mardi 18 décembre 2018

Drame et humour dans Consentement chez Duceppe



Texte original d'Esther Hardy
Crédits photos: Caroline Laberge


Au moment où la notion de « l’acquiescement dans les relations intimes » est de toutes les discutions, où notre société prend conscience de l’importance de réajuster sa vision de respect mutuel, la compagnie Jean Duceppe met en scène la pièce Consentement de l’anglaise Nina Raine, dans une mise en scène de Frédéric Blanchette avec les talents de Marie Bernier, Anne Élisabeth Bossé, Véronique Côté, Patrice Robitaille, David Savard, Mani Soleymanlou et Cynthia Wu-Maheux. La demande ayant été forte, les représentations étaient déjà complètes dès la première et Duceppe a ajouté des supplémentaires, la pièce sera donc présentée jusqu’au 31 janvier.


« Est-ce qu’il arrive quelque chose sur terre qui ne vient pas d’une impulsion sexuelle?
– L’impôt! » 



Sur un ton humoristique et dramatique à la fois, un couple qui vient d’avoir un enfant reçoit ses amis. Ce sont deux couples d’avocat, des gens intelligents qui ont réussi et en mènent large. Se hissant au-dessus de la masse en bien-pensant, ils échangent sur des dossiers en cours et en viennent à un cas litigieux de viol. Naturellement, leur opinion est LA bonne vision à leurs yeux. Néanmoins, les deux couples parfaits vivent éventuellement des bas inattendus et tout à coup cette notion de consentement devient plus nébuleuse. Où est le consentement dans les apparents non-dits de la femme convoitée que l’homme excité croit percevoir?



Anne-Élisabeth Bossé, Patrice Robitaille, Véronique Côté, David Savard,
Mani Soleymanlou et Cynthia Wu-Maheux 


« Si le roi Lear était une femme, les gens diraient :ah! c’est à cause de ses hormones. » 



Au moment où le couple se sépare, le conjoint veut une dernière relation sexuelle et la prend sans le consentement volontaire de son ex. La culpabilité l’envahit! De convaincu, il se retrouve coupable et devra l’assumer. Là tout le drame et la notion de conscience de ses actes se révèlent avec force. Ainsi débute la chaîne des émotions tourmentées d’accusations, de culpabilité et de regret.



David Savard et Patrice Robitaille


« Il est désolé de ce qui lui arrive, pas de ce qu’il a fait. » 



« S’excuser si ça ne fait pas mal, ce n’est pas s’excuser. » 



Patrice Robitaille nous livre un homme aussi fier et fort que faible et troublé par la suite. De même pour David Savard, la dégringolade est vertigineuse. Les deux hommes sont durement mis à l’épreuve et perdent leur superbe, un talent que ces deux comédiens ont la capacité d’exploité avec autant de force et de profondeur que ce soit le macho fini ou l’être profondément tourmenté par sa conscience.



« C’est difficile d’être sincère quand on est obligé de s’excuser. » 




Patrice Robitaille, Véronique Côté et Anne-Élisabeth Bossé



Anne-Élizabeth Bossé possède cette capacité de bien s’approprier un texte et de se le mettre en bouche avec un tel talent qu’elle semble toujours spontanée et naturelle lorsqu’elle le livre.



« On s’imagine que l’autre nous aime complètement dans tout ce que l’on est. 
– Non, ça, c’est ta mère! » 



Traité avec une bonne dose d’humour qui rend toutes les notions d’agression et d’accusation plus accessibles dans le contexte, la pièce Consentement nous touche et met le doigt avec finesse sur l'aspect litigieux pour les spectateurs du drame et le traitement si inconscient des enjeux qu’en font les hommes de loi.

 

Nina Raine - © Richard Pohle

 


Fille du poète Craig Raine, l’auteur, Nina Raine est l’une des dramaturges britanniques contemporaines des plus estimés. Dès le départ en 2006, avec sa première pièce Rabbit où elle assume aussi la mise en scène présentée Trafalgar Studios dans le West End de Londres et ensuite au festival Brits Off-Broadway de New York, elle reçoit le Charles Wintour Evening Standard Award et le Critics Circle Award for Most Promising Playwright (la pièce la plus prometteuse).



Consentement vous aidera à discerner le vrai du faux dans tout ce débat sur la notion d’acquiescement dans les relations intimes…

À voir chez Duceppe jusqu’au 31 janvier.


 Mani Soleymanlou, Cynthia Wu-Maheux   et David Savard
  



Texte : Nina Raine
Mise en scène : Frédéric Blanchette
Traduction : Fanny Britt

Interprétation : Anne-Élisabeth Bossé, Patrice Robitaille, Marie Bernier, Véronique Côté, David Savard, Mani Soleymanlou, Cynthia Wu-Maheux

Conception : Mykalle Bielinski, Normand Blais, Marie-Renée, Bourget Harvey, Julie Breton, André Rioux

Assistance mise en scène : Andrée-Anne Garneau

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