robert et Cynthia
Wu-Maheux, cette dernière nous a étonnés par son excellent « timing »
comique.
Une très belle chimie père-fils se développe entre Normand D’amour qui
incarne le père de Christopher (Sébastien René). On y croit, on s’y projette! Fasciné, on
voyage allègrement dans l’univers de Christopher et on grandi avec les
personnages.
Le chœur est particulièrement bien utilisé! En fait, tous les comédiens
qui n’ont pas de personnage durant une scène, répondent d’une seule voix pour
illustrer soit les pensées de Christopher, sa psyché, son trouble ou son
univers intérieur. Il faut dire que
Christopher est un jeune garçon qu’on situerait entre 9 et 10 ans, débrouillard
et très intelligent, surdoué même, qui souffre néanmoins d’un léger trouble de
l’autisme, communément appelé syndrome d'Asperger. Sans avoir lu le préambule de la pièce, je
pouvais déjà mettre ces mots sur le comportement de Christopher, tellement le
jeu de Sébastien René l’incarne avec réalisme!
Sébastien René
Illustrant le monde intérieur du personnage de Christopher, les projections vidéo de Lionel Arnould sont judicieusement bien utilisées. Comme elles se mélangent à l’action sur scène, on a droit à un niveau de compréhension complémentaire au drame. On est interpellé à approfondir la vision intérieure de la trame dramatique puisqu’elle nous permet de mieux saisir ses combats, ses blessures ou simplement son cheminement pour arriver à ses conclusions, souvent naïves, mais toujours pleines de fraîcheurs.
Mon seul très léger bémol, et j’avoue qu’il ne fait aucune ombre réelle
au spectacle, serait l’omniprésence du professeur (Catherine Dajczman). On finit par comprendre qu’elle relate les
moments importants dans le cheminement de Christopher… Malgré
son excellent jeu, comme elle lit dans un livre sans qu’on puisse toujours
justifier sa présence sur scène, on se demande si l’abondance de ses lignes qui
sont pourtant indispensables à notre
compréhension, auraient pu être distribuées autrement…
D'ailleurs, la pièce affichait déjà quelques représentations
supplémentaires dès les premières présentations… Je vous conseille donc cette
belle pièce rafraîchissante et nourrissante avec une approche différente sur
des problèmes parfois difficiles à gérer pour des parents d’autisme Asperger et
qui font des ravages dans l’entourage des victimes de celle-ci.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire