lundi 19 novembre 2018

Le Bilan de Marcel Dubé au TNM


Sylvie Léonard, Mathieu Quesnel, Rébecca Vachon et Rachel Graton


Texte original d'Esther Hardy
Crédits photos: Yves Renaud 



Dans une ambiance de studio de télévision, la pièce Bilan prend place sur la scène du Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 9 décembre dans une mise en scène de Benoît Vermeulen avec les talents de Christine Beaulieu, Joseph Bellerose, Philippe Cousineau, Mickaël Gouin, Rachel Graton, Guy Jodoin, Sylvie Léonard, Jonathan Morier, Jean-Philippe Perras, Mathieu Quesnel, Denis Trudel et Rébecca Vachon. D’abord diffusée à l’émission Le théâtre de Radio-Canada il y a cinquante ans, l’équipe du TNM a judicieusement choisie de présenter la pièce le jour anniversaire de cette création initiale!  
 


Marcel Dubé 


Donc, le TNM qui célèbre aussi l’auteur Marcel Dubé, présente à nouveau cette pièce d'anthologie sur notre Québec des années soixante. Auteur de théâtre et du petit écran, il s’est fait le miroir de notre société des années 60-70. Auteur précurseur de théâtre au Québec où le burlesque, le vaudeville, les revues et les mélodrames occupent nos scènes, Bilan est une pièce qui témoigne de son époque en mutation, choisie parmi sa trentaine de pièces et de ses centaines d’œuvres tout médium confondu.



Rébecca Vachon, Denis Trudel, Joseph Bellerose, Guy Jodoin, Jonathan Morier,
Sylvie Léonard et Philippe Cousineau 


Dans ce drame social, on se plonge au coeur des années soixante et des dessous de la politique de fin de règne duplessiste chez une famille québécoise aisée. Le chef du clan, William Larose, homme d’action de droite s’il en est, s'impose comme le centre de l’univers de son petit monde pour lequel il décide avec rigueur de tous les détails. Dans ce Québec bourgeois où il est devenu un entrepreneur prospère en se bâtissant une belle carrière à partir de rien, William Larose a de grandes ambitions politiques et il est prêt à délier son portefeuille pour arranger les choses afin de ramener sa couvée dans ses vues.



Se coupant volontairement des rêves et aspirations de son entourage, cet homme cherche à tirer les ficelles et à coordonner des stratégies pour parvenir à ses aspirations. Sans un sourcillement sur les répercussions que ses décisions produiront, il met en péril l’équilibre de sa famille et en subira les conséquences désastreuses.


Guy Jodoin


Fougueux et très incarné, Guy Jodoin campe le personnage volontaire de William avec talent, il déborde d’énergie et nous offre un jeu vraiment exceptionnel. Un personnage très typé que ce William Larose, il nous le présente avec une vélocité et une aisance surprenante! Dans cette intrigue politico sociale relatant l’apogée d’une époque, on le sent dominer tous les interprètes sur scène.



Les choix de la mise en scène font ressortir ce personnage comme un despote entouré d’une famille qui a grandement souffert. Seul le plus vieux des fils, incarné par Mickaël Gouin, réussit à préserver sa liberté et trouve sa vengeance en choisissant de vivre sa vie à sa façon aussi délinquante puisse-t-elle être. L’épouse de William, bien interprétée par Sylvie Léonard, n’aura rien obtenu du fruit de ses désirs que l'espoir de conquérir l’homme qu’elle aime et avec lequel elle espère enfin une vie heureuse. 

 

Christine Beaulieu, Sylvie Léonard et Philippe Cousineau


Incarner par Philippe Cousineau, cet amoureux secret qui est aussi le bras droit de William, refuse de succomber aux charmes de l'épouse, par loyauté envers son patron et complice. Elle restera donc sur sa soif d’un bonheur légitime auprès d’un homme. Elle aurait pu le trouver auprès de son époux, mais celui-ci la considère uniquement lorsqu’il peut l’utiliser comme faire-valoir selon ses humeurs et au gré de ses ambitions.


Guy Jodoin et Sylvie Léonard



De plus, comme la scène principale se situe dans une soirée dansante, les jeunes personnages de Jean-Philippe Perras, Mickaël Gouin, Rachel Graton, et tout particulièrement Christine Beaulieu sont constamment sur scène et passent un long moment à danser durant les dialogues. Devoir se trémousser durant de longues scènes ne semble pas les fatiguer plus qu’ils ne le seraient dans une soirée de ce genre, ce qui confirme la justesse de la mise en scène et de l’interprétation. 



Jean-Philippe Perras, Mickaël Gouin, Christine Beaulieu et Rébecca Vachon


Malgré les revers de la domination paternelle, on sent la fougue de la jeunesse et à travers elle, on perçoit l’espoir des années soixante poindre par la juste interprétation des comédiens qui incarnent cette verdeur, cette quête de découverte d’une société plus ouverte et plus libre.




Christine Beaulieu, Jean-Philippe Perras, Rachel Graton et Rébecca Vachon




Les magnifiques costumes des années ’60 nous surprennent par leur élégance et leur design impeccable qui siéent chacun des personnages. Soulignons la beauté des coupes et la fidèle recréation de l’époque avec tout ce qu’on espère de "glamour" et de séduisant pour la jeunesse comme pour les personnages d’âge mûr. Les robes féminines et chics côtoient les habits masculins bien coupés dans cette ambiance festive de bourgeois bien nantis qui cherchent à briller!



Debout: Mathieu Quesnel,  Denis Trudel, Rébecca Vachon, Philippe Cousineau, Joseph Bellerose,  Jean-Philippe Perras et Christine Beaulieu
Assis: Rachel Graton,  Jonathan Morier, Sylvie Léonard, Guy Jodoin et Mickaël Gouin 



Une bonne pièce de théâtre, bien interprétée, avec une recréation fidèle et enlevante de l’époque.


Texte MARCEL DUBÉ
Mise en scène BENOÎT VERMEULEN

Du 13 novembre au 9 décembre 2018

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