samedi 2 février 2019

Aalaapi - poésie du Nunavik





Texte original d'Esther Hardy
Crédits photos: Anne-Marie Baribeau




Aalaapi veut dire « faire le silence pour entendre quelque chose de beau », cette charmante pièce documentaire est présentée à la salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d'aujourd'hui jusqu'au 16 février dans une habile mise en scène de Laurence Dauphinais. Pour de multiples raisons, je croyais connaître les Inuits, mais en assistant à cette fresque de la vie au Nunavik, j'ai constaté que finalement mon savoir se limitait aux généralités, que je ne connaissais pratiquement rien de leur quotidien, mais surtout de leur jovialité et de leur ouverture.


Je suis sortie apaisée de ce spectacle, m'ayant laissé toucher par la vague de sérénité de ce peuple à l’esprit zen, inspirée par leur simplicité et leur capacité à se moquer généreusement d’eux-mêmes avec un grand détachement!








Deux jeunes filles inuit, Nancy Saunders et Hannah Tooktoo se prêtent à l'exercice. Dans Aalaapi, on les voit vivre au quotidien avec leurs habitudes, leurs espoirs, leurs champs d'intérêt et leur joie de vivre. Elles montent sur scène pour la première fois afin de livrer ce message. Présentée par le collectif Aalaapi et Magnéto qui a aussi produit le documentaire radiophonique d’accompagnement de Marie-Laurence Rancourt, la pièce est soutenue par cette trame sonore qui relate le quotidien de la vie au-delà du 55e parallèle et la vision de quelques jeunes filles qui vivent dans le Sud, à Montréal, soulignant leur désir professionnel, leur vision de l'avenir et de leur tradition.





Ainsi, j'ai appris que certains grands-parents, les Inuits les plus âgés, sont très fiers de leurs traditions et avec ferveur tiennent à la léguer à leurs petits-enfants. Par contre, d'autres qui ont été forcés de s'en éloigner par l'insistance des missionnaires et autres autorités religieuses ressentent encore aujourd'hui de la honte quant à leur façon de vivre et ne tiennent pas à ce que leur tradition se perpétue.



Par conséquent, il y a des adolescents qui ont reçu cet héritage, qui connaissent la langue, les traditions de leurs ancêtres, ou sinon ils y sont sensibilisés et ils tentent de les apprendre assidûment. D'autres par contre, n’en connaissent strictement rien et vivent relativement de la même façon que nous.




Néanmoins, leur vie est faite d'aventure à la pêche et à la chasse, de fabrication d'artisanat, d'études, ou encore d'observation d’oiseaux. La radio devient un outil essentiel de communication pour s’assurer de connaître les dangers imminents de cette vie en plein cœur d’une nature sauvage, d’animaux prédateurs qui rodent dans le coin ou de la perte d'objet, d'avertissement météorologique, etc. Elle est un élément essentiel à leur quotidien qui est franchement sobre, simple et dépouillée du super flux.




Mélodie Duplessis, Marie-Laurence Rancourt, Nancy Saunders, Laurence Dauphinais et Hannah Tooktoo


Détachées, drôles, sympathiques et spontanées, nos deux comédiennes passent énormément de temps à rire, se taquiner, apprécier la simplicité de la vie et à se moquer d'elle-même. Elles ont l'air de tout, sauf malheureuses dans leur vie au Nunavik. Néanmoins, certains jeunes préfèrent la ville, ne serait que pour apprécier l’indépendance hors d’un village où tout le monde se permet d'avoir une opinion sur ce que les autres font. On effleure leur tradition et à la fin, malgré la dégustation du fruit de leur travail, un pain traditionnel appelé "bannique" qu’elles ont cuisiné et partagent avec le public, je me suis surprise à désirer en connaître encore plus...








Allier chants d'oiseaux, aboiement de chiens et bruits de voiturettes, au vent, à la projection d'images, de sous-titre français et anglais, de départ à la pêche, d'écoute de la radio, de fabrication de pain, etc. avec autant d’éléments disparates c’étaient un magnifique travail de synthèse que d’en faire la mise en scène. Et ça fonctionne harmonieusement avec l'esprit de sérénité du peuple inuit. Bravo Laurence Dauphinais.



À voir jusqu’au 16 février à Salle Jean-Claude Germain du Centre Théâtre d’aujourd'hui.

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