vendredi 4 mai 2018

La vie utile - Réflexions d'Évelyne à l'Espace Go



Sophie Cadieux, Jules Roy Sicotte, Christine Beaulieu, Évelyne de la Chenelière et Louis Negin.


Crédits photos: Caroline Laberge
Texte original d'Esther Hardy
                                                        
L’Espace Go et le FTA présente  La vie utile  d’Évelyne de la Chenelière dans une mise en scène de Marie Brassard, avec Christine Beaulieu, Sophie Cadieux, Louis Negin, Jules Roy Sicotte et Évelyne de de la Chenelière elle-même, jusqu’au 1er juin.  Les dernières dates de représentations seront présentées dans le cadre du FTA (Festival Trans Amérique).  La vie utile  est un drame mystère, un spectacle figuratif, un peu mystique, d’une grande sensibilité et d’une honnête exploration sur le processus vers la mort, une douce confrontation avec sa connaissance de ce qu’est sa fin ultime…

Néanmoins, ça prend un éveil de conscience, une bonne dose de vision et une grande soif de connaissance pour aborder cette question avec sang-froid et art…  On sent qu’Évelyne recherche de nouveaux archétypes et de nouveaux symboles pour définir sa vision… C’est donc ce dialogue personnel, cette recherche intense auxquels Évelyne de la Chenelière nous convie dans son spectacle La Vie utile .

Évelyne de la Chenelière et Louis Negin

Confronter sa propre disparition de cet univers et apprivoiser sa peur de la mort en l’examinant dans les yeux, face à face, est selon moi un grand pas de sagesse et de courage… Car on le sait, aussi tragique qu’on puisse le concevoir, tôt ou tard, on doit aborder l’idée de notre propre fin. Alors, pourquoi ne pas tenter de comprendre et ultimement apprivoiser cet inconnu vertigineux… C’est le mandat que s’est donné Évelyne de La Chenelière dans La vie utile.

  « Il paraît que les cheveux se souviennent »

Sous un regard scrutateur, elle passe d’abord en revue ses connaissances et tous les préceptes qu’on lui a enseignés. En fait, tout ce qu’on « lui a dit » sur la mort! Puis, elle poursuit sur ce qu’elle pressent et ses réflexions… Toujours dans un esprit de douceur et d’accessibilité, elle pose un regard à la fois rigoureux et poétique afin d’explorer comment aborder cette fin ultime…

Évelyne de la Chenelière et Christine Beaulieu

Parler de la mort, c’est aussi parler de la vie, de sa source et la puissance de cette vie qui foisonne autour de nous; la force vitale qu’on retrouve dans les plantes, les animaux et les êtres humains. On sent bien cette pensée analogique dans le travail de l’auteur, du metteur en scène et du scénographe. Dès la première scène, le personnage de la mère incarné par Christine Beaulieu se confond d’abord avec la toile de fond, puis le mouvement de son corps nous rappelle celui d’un animal qui la fait émerger du sol, se distinguer du décor pour prendre forme humaine…

«  Je suis offrande et tendreté. »

Pour écrire cette pièce, l’auteur s’est inspiré de son chantier de création qu’elle a fignolé au fil du temps depuis le début de sa résidence à l’Espace Go. Elle a écrit sur le mur de l’entrée ses pensées, ses réflexions diverses sur la vie. Superposant pendant trois saisons des couches de mots, des dessins, des lignes, des couleurs et des formes diverses qui selon elle, sont à l’image du monde tel qu’elle se le présente : trouble, frémissant, instable et palpitant.


Sophie Cadieux, Jules Roy Sicotte, Christine Beaulieu, Évelyne de la Chenelière et Louis Negin.


Christine Beaulieu interprète une mère au caractère mystérieux, mi-incarnée en Terre-Mère protectrice qui veut la croissance de ses petits, mi-esprit guide un peu désincarné, et ce, afin d’englober tous les aspects de la naissance, de la vie et de la mort…  La grande sensibilité de la mise en scène de Marie Brassard s’allie au rythme de l’action d’une façon étonnante.

« Je pardonne à mon père pour son amour pour les âmes! »

Le décor représente un jardin avec une serre attenante, tantôt une chambre ou un salon, tantôt un lieu de repos… Un lieu pour rêver, réfléchir et se détacher de la réalité…  Évelyne y discute avec la mort elle-même et tous les protagonistes importants de sa vie…  Celle qui représente son côté sombre guerrier et plus lubrique est incarnée par une Sophie Cadieux, libre et légère dans les dédales des mystères intérieurs du personnage principal. Louis Negin devient tantôt son père, tantôt dieu ou la mort. Jamais tragique! Ponctué de réflexion…comme un penseur il nous guide dans les réflexions de l’auteur…

Vous me direz, ça a l’air flyé? En effet, on est dans une ambiance onirique, à la fois personnelle et universelle dans ses enjeux…

À voir, en se laissant porter dans la légèreté malgré la profondeur de ces sages réflexions…

Jules Roy Sicotte, Évelyne de la Chenelière et Louis Negin.


Texte : Évelyne de la Chenelière
Mise en scène : Marie Brassard
Avec Christine Beaulieu, Sophie Cadieux, Évelyne de la Chenelière, Louis Negin, Jules Roy Sicotte.
Une coproduction ESPACE GO + Festival TransAmériques (FTA)

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