Dans le cadre du
Festival Trans Amérique, les productions Toneelgroep Amsterdam présente la
trilogie shakespearienne Kings of War
du metteur en scène belge Ivo van Hove. Ce grandiose marathon théâtral de quatre
heures trente est la réunion de trois célèbres pièces du plus grand auteur anglais
de tous les temps, William Shakespeare présenté au Théâtre Denise Pelletier jusqu’au 27 mai. Lors de sa précédente visite au FTA en
2010, Ivo van Hove s’était également donné le même type de défi avec d’autres
œuvres shakespeariennes dans Tragédies romaines et comme à cette
époque, il a réussi à nous impressionner.
Trois grandes pièces Henry V, Henry Vl et Richard
lll relatent la succession des rois d’Angleterre sur le trône, débutant
par leur couronnement, les grandes guerres anglaises, les rois qui engendrent
d’autres rois, combattent pour le trône, se font la guerre entre clan, jalousie
et traîtrise… tout cela sur un fond adapté, que je situerais dans les années
cinquante avec une touche de technologie actuelle!
Ivo van Hove
Mettre en scène
trois pièces en une seule reste un énorme défi, cela demande de réduire un dix heures de textes
en quatre heures. Ivo van Hove choisit des codes clairs pour bien situer le
public et éviter la redondance tout en maintenant l’attention et la compréhension.
Une œuvre
colossale!!
Kings of War est présentée dans la langue des
comédiens, le néerlandais, avec sous-titres français et anglais. Notre regard alterne entre leur visage,
l’action sur scène, leurs expressions et le tableau des traductions… une danse à
laquelle on s’accoutume aisément en visitant le FTA, la conséquence d’un désir légitime de rendre
accessibles les œuvres d’artistes étrangers. Et pour nous, c’est un privilège exceptionnel
de goûter au théâtre international dans sa propre ville. Le FTA nous permet de découvrir les arts et
particulièrement un théâtre différent, en fait, connaître comment on aborde l'art
ailleurs… On explore l’expression culturelle d’un peuple, ses codes, sa façon de
créer et sa vision. Question de voir au-delà de nos propres codes et de briser nos limites…
Kings of War me surprend par l’aspect relativement classique de son style… Les acteurs semblent tous assez âgés et même s’ils ne le sont pas, ils en ont quand même le port… donc, la facture de tout le spectacle a quelque chose d’extrêmement classique et conventionnel dans son aspect visuel. Les costumes et le décor sont sobres laissant toute la place au jeu des comédiens. On sent par ailleurs la puissance du travail de ceux-ci, la rigueur dans leur jeu et la force de leur complicité pour l'oeuvre commune.
Ils intègrent bien
la technologie, alternant entre le jeu sur scène et sur grand écran, de projection de l’histoire qui se poursuit derrière le rideau, comme si les
coulisses étaient la suite du château et que les acteurs continuent à y vivre en
sortant de scène. La caméra les suit et
on peut voir la suite par l’entremise de films préenregistrés ou en direct…
Ainsi, un acteur donne certaines de ses
répliques à l’écran qui se synchronise avec son entrée sur scène où il continue la
conversation qu’il a avec un autre personnage.
De plus, cette
technologie permet d’accorder un répit aux quinze interprètes qui se succèdent
en sous-groupe sur scène pendant les quatre heures de
représentation.
D'entrée de jeu, Henry V, une pièce que je connais pour
l’avoir déjà jouée. Il m’apparaît évident
qu’on a dû couper énormément pour pouvoir faire entrer un texte de plus de trois
heures en 1h15-30. Et quelle partie
couper?...d’une part pour ne pas affecter la compréhension de l’histoire, d’autres
parts pour garder l’essentiel des meilleurs moments?… Un dilemme quasi
impossible à résoudre, car tout est bon!!
Naturellement,
j’ai retrouvé mes meilleures scènes, mais pas toutes… Les priorités d'adaptation de Peter Van Kraaij et de Bart Van den Eynde se concentrent dans le flot de l’histoire psychologique des rois,
leur évolution, l’édification de leur royauté et les complots de tous les
protagonistes pour arriver à leur fin!
Il fallait faire des choix!
Par exemple, dans Henry V le moment clef de l’histoire se
situe lorsque le roi fait un discours exceptionnel à ses troupes pour les
encourager avant le grand combat final.
Toute cette scène effervescente est sonore, sans appui visuel…les acteurs
étant tous en coulisses. Donc, nous
n’avons pas pu voir les réactions des combattants et le pouvoir du roi qui
ravive le feu de ses troupes si important dans l‘histoire… Ils avaient assez de comédiens pour nous la
jouer et nous faire goûter au puissant charisme du roi… L'équipe du metteur en scène, des dramaturges et adaptateur avait sûrement une bonne
raison… néanmoins, cela prouve que le feu au combat n’était pas une priorité
dans leur regard, il se sont concentrés sur tous les aspects psychologiques comme
mentionnés précédemment, ce qui nous offre un théâtre plus cérébral.
Et pour voir l’agenda complet du FTA cliquer ICI!
Un spectacle du Toneelgroep Amsterdam
Texte Shakespeare
Mise en scène Ivo van Hove
Interprétation Hélène Devos + Jip van den Dool + Fred Goessens + Janni Goslinga + Aus Greidanus jr. + Marieke Heebink + Robert de Hoog + Hans Kesting + Ramsey Nasr + Chris Nietvelt + Harm Duco Schut + Bart Slegers + Eelco Smits + Leon Voorberg
Traduction Rob Klinkenberg
Adaptation et dramaturgie Peter Van Kraaij
Adaptation Bart Van den Eynde
Scénographie et lumières Jan Versweyveld
Composition musicale Eric Sleichim
Contreténor Steve Dugardin
Musiciens BL!NDMAN [brass] : Max Van den Brand + Charlotte van Passen + Daniel Quiles Cascant + Daniel Ruibal Ortigueira
Costumes An D’Huys
Vidéo Tal Yarden
Assistance à la mise en scène Nina de la Parra + Olivier Diepenhorst
Assistance à la dramaturgie Thomas Lamers
Assistance à la scénographie Bart Van Merode + Pascal Leboucq
Assistance à la vidéo Rodrik Biersteker
Assistance aux lumières Trent Suidgeest
Assistance à la conception sonore Finn Kruyning
Conseil au casting Hans Kemna
Direction technique et de production Wolf-Götz Schwörer
Co-commissaires Barbican (Londres) + Chaillot – Théâtre national de la Danse (Paris) + Wiener Festwochen (Vienne)
Coproduction BL!INDMAN (Bruxelles) + Holland Festival (Amsterdam) + Muziektheater Transparant (Anvers)
Avec le soutien de Rabobank Amsterdam
Producteurs privés Harry + Marijke van den Bergh
Présentation en collaboration avec le Théâtre Denise-Pelletier
Rédaction Diane Jean
Traduction Neil Kroetsch
Création au Wiener Festwochen, Vienne, le 5 juin 2015
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