dimanche 29 avril 2018

Le bizarre incident du chien pendant la nuit… L'autisme de l'intérieur !


Normand D'Amour et Sébastien René

Texte original d'Esther Hardy 



C’est plus intrigué que convaincue que je me suis rendue chez Duceppe pour assister à la pièce « Le bizarre incident du chien pendant la nuit »  de Simon Stephens, une adaptation du roman de Mark Haddon et une mise en scène d’Hugo Bélanger avec Sébastien René dans le rôle-titre.   J’ai été d’autant plus surprise de ce spectacle bien ficelé et extrêmement bien incarné par des comédiens versatiles.  Confirmant à nouveau son talent, Sébastien René nous livre sa meilleure performance, vibrant et criant de vérité!


Tout commence avec cet évènement étonnant dans la routine quotidienne de Christopher (Sébastien René)!  Comme le titre nous le révèle : durant la nuit, le chien de sa voisine est tué.  Évènement en apparence inexplicable, dont la police ne fera pas grand cas, mais qui restera comme une énigme dans l’esprit de Christopher. Celui-ci se fait alors un devoir de découvrir son auteur.  Il fera tout en son pouvoir pour y parvenir ; questionnant, cherchant des indices, talonnant son entourage jusqu’à ce qu’il découvre la vérité.   Une vérité qui transformera sa vie et provoquera de grands bouleversements pour lui et ses proches.


Philippe Robert, Stéphane Breton, Sébastien René, Cynthia Wu-Maheux et Adèle Reinhardt


D’un sujet qui peut sembler très dramatique, l’humour est néanmoins omniprésent dans cette pièce…   Il y a longtemps qu’un spectacle m’a autant passionné! Tout y est : l’histoire nourrissante, la scénographie élaborée de Jean Bard, imaginative à souhait et si complémentaire à la pièce qu’elle en devient un autre personnage.  La sensibilité d’Hugo Bélanger transparaît dans sa dynamique et inventive mise en scène.  Sans oublier la distribution de généreux talent avec Stéphane Breton, Normand D'Amour, Catherine Dajczman, Lyndz Dantiste, Milva Ménard, Catherine Proulx-Lemay, Adèle Reinhardt, Sébastien René, Philippe Robert et Cynthia Wu-Maheux, cette dernière nous a étonnés par son excellent « timing » comique. 




Normand D'Amour et Sébastien René


Une très belle chimie père-fils se développe entre Normand D’amour qui incarne le père de Christopher (Sébastien René).  On y croit, on s’y projette! Fasciné, on voyage allègrement dans l’univers de Christopher et on grandi avec les personnages. 


Le chœur est particulièrement bien utilisé! En fait, tous les comédiens qui n’ont pas de personnage durant une scène, répondent d’une seule voix pour illustrer soit les pensées de Christopher, sa psyché, son trouble ou son univers intérieur.  Il faut dire que Christopher est un jeune garçon qu’on situerait entre 9 et 10 ans, débrouillard et très intelligent, surdoué même, qui souffre néanmoins d’un léger trouble de l’autisme, communément appelé syndrome d'Asperger.  Sans avoir lu le préambule de la pièce, je pouvais déjà mettre ces mots sur le comportement de Christopher, tellement le jeu de Sébastien René l’incarne avec réalisme!




Sébastien René



Illustrant le monde intérieur du personnage de Christopher, les projections vidéo de Lionel Arnould  sont judicieusement bien utilisées. Comme elles se mélangent à l’action sur scène, on a droit à un niveau de compréhension complémentaire au drame. On est interpellé à approfondir la vision intérieure de la trame dramatique puisqu’elle nous permet de mieux saisir ses combats, ses blessures ou simplement son cheminement pour arriver à ses conclusions, souvent naïves, mais toujours pleines de fraîcheurs.



Mon seul très léger bémol, et j’avoue qu’il ne fait aucune ombre réelle au spectacle, serait l’omniprésence du professeur (Catherine Dajczman). On finit par comprendre qu’elle relate les moments importants dans le cheminement de Christopher…   Malgré son excellent jeu, comme elle lit dans un livre sans qu’on puisse toujours justifier sa présence sur scène, on se demande si l’abondance de ses lignes qui sont pourtant  indispensables à notre compréhension, auraient pu être distribuées autrement…







D'ailleurs, la pièce affichait déjà quelques représentations supplémentaires dès les premières présentations… Je vous conseille donc cette belle pièce rafraîchissante et nourrissante avec une approche différente sur des problèmes parfois difficiles à gérer pour des parents d’autisme Asperger et qui font des ravages dans l’entourage des victimes de celle-ci.  


Allez!  Amusez-vous chez Duceppe jusqu’au 19 mai… Pour vous procurer des billets...



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