dimanche 4 novembre 2018

Et si Astérix était Québécois...



Texte original d'Esther Hardy
Photos sur les lieux: Esther Hardy


C’est dans une ambiance festive que nous avons assisté au lancement du nouveau livre de Tristan Demers qui cette fois se penche sur un grand village gaulois : Astérix chez les Québécois. Une potion magique verte en main et de l’autre, le nouvel ouvrage de cet auteur prolifique, nous avons pu rencontrer quelques-uns de ses amis et eu la chance de discuter avec cet auteur original! Sympathique d’entendre son éditeur et complice chez Hurtubise, le taquiner avec humour dans la langue gauloise d’Assurancetourix, sur son cheminement de travail de rédaction et celui tout aussi important, de négociation, pour arriver à ce bel ouvrage.


En ouvrant le volume, je m’attendais à découvrir une histoire originale de nos mythiques personnages gaulois sur fond de décor d’érablière, Obélix se délectant de tire d’érable avec une spatule dégoulinant en main sur la première image, pimenté de clins d’œil entre les deux peuples. 




Tristan Demers





Mais c’était sans connaître le plaisir que prends Tristan Demers à plonger dans des quantités effarantes de références afin de bien approfondir un sujet, comme il l’a fait dans ses précédents ouvrages : Tintin et le Québec et Emmène-nous à la Ronde. Donc, quelle ne fut pas ma surprise en découvrant un livre trois fois plus volumineux qu’un exemplaire classique des aventures d’Astérix, avec de nombreux parallèles et des références extrêmement intéressantes entre les Québécois et nos héros gaulois, et ce, couvrant les dernières quatre à cinq décennies!


Ayant reçu l’autorisation et les encouragements des éditeurs français, ainsi que des auteurs héritiers : Jean-Pierre Ferri et Didier Conrad, Tristan Demers a pu plonger dans des recherches élaborées pour relever les similarités entre le peuple gaulois isolé dans une mer romaine et nous, les irréductibles Québécois francophones au milieu de la mer anglophone d’Amérique du Nord. Soulignant ainsi le miroir éloquent du peuple gaulois pour nous !!





Dans les amis présents, le sympathique Ghislain Taschereau





Pour mieux saisir son cheminement, voici l’entrevue prise sur le vif avec l’auteur Tristan Demers :


Esther:
Bonjour Tristan, bienvenu à Esther aux premières loges. Aujourd’hui, grand jour du lancement d’Astérix chez les Québécois. En ouvrant ce volume, je croyais retrouver une histoire et j’ai plutôt découvert un super documentaire.


Tristan:
C’est ça! En fait, c’est une histoire! Mais c’est notre histoire racontée à travers notre relation particulière avec Astérix. De par notre spécificité culturelle, nous sommes à quelque part des Gaulois en Amérique. Alors, depuis longtemps, soit près de 50 ans, même de 60 ans à la limite, depuis les tous débuts de la Révolution tranquille, nous récupérons cette idée d’analogie avec Astérix. Et j’avais envie de le raconter en images d’archives. Afin d’y arriver, il m’a fallu deux ans et demi de boulot pour trouver toutes les informations et entre autres, rencontrer quatre-vingts personnes.



Esther:
D’après ce que j’ai pu comprendre, vous avez aussi eu la collaboration de l’éditeur?

Tristan:
Ah bien oui! Il fallait travailler avec des ayants droits de l’œuvre d’Uderzo et de Goscinny qui s’assuraient de protéger leur marque et leurs personnages. Ils ont bien collaboré. Il y a eu des ajustements d’ordre cosmétique, mais sur le fond, ils ont embrassé l’idée de parler de société et à la limite, de parler un peu de politique avec Astérix! Ils ont embarqué et on a vraiment travaillé en collégialité avec eux. 


Tristan Demers



Esther:
Est-ce qu’ils nous connaissaient assez pour savoir qu’il y a vraiment une parenté?

Tristan :
Oui puisque Uderzo et Goscinny venaient souvent au Québec dans les années 60-70-80! En fait, pour ce qui est d’Uberzo, parce que Goscinny nous a quittés en ’77. Néanmoins, ils venaient souvent au Québec.  Et surtout à cette époque-là, on parlait beaucoup de notre différence. 
Ils m’ont écrit pour m’expliquer qu’ils avaient apprécié le livre et particulièrement parce qu’ils ont appris des choses. Par exemple, ils ont aimé quand j’ai mis la main sur une action qui a été faite ici il y a trente ou quarante ans, sans nécessairement les consulter et demander la permission à leur équipe à Paris. Je parle ici d'événements qui étaient restés dans les secrets québécois, dans les archives nationales.


Esther:
Des événements que seulement les Québécois connaissaient?

Tristan:
Voilà! Alors, eux aussi ont découvert des pans de notre histoire et des similitudes.



Esther:
OK donc, si je comprends bien, les Français aussi se sentent différents?

Tristan :
Les Français sont soixante-dix millions en France, ils n’ont pas le même rapport que nous avec eux-mêmes. Ils ne sont pas du tout en rapport sociétal avec ce qu’ils sont, versus leur langue etc. Donc, c’est deux visions complètement différentes. Mais à quelque part, ce n’était pas non plus l’intention des auteurs que de se dépeindre en tant que peuple! 
Nous, on y voit bien ce qui fait notre affaire en lien avec nos combats! Qui ne sont pas ceux des Allemands par exemple! Après la France, l’Allemagne est le pays où Astérix est le plus prisé selon ce que j’en sais. Et les Allemands n’ont pas les mêmes combats d’identités que nous. C’est autre chose, un autre pays, c’est une autre culture. Ils ont leurs propres raisons d’aimer Astérix et nous avons les nôtres.  



Ma potion magique et le livre de Tristan Demers





Esther :
Tout à fait! Merci beaucoup Francis Demers…

Tristan :
Tristan…

Esther :
Oups, désolée, trop de potion magique!!!



Cet ouvrage est définitivement une nourriture culturelle enrichissante et féconde de nombreuses réflexions sur notre identité…!  Il ne nous manque qu’un bon druide comme Panoramix pour concocter une potion magique afin de nous faire respecter et retrouver notre dignité! 


Bonne lecture! 

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