jeudi 1 novembre 2018

Des souris et des hommes chez Duceppe


Benoît McGinnis et Guillaume Cyr


Texte original d'Esther Hardy
Crédits photos: Duceppe



Benoît McGinnis et Guillaume Cyr se donnent la réplique sur la scène du Théâtre Jean Duceppe dans la pièce Des souris et des hommes, mise en scène par Vincent-Guillaume Otis et présentée jusqu’au 1er décembre. De plus, des supplémentaires les 24-25 et 29 novembre ont été annoncées avant la première représentation. On le comprend, car selon nous, cette production serait la meilleure version de ce drame auquel nous ayons assisté sur scène.



Guillaume Cyr incarne le naïf et légendaire personnage de Nellie avec une grande vulnérabilité. Touchant, dans une économie de moyen et une simplicité de bon aloi, il arrive à nous communiquer le conflit entre ses incapacités et sa force. Les combats intérieurs de cet enfant dans un corps de géant nous habitent et sa naïveté bien incarnée nous interpelle. On y croit! On est touché par son dénuement et ses maladresses.




 Benoît McGinnis et Guillaume Cyr 




Naturellement, son fidèle compagnon et protecteur George, assumé par Benoît McGinnis vient régler ses conflits et arranger les choses à sa façon pour cacher son incapacité à comprendre, dans un monde où il sera toujours malhabile, incapable d’assumer les conflits entre sa force et sa compréhension qui résultent invariablement en de nombreuses bavures. C’est très touchant de goûter à la complicité qui s’installent entre un homme de peu de moyens et un autre très habile qui joue son ange gardien. D’autant plus, lorsque il a une confiance aveugle en celui qui de complice et protecteur devient son bourreau… 



Vincent-Guillaume Otis
Crédits photo : Julie Perreault


Le comédien Vincent-Guillaume Otis qu’on a l’habitude de voir au petit écran (Rupture, Disctrict 31) ou sur les planches, a déjà quelques mises en scène à son actif! Après un stage avec Reynald Robinson en 2002 et auprès de Robert Lepage en 2005, il a fait quelques mises en scène à l’Université de Montréal, puis celle de la pièce Ceux que l’on porte pour le Théâtre Petit à Petit.


Sans vouloir mélanger le travail et la vie privée, il côtoie personnellement la déficience intellectuelle, puisque son frère en est touché. Son expérience a sûrement contribué au réalisme de ce drame, car nous pouvons dire que c’est la meilleure version de ce texte que nous ayons vu sur scène, justement à cause de sa vraisemblance qui lui donne toute sa crédibilité et qui nous touche en se révélant, se déposant en nous efficacement. Donc, on a ici une meilleure compréhension du cœur de ce drame par une expertise confirmée et une sensibilité aiguisée du metteur en scène.



Benoît McGinnis, Maxime Gaudette et Guillaume Cyr


Maxime Gaudette ( Le retour de Don Juan, L'ImpromptuPoésie, sandwichs et autre soir qui penchent...nous offre un Curley très assumé, viril, tel qu’on s’attend d’un homme de pouvoir, possessif et qui désire avoir un ascendant sur ses employés. Son épouse, Maé incarnée par Marie-Pier Labrecque (série O), qu’on a l’habitude de voir dans des rôles d’ingénue, est très crédible dans cette jeune femme pleine de désirs qui mariée ou non, cherche à se distraire jusqu'auprès des hommes.




Marie-Pier Labrecque et Guillaume Cyr



Des Souris et des hommes nous plonge dans la trame où se tisse les souffrances humaines.  Des souffrances générées par les conflits sociaux, comme la lutte des classes, le racisme, l’âgisme, le rêve hollywoodien, la précarité des conditions de travail et de vie, ainsi que l’illusion de se croire capable de changer ses conditions, en fait, tout y passe. Le texte est beaucoup plus riche et émouvant que ce dont nous nous souvenions.


La scène où Nellie fait sa plus grande maladresse est mise en scène avec doigté, simplicité et finesse. Nous rendant ainsi toute l’histoire acceptable… 


Luc Proulx, Maxim Gaudette, Benoit McGinnis, Guillaume Cyr, Gabriel Sabourin,
Mathieu Gosselin et Marie-Pier Labrecque  



Encore une fois, malgré mon expérience au théâtre, je suis toujours étonnée de voir que le public saisit si bien les conventions théâtrales… l’efficacité et la simplicité des moyens, comme l’éclairage qui divise les lieux, etc.

Un excellent spectacle à voir jusqu’au 1er décembre chez Duceppe!



Texte : John Steinbeck
Mise en scène : Vincent-Guillaume Otis
Traduction : Jean-Philippe Lehoux
Interprétation :
Benoit McGinnis, Guillaume Cyr, Nicolas Centeno, Maxim Gaudette, Mathieu Gosselin, Marie-Pier Labrecque, Martin-David Peters, Luc Proulx, Gabriel Sabourin




Aucun commentaire:

Publier un commentaire