mardi 12 mars 2019

Rien d'ordinaire dans cette Guérilla au CTA


 


Texte original d'Esther Hardy
Crédits photos: Mikael Theimer



Guérilla de l’ordinaire, qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire… C’est en me posant cette question que je suis entrée dans la Salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui pour assister à la dernière pièce des autrices en résidence, Marie-Claude St-Laurent et M-Ève Milot. Créée et produite par le Théâtre de l’Affamée, la pièce Guérilla de l’Ordinaire est présentée jusqu’au 28 mars et déjà des supplémentaires sont prévues le soir de la première.





Avec les talents de Jonathan Caron, Maxime D.-Pomerleau, Maxime De Cotret, Myriam De Verger, Pascale Drevillon, Soleil Launière, Sarah Laurendeau, Marie-Claude St-Laurent et Mathilde Laurier , Marie-Claude et Marie-Ève ont uni une cinquante de saynètes pour créer cet objet qui de prime abord peut sembler hétéroclite, néanmoins puissant dans sa vision éditoriale et fort bien écrite!! Les autrices n’ont pas essayé d’analyser outre mesure l’instinct qui les portait dans l’écriture et ont simplement suivi leur souffle… c’est magnifique! Marie-Claude me disait spontanément qu’elle ne sait pas vraiment ce que donne le produit fini de leur pièce. Cette spontanéité artistique confirme la puissance du  feu qui les habite elle et Marie-Ève, un guide puissant dans leur travail.







Guérilla de l’Ordinaire est une ode à la diversité, à une vision ouverte et inclusive de tous les types de personnes et de personnalité. Elle raconte la rencontre de ceux qui ont côtoyé une femme aujourd’hui disparue. Ainsi, ses proches et ses relations plus ou moins intimes se croisent pour la première fois. Ce rendez-vous donne lieu à des croisements de toutes sortes, des situations d’attirance contraire et d’intérêt, sexe et races tout aussi différents. Les autrices utilisent l’ornière d’un regard débarrassé de tout préjugé qu’il soit racial, sexuel, de genre, etc… afin de relever les innombrables inconforts, blessures, et idées préconçues socialement que subit une personne avec la moindre différence du reste de la masse. Naturellement, la femme noire, infirme, nouvellement arrivée subira plus de préjudices qu’un homme blanc québécois de souche, etc.… Parfois irritantes, parfois inconscientes, les autrices marquent de grands traits rouges les situations inacceptables que nous avons fini par tolérer en fermant les yeux.




La scène est ornée d’un grand miroir de fond que les comédiens utiliseront  en l’inclinant de façon à ce que le public se voie… À ses pieds, une centaine de petits lampions blanc et rouges créent une ambiance de sacrée qui sied aux grands départs et rappellent les salons funéraires ou lieux de cultes.




À l’entrée du public, les comédiens déjà présents déambulent à travers eux et sur la scène comme si nous faisons partie d’un même groupe convié à l’évènement en l’honneur de cette personne disparue.







Soulignons la performance exceptionnelle de Sarah Laurendeau dans un étonnant rap aussi dynamique que bien écrit, d’une poésie urbaine parfaitement rythmée et qui a spontanément provoqué un tonnerre d’applaudissements de la part du public.





Les Affamés, Marie-Claude St-Laurent et Marie-Ève Milot se sont investies à développer une culture des femmes. Elles s’évertuent à créer des personnages riches afin de voir au-delà du quotidien et réfléchir avec leur public afin d’interroger leur contemporanéité. Leur engagement se confirme dans leur analyse féministe de leur processus créateur et de leur sélection de sujets à traiter.







Marie-Claude et Marie-Ève savent se laisser guider par leur instinct pour dévoiler ce qui les inspire profondément. Ce fort instinct d’autrice et de créatrice confirme leur vision éditoriale très déterminée à se déployer et leurs sept textes à leurs actifs en fait foi.




GUÉRILLA DE L'ORDINAIRE 

une création du Théâtre de l'Affamée, en résidence à la salle Jean-Claude-Germain
texte Marie-Ève Milot et Marie-Claude St-Laurent
mise en scène Marie-Ève Milot
avec Jonathan Caron, Maxime D.-Pomerleau, Maxime De Cotret, Myriam De Verger, Pascale Drevillon, Soleil Launière, Sarah Laurendeau, Marie-Claude St-Laurent et Mathilde Laurier

du 5 au 23 mars 2019
SUPPLÉMENTAIRES les 26, 27 et 28 mars 2019



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